Je m’essuyais vaguement les mains sur mes vêtements, regardant cette comédie dramatique défiler sous mes yeux. Je me pris à rire. J’observais la nouvelle venue. Une belle jeune fille avec des airs gracieux. Sa taille fine me donnait envie. Son visage était presque parfait. La couleur de ses yeux me gênait.
J’arrêtai d’être distrait par la beauté plantureuse pour aller vers Astaroth. Je mis un genou à terre face à lui, plaidant allégeance à mon supérieur.

« Bonjour Seigneur Astaroth. »

Être fidel à son camp et faire le fayot aideraient toujours pour avoir certains avantages. Soudain j’entendis l’un des élus de Layca vociférer contre mon maître. Je ne dis rien… N’en pensant pas moins de la moitié. Je le vis ce tourner vers la jeune poupée. Et lui tenir un discours peu élogieux sur sa personne. Cette jeune (j’ai encore un doute vu la couleur de ses cheveux) ne me paraissait pas très nette. Avec ses airs de petite princesse et son langage… Elle m’agace fort bien… Malgré son physique très appréciable.
Qu’importe, nous sommes dans le même camp, il va falloir s’y faire (et me la faire …).
Je me dis qu’il est temps de faire bouger un peu plus les choses.

« Mesdames, messieurs, je propose de mettre nos petites engueulades entre parenthèse et de commencer à bouger nos petites fesses soyeuses » je mis un temps. Je jetais un regard en direction de Kamui. « En direction de la mission donnée par des moutons shootés au LSD ?»

Je soupirais, je sentais que cette mission n’allait pas être de tout repos. Des personnalités aussi opposées n’allaient pas faire long feu. Je me donnais l’ordre mental de prendre les bouteilles d’Astaroth pour avoir au moins un chef digne de ce nom pendant la mission…

La jeune fille n’avait pas dit un traître mot et n’avait pas bougé le moindre sourcil alors que je la menaçai froidement, ce que j’interprétai comme une probable frayeur, à tort. En effet, la jeune fille se dépoussiéra d’un geste hautain la partie par laquelle je la tenais il y a à peine quelques instants et elle sortit enfin ses crocs vénéneux. Au programme ? Oh, de simples critiques à propos de mon apparence et de mon attitude, d’une banalité affligeante. Mais je devais avouer que la petite princesse avait un certain cachet et cela avait un côté assez excitant. Il valait toujours mieux avoir des opposants, aussi minables soient-ils, qui savaient se défendre plutôt que d’avoir des ramollis du genou qui se faisaient dessus à la moindre petite parole méchante. Très amusé, je laissai s’échapper un rire sonore et moqueur.

AH AH AH AH AH ! Tu mérites une récompense, tu m’auras bien amusé avec ta tirade ! Tant d’arrogance mériterait que nous réglions cette histoire autrement que par des paroles. Toutefois il semblerait qu’aucun de nous ici n’ait la possibilité de régler ses comptes, ainsi, bien que cela m’ennuie au plus haut point, je vais désormais me préoccuper de la mission qu’il nous a été confié et je tâcherai d’ignorer que nous comptons des cloportes ennemis parmi nos rangs.

Je croisai les bras, et me mit à réfléchir à un moyen de retrouver rapidement ces maudits moutons kidnappés. Comme je le craignais, Kamui ne nous donna aucune information utile à ce sujet. Nous allions devoir tirer les vers du nez de ce maudit vieux mouton moustachu et sénile. L’idée ne me plaisait pas, et je n’avais aucunement l’intention de perdre mon temps à communiquer avec un animal touffu. Leeroy prit alors la parole et appela le groupe à s’unir pour le bien de la mission. C’est bien, malgré son air de troll violent, il avait envisagé l’option la plus intelligente. Toutefois… Le mot coopération ne faisait pas partie de mon vocabulaire. Ainsi…

Bien ! La récréation est terminée les enfants ! Je vous laisse aller à vos petites occupations mignonnes et sans doutes plus amusantes les unes que les autres, pour ma part, je m’en vais chercher ces bestioles stupides sans perdre une minute de plus. Car comme vous l’aurez sans doute deviné, il ne semble y avoir aucune trace de l’une d’entre elles gambader par ici. A la revoyure !

Et sur ces mots je me retournai et je pris la direction de la plage, par pure intuition. Or mon intuition était généralement infaillible. Et puis, au final, étant seul, peu m'importait que je trouve ou non ces maudites créatures, l'important c'est que j'avais trouvé un moyen de me débarrasser de tous ces clowns et d'être ENFIN tranquille ! Hallelujah !

J'observais tranquillement la scène un peu à l'écart. M'sieur Astaroth était arrivé et malgré ses airs mauvais je savais qu'il ne laisserait pas ses jouets toucher au Maître, je n'étais donc plus trop inquiet. Même si j'avais toujours cet imbécile de Leeroy dans le collimateur. L'humain commençait à monter dans mon estime et cette nouvelle venue aux cheveux blanc... lui avait manqué de respect ce que je n'appréciais guère étant le seul a avoir le droit de le faire ch*er. Je la classifiais donc dans c*n*sse à forte poitrine. Et je la surveillais d'un oeil mauvais.

Je fis quand même l'effort d'aller saluer Astaroth après tout, je le trouvais un tantinet rigolo, avec ses grands airs et il faut avouer qu'il était plutôt pas mal. Et malgré mon apparence de Renard je restais un homme aimant les hommes... Bref, j'avançais donc vers Astaroth en remuant la queue de gauche à droite comme un bon petit Renard bien dressé par son Maître et je le salua en inclinant légèrement le museau, pas besoin de parler Astaroth comprendrait.

Je retournais dans mon coin, m'allongeant et attendant la suite des évènements. Tout le monde semblait attendre du Maître la suite des opérations et moi aussi. Comme rien ne bougeait l'Humain décida de partir seul... Et bizarrement ça m'ennuyait profondément. Je n'avais pas confiance en tout ces nouveaux venus en particulier Leeroy et la Gamine aux cheveux blancs. J'allais donc vers mon Maître lui lécher la main pour lui faire comprendre d'un signe de tête que je courais après Alvaro pour le convaincre de rester... Nous ne serions jamais trop de deux si jamais les choses tournaient mal.

Je le rattrapais sans trop de mal, il était partit en marchant et je courais plutôt vite. Quand j'arrivais à sa hauteur, il stoppa net et me regarda avec un regard qu'il n'avait jamais eu envers moi... Je rêve où il m'apprécie ?! Je lui fit mon plus beau sourir... Oui bon, je suis sous forme animal donc ça devait plus ressembler à un Renard qui montre ses petits crocs mais bon, je pense qu'il saisi l'idée..

Hé, L'humain, revient, me laisse pas tout seul avec ces abrutis ! Le Maître et moi, mine de rien, on a un peu besoin de toi.. Surtout moi ! Qui c'est que je vais embêter si t'es pas là hein?! Allez reviens..

Je le regardais au fond des yeux, attendant de voir si oui ou non il allait me suivre..

Je soupirai profondément, cette mission qui semblait de prime abord être une quête facile et peu contraignante devenait petit à petit un vrai enfer.
Tandis que Leeroy vouait allégeance d'une façon peut convaincante à Astaroth, je me demandais s'ils n'étaient pas tous cinglés, les toutous d'Oppse. D'un côté, quand on se frotte à ce crétin de décérébré, je voyais mal comment on pouvait garder toute sa tête. Je jetais un long regard à Astaroth, qui racontait encore je ne sais quelle ineptie. Rien que de le regarder me dégoûtait. Sérieusement, que pouvaient-ils tous lui trouver, ses toutous ?
Je n'eus pas réellement le temps de penser plus longtemps à cette question, que Leeroy proposait d'une façon on ne peut plus originale de "bouger nos fesses soyeuses" et d'aller chercher les gnufs "shootés au LSD"... Oui, original. Mais alors qu'un silence aurait dû s'installer, précédant l'habituel et interminable débat du "on fait quoi ? on va où ? qui décidé ? qui mène", ce fut la voix d'Alvaro qui s'éleva. N'en avait-il pas eu assez avec sa petite altercation avec la poupée de chiffon ? Apparemment pas, puisqu'il reprenait de nouveau la parole pour se moquer ouvertement de nous... Mais, petit, tu sais que toi aussi tu es ridicule à réagir ainsi ? Enfin, n'en disons rien... Mais alors qu'il finissait sa petite auto proclamation de "je-me-débrouillerai-tout-seul-vous-êtes-tous-cinglés-à-ciao-bonsoir", je réalisais qu'en effet, il mettait ses propos à l'action.
Je haussais un sourcil dubitatif, parlant pour moi-même.

Il est vraiment incroyable celui-là, il ne sait donc jamais arrêter de faire parler de lui..? Et puis, sait-il seulement où il se dirige ? Nan mais sérieusement, pour qui il se...

Je fus interrompu dans mon marmonnage par une langue humide qui lapait ma main. Baissant mon regard vers l'animal à fourrure rousse, dans le regard duquel je compris un "je reviens, je vais chercher l'autre humain stupide", puis, Stiigma' s'élança en courant vers la silhouette d'Alvaro, déjà assez loin. C'est qu'il avait de grandes jambes le bougre. Stiigma' le rattraperai probablement rapidement, de toutes façons, il était fichtrement rapide lui aussi quand il s'y mettait.
Mais c'est alors que les deux silhouettes de mes comparses se faisaient lointaines que je réalisais le regard des trois autres. Haaaa, mais oui, forcément, il fallait que ces deux là m'abandonnent avec les chiens d'Oppse. Je me retournais vers eux, lançant un regard hésitant sur chacune de leurs personnes. Non, sérieusement, je fais quoi là ? Entre la poupée, le molosse qui semblait fortement intéressé par ma personne et mon sang et... Astaroth... Je fermais les yeux un instant, la simple idée de n'avoir aucun don pour les faire reculer si quoique ce soit arrivait me crispa légèrement. Je poussais un faible soupire, et prononçait à peine.

Revenez les gars, j'me sens pas à l'aise avec ces trois là...

Lançant un nouveau regard aux trois morbides, je reculais d'un pas, au cas ou. Je prononçais alors avec un sourire timide aux lèvres.

On attend qu'ils reviennent et on va chasser le gnuf ?

Je lançais un regard circulaire sur Luz, Leeroy et Astaroth. J'estimais rapidement mes chances de survie à cette mission... Elles étaient aussi infimes que de voir Belzeneff en tutu qui dansait la polka... Et m*rde..

'Il pète souvent des câbles tout seul ?' Telle est la question que je me suis posée au moment où je le vis se tourner pour prendre son chemin vers je ne sais où... Je haussais les épaules. Qu'est-ce que j'en ai à foutre de toute manière. Le sale clebs avait l'air d'essayer de communiquer avec le jeune blond. Il parti en direction du ninja-morveux. Qu'importe. Cela dit, nous n'étions plus que 4. Argh, le panda roux aurait été pratique pour renifler des pistes... On va devoir faire sans.
Je me tournais vers le dernier des Layca restants... Le pauvre. Seul avec des ennemis avec qui il est obligé de faire équipe... Ça devrait presque faire peur. Si je m'amusais encore un peu...
Je m'approchais à pas lent. Décontracté. Il avait déjà peu apprécié mes dernières avances, je ne pense pas que les prochaines allaient lui faire encore plus plaisir. Je ris intérieurement. Je m'arrêtais devant lui, deux doigts se glissèrent sur sa joue. Suivant la courbe que pouvait prendre une larme sur sa peau blanche. Je la laissais glisser vers le cou et la posait à pleine paume sur la clavicule, caressant du pouce la peau de sa gorge. Il ne réagissait pas. Son regard océan me fixa. Implacable. Il essaye de me faire croire que je ne lui faisait rien ? Je fronçais les sourcils. Il y avait du sang séché sur son cou. Il sentait le sang tout simplement. Je glissais ma main vers son menton. Le relevant. De ce fait, nos regards ne se décrochaient plus. Mon regard vert forêt vers celui profond de l'océan. Il se croyait plus fort que moi. Il croyait qu'il allait me résister. Il se trompe. Je suis plus fort. Autant mentalement que physiquement. Je souris derrière mon masque. Il cachait certes mes émotions, mais il devait les lire certainement dans mes yeux. Je me penchais. Pour être en face de son visage. Je ne pouvais pas sentir son souffle. Juste toucher sa peau du bout de mes mitaines.

« Tu me fais penser à un petit animal » commençais-je « hargneux, mignon, mais impuissant quand il ce retrouve contre des prédateurs plus fort que lui. Un animal normal se serait roulé en boule. Pourquoi tu ne le fais pas ? »

- Allons Leeroy, pas besoin de tant de cérémonies ! Après tout le bon temps qu'on a passé ensemble, hum ? Lança Astaroth en donnant une tape virile dans le dos de son Élu. Puis Sasuke, fidèle à son caractère de ninja hautain trop ténébreux lolilou prit l'excellente décision de partir tout seul. Tant mieux. Si on pouvait se passer des jérémiades du gamin c'était parfait. Puis le Dragon sentit quelque chose de pelucheux s'avancer vers lui en battant la queue. Ooooh le renard domestiqué de Kamui. Comme il était meugnon avec ses petits yeux. Pour peu, il aurait bien eu envie de le prendre dans ses bras et de lui faire un gros câlin d'amûr avant de l'empailler comme toutes les choses mignonnes qu'il croisait. C'était plus fort que lui, dès qu'il voyait un truc qu'il trouvait mignon il avait envie de shooter dedans juste par curiosité, pour voir si la chose allait se briser sous ses coups dans une explosion de paillettes trop kawaï. Bref, s'il n'avait pas craint un coup fourré du renard, il se serait sans doute baissé pour passer une main entre les deux oreilles de l'animal. C'est adorable les renards ! Leur fourrure doit être toute douce et puis... Un renard ça doit manger des chats ! Mwahaha ! Mais très vite l'adorable boule de poils se jeta à la poursuite de l'autre décérébré de ninja laissant Kamui... Tout seul.
Étaient-ils bêtes à ce point chez Layca ? Laisser leur précieux petit Élu primordial seul entre les griffes d'Astaroth et de deux de ses Élus. L'occasion était trop belle et le Dragon ne put s'empêcher de se tourner vers le blondinet avec son plus beau sourire de psychopathe avant de craquer ses doigts, le fixant d'un air voulant dire : « Hinhin, toi tu vas morfler ! ». Il n'avait pas l'intention de réellement lui faire du mal, mais juste le voir pisser dans son froc était tout bonnement jouissif. Ceci dit, Leeroy commença à s'approcher de son joujou favori, un peu trop d'ailleurs au goût de l'Élu primordial. Le voilà qu'il lui saisissait le menton et lui susurrait quelque chose.
Hep, hep toi là. Touche pas trop à MON Kamui, heiiin ! D'un bond, Astaroth les rejoignit et interrompit leur petit tête-à-tête en attrapant Leeroy par le col et en le tirant vers lui avec un grand sourire :

- Hohoho, petit coquin de Leeroy. Arrête donc de faire ton petit numéro de charme à Kamui chéri, tu me rends presque jalouuuux ! Et malgré le ton clairement décontracté qu'il avait pris, le regard qu'il lançait à son interlocuteur lui indiquait clairement qu'il s'agissait d'un ordre. Ne touche pas trop ce qui m'appartient ou je t'étripe sur place même si je t'aime bien.
Il lâcha alors son Élu et haussa les épaules avant de croiser les bras et de continuer sur un toute autre sujet, l'air bien plus sérieux :

- Si je me souviens bien cet endroit est divisé en quatre grandes parties : la mer, la montagne, le désert et la forêt. Nous sommes 6, faisons donc des groupes de 2 et partons chacun de notre côté pour plus d'efficacité. Je propose même un jeu : Le groupe qui aura trouvé le plus de gnufs aura le droit à hum... Violer Kamui ? Aaaah non ! J'avais oublié que de toutes façons y'avait pas besoin de gagner une compétition pour le faire, huhu. Enfin bref, je prends la forêt, qui veut venir avec Tonton Astaroth ?

Et il ne fallut définitivement pas longtemps avant que mes craintes ne deviennent réalité. J'apercevais le regard d'Astaroth se river sur moi, son regard de vache folle endiablée me toisant. Entendant le bruit rutilant des articulations de sa main en train de craquer avec vigueur, je me disais que de toutes façons, j'avais sûrement déjà fait mon temps dans ce monde, et que je me battrai bec et ongles pour me défendre. Mais alors que j'attendais une offensive de la part de la baraque reptilienne, ce fut finalement Leeroy qui vint à l'assaut. Maintenant qu'il était déjà passé une fois à l'attaque, je pensais savoir à quoi m'attendre de ce molosse masqué. Il s'arrêta devant moi, caressant ma joue du bout de ses doigts. Sa main continua son parcours sur ma gorge, et finit par se poser sur ma clavicule. Je sentais son pouce faire des allers et venus sur la peau de ma gorge. Il ne semblait pas vouloir aller plus loin, ce qui au fond, me rassura et réaffirma la confiance que j'avais en moi. Je relevais la tête vers le masque, et plantais mes yeux dans les siens. S'il croyait pouvoir me faire réagir comme une fillette avec ses approches, c'était raté. Astaroth avait déjà mis le paquet sur tout ce qui était du "je te harcèle ho mon petit Kakamui chéwi, comme je t'aime et comme j'ai te caresser à t'en faire tomber par terre". Dans ma tête une petite voix s'éleva "Astaroth, tu me le paiera."
Je me remis une seconde les idées en place, revenant à la situation actuelle. Je pus lire dans le regard d'un vert perçant de Leeroy qu'il était sûr de lui. Persuadé qu'il pourrait me faire ployer par ses agissements, mais je ne comptais pas me laisser faire plus longtemps. J'étais l'élu primordial de Layca, et je me devais de savoir montrer que je pouvais tenir tête à des sous fifres. C'est alors que je lus de la satisfaction dans le regard de l'homme. Il amorça un mouvement en ma direction, se pendant au dessus de mon visage, sa main soulevant mon menton. Mon regard azur était planté dans le jade de ses yeux. Croyait-il vraiment me faire peur en me fixant ainsi ? Il effleura ma peau du bout de ses doigts avant de me murmurer.

« Tu me fais penser à un petit animal, hargneux, mignon, mais impuissant quand il se retrouve contre des prédateurs plus forts que lui. Un animal normal se serait roulé en boule. Pourquoi tu ne le fais pas ? »

Je souris à sa remarque. Il se demandait pourquoi ? J'humidifiais mes lèvres en y passant le bout de ma langue avant de dire, d'un ton calme et assuré, voire arrogant.

Parce que tout animal, bien qu'il ait un instinct de survie sait que montrer de la peur face à l'ennemi, c'est signer son arrêt de mort. Je sais simplement être plus obstiné que toi, pour ne pas dire têtu.

Ce petit échange semblait pouvoir devenir amusant, lorsque la prise de Leeroy se relâcha soudainement, et que je perdis tout contact visuel avec cette verdoyante forêt. Je tournais la tête pour comprendre le pourquoi du comment, et mes yeux se posèrent sur... Astaroth... Évidemment, qui d'autre ? Je tiquais des sourcils en entendant "Arrête donc de faire ton petit numéro de charme à Kamui chéri, tu me rends presque jalouuuux !"... Qu'est-ce que j'avais dit. Kamui chéri, sérieusement, je me payais la plus belle tare du monde en connaissant ce débile d'Astaroth. Mais ce qui semblait par les paroles être un simple commentaire, me sembla toutefois très agressif et sec dans la bouche du reptile. Claquant comme un ordre irrévocable. Astaroth était toujours aussi possessif... Et ce n'était définitivement pas une bonne nouvelle pour ma peau.
Mais plutôt que de me causer encore des misères, il proposa un plan pour se répartir les tâches quant à cette quête. Et quand j'entendis sa demande pour qui voulait l'accompagner, je lâchais sans même y réfléchir, d'une voix nette et haute.

Je refuse cordialement de partir où que ce soit avec toi Astaroth. Plutôt me faire manger par un crapaud de Papouasie pestiféré.

Je m’étais déjà bien éloigné du groupe, poussant alors un léger soupir de satisfaction lorsque soudain je sentis une légère présence qui me suivait. Je la reconnaissais à nouveau. C’était Stiigma’ qui me rattrapa. Je m’arrêtai alors pour savoir ce qu’il me voulait, le visage quelques peu refrogné pensant avoir été clair quelques instants plus tôt lorsque je remarquai qu’il me fit une grimace étrange… Qui semblait être plus positive qu’effrayante dans l’absolu mais qui n’était pas tout à fait convaincante. J’imagine que c’était sa façon animale de sourire… Il me demanda alors de revenir car soi-disant Kamui et lui avaient besoin de moi. Ha ! Sur le coup j’avais comme l’impression que le renard avait juste peur pour sa peau et celle de son petit maître et que ce n’était pas par ‘’affection'' à mon égard qu’il me suppliait d’un regard pitoyable de revenir mais juste pour sauver leurs fesses. Alala… Obligé de tomber si bas… C’était bien risible. Mais le renard n'en démordait pas et me regardait avec insistance. J’imaginais alors qu’il n’allait jamais me lâcher si je n’acceptais pas sa requête, vu les yeux qu’il me faisait. A coup sûr si je disais le fond de ma pensée, à savoir une négation violente, il allait se jeter à nouveau sur mon derrière et démontrer à quel point cet animal qui me fait des yeux doux n’est qu’un animal enragé. Je poussai un long soupir et…

Très bien. Je te suis. Mais à une seule condition, une fois que tout ceci sera fini, tu me ficheras la paix jusqu’à la fin de mes jours. Et je ne te laisse pas le choix.

Et sur ces mots je rebroussai chemin en direction du groupe, j’allais probablement perdre toute crédibilité aux yeux des participants de la quête, mais je m’en fichais bien de leurs opinions malpropres. Je m’arrêtai à nouveau près de tous les autres, et remarquai que les petits pions d’Oppse s’amusaient à nouveau à briser la glace avec Kamui. Décidément, quel succès ! Je ne comprenais absolument pas ce qu’ils pouvaient bien lui trouver. D’accord il est jeune et loin d’être laid comme un pou mais de là à ce que tout ce qui bouge lui saute dessus, cela me dépassait. Mais je n’avais jamais cherché à comprendre les mystères de l’amour du sexe et des jolies fleurs, ainsi au final tout ceci ne m’importait guère. Qu’ils le transforment en brochette humaine si ça leur chante, du moment que moi on me laissait tranquille…
Astaroth proposa alors de se séparer en petit groupes pour visiter chacun des 4 lieux importants qu’il décrivit. Il rajouta même un brin de compétition en nous mettant au défi d’en rapporter le plus afin de gagner un prix plus qu’inutile…

Je ne vois pas en quoi former des groupes nous rendra plus efficaces, mais puisque ça a l’air de t’exciter au plus haut point, nous n’allons pas te priver de ta petite séance de sport pour montrer que t’en as dans le pantalon n’est-ce pas ? Quant à ton prix… Loin de moi l’idée de dénigrer Kamui mais le violer ne rentre pas dans mes projets à court terme, ainsi si tu cherches à nous motiver, trouve autre chose le lézard. Quant à mon coéquipier, peu m’importe, vous ne serez tous que des poids pour moi, alors il m'est bien égal de savoir qui aura l’immense honneur de m’accompagner. Mais puisque nous avons ici deux élus primordiaux, pourquoi ne pas laisser les patrons décider, eux qui aiment tant montrer leur supériorité ? Allez, allez, plus vite que ça !

Et c’est sur un léger rictus moqueur que je croisai les bras, attendant la décision des élus primordiaux, et me demandant bien qui j’allais devoir supporter.

Luz était restée très silencieuse jusqu'a maintenant, préférant observer les autres piallier entre eux. Elle avait allumé une cigarette pour s'occuper et esquissait de temps à autre un leger sourire imperceptible. Décidement, les troupes de Layca avaient le chic pour parler beaucoup trop et s'agiter dans tout les sens. On aurait dit une fourmilliére.
Tentant encore une nouvelle fois d'impressioner son monde, le ninja tout droit sortit de la gay-pride s'éloignait, avec ses faux-airs habituels de "je suis un loup solitaire, je n'aime personne et je vais me débrouiller tout seul parce que je suis un rebel, yeah." Comme si ce n'était pas dèjà assez pathetique, il fut ramené quelques minutes aprés par Lassi, chien fidéle. Sérieusement, cela ressemblait plus à du baby-sitting ou les enfants s'éparpillaient dans tous les sens, et ou la pauvre baby-sitteuse désemparée essayait sans succés d'imposer son autorité. Et en parlant d'elle, voilà que ce cher Kamui se retrouvait seul, au milieu des troupes d'Oppse, ce qui collait à merveille avec le karma visiblement pourri qu'il semblait avoir. En moins de trois secondes, Leeroy et le maître tentaient déjà de se l'accaparer, comme c'était à prévoir. Il fallait admettre que c'était tentant, cette pauvre petite chose laissée à l'abandon. Il y a des gens comme ça, qui ont l'air d'être faits pour être victimisés...

Lorsque Leeroy s'approcha de l'élu primordial de Layca, la jeune fille haussa un sourcil. Le maître n'allait certainement pas apprecier qu'on lui pique un de ses joujous favoris, connaissant sa possessivité. Celui-ci ne se fit d'ailleurs pas attendre, puisqu'il se précipita pour éloigner son élu de Kamui. Bien sur, tout ça en souriant avec bonne humeur. Mais Luz ne s'y trompait pas. Il était bien plus sérieux et agacé qu'il le laissait paraître.Une certaine tension était palpable malgrés son ton enjoué.

- Voyons, Leeroy, n'oubli pas que le maître n'est pas très partageur, s'amusa Luz.

La dimension possessive et capricieuse d'Astharoth l'avait toujours fait rire, cela lui donnait des airs faussement enfantins, auxquels il ne fallait pas se fier. Le contraste entre ses propos et son ton, et son regard ainsi que son charisme était assez interessant. Les deux n'allaient pas du tout ensemble. C'était très intriguant.

L'élue s'avanca vers Kamui, sans trop s'approcher pour ne pas irriter une nouvelle fois le maître.

- Décidément, tu n'as pas de chance, à attirer l'attention de tout les types louches et sadiques aux intentions plus que douteuses qui passent. Tout les pores de ta peau crient "laissez moi tranquille, par pitié." Mais tu devrais te laisser faire. te débattre, c'est ce qui va les exiter encore plus, tu sais.

Elle écrasa sa cigarette au sol d'un geste nonchalant et croisa à nouveau les bras. Voilà le ninja et la peluche de Kamui qui revenaient. Luz réussie à se retenir d'ironiser là-dessus, voulant eviter une autre tirade ennuyante et pseudo-charismatique qui leur feraient encore perdre du temps. Astharoth proposa alors de diviser le groupe en équipe de deux.


- Je ne vois pas en quoi former des groupes nous rendra plus efficaces, mais puisque ça a l’air de t’exciter au plus haut point, nous n’allons pas te priver de ta petite séance de sport pour montrer que t’en as dans le pantalon n’est-ce pas ? Quant à ton prix… Loin de moi l’idée de dénigrer Kamui mais le violer ne rentre pas dans mes projets à court terme, ainsi si tu cherches à nous motiver, trouve autre chose le lézard. Quant à mon coéquipier, peu m’importe, vous ne serez tous que des poids pour moi, alors il m'est bien égal de savoir qui aura l’immense honneur de m’accompagner. Mais puisque nous avons ici deux élus primordiaux, pourquoi ne pas laisser les patrons décider, eux qui aiment tant montrer leur supériorité ? Allez, allez, plus vite que ça !

Et moi qui avait décidé de ne pas me moquer de lui à nouveau... Si il tend le baton pour se faire battre, aussi... soupira intérieurement Luz.

- En quoi cela nous rendra plus efficaces ? Pour ta culture personnelle, sache que lorsqu'on cherche plusieurs choses, se séparer permet de toutes les trouver plus rapidement. Je conçois qu'on ne soit pas doué en logique, mais là il s'agit d'un principe de base lorsque le cerveau fonctionne correctement. Vu tes capacités intéllectuelles, je ne pense pas qu'un coéquipier soit un poids pour toi. Tu serais capable de te perdre en tournant sur toi même sinon.

Puis, elle se tourna vers les deux élus primordiaux.

- Je suis d'accord avec lui sur un point. Il serait plus pratique que vous fassiez les équipes. Parce que qu'a ce rytme là et en prenant en compte les différents de chacun, on en aurait pour des heures. Avec trois personnes dans chaque camp, il y aura forcément une équipe comprenant deux personnes de camps différents, impossible d'échapper à ça. Reste à savoir lesquels auront ce... privilége.

Cela allait donc forcément être divertissant...

- Bien le peuple a parlé. Grommela Astaroth qui commençait aussi à être lassé par les incessantes querelles du groupe.
Il savait pertinemment que Kamui ne bougerait pas ses jolies petites fesses blanches pour former les couples : prendre des décisions ou agir tout simplement ne semblait pas faire partie des capacités intellectuelles de l'Élu primordial de Layca. Et puis, il était hors de questions de perdre encore du temps dans des négociations stériles. Aussi, il prit l'initiative de former les groupes de façon totalement arbitraire. Après tout, c'était ce qu'ils venaient de lui demander. Tant pis pour leur gueule si ça leur plaisait pas après.

- Bien, dans un souci d'égalité nous allons tous nous mettre avec un membre de l'autre camp. Non ne râlez pas, parce que j'essaye d'être juste pour une fois. On se retrouve ici dans mettons... 3h et on fera les comptes. L'équipe qui aura retrouvé le plus de gnufs aura le droit de donner un gage de son choix à celle qui en aura le moins. Uais, pis ça serait amusant de devoir former équipe avec un ennemi. De son côté, Astaroth s'en foutait comme de sa première chaussette, après tout, il était ze best et n'avait rien à craindre de son futur coéquipier. Si ce dernier ne voulait pas lui obéir, il lui foutrait une claque et on reparlerait pas. Ou plus drôle, il creuserait un trou, le jetterait dedans et renfermerait le trou. Oui ça n'avait aucun sens mais il avait toujours rêvé de faire ça.
Bon c'était pas tout ça, mais il fallait faire les duos. Il le fit au pif, ou presque.

- Leeroy tu iras avec Sasuké, fin le petit braillard qui veut pas la fermer. Vous irez à la montagne. Hésite pas à le balancer dans une crevasse. Imposer à Leeroy de devoir supporter le ninja sans cervelle... Comme c'est sadique. Il aimait ça. Après tout cela devait bien tomber sur quelqu'un. Et ça apprendrait à son Élu à ne plus essayer de jouer avec SA chose.
- Vu que pour une raison que je ne comprends pas Kakamui pisse dans son froc quand il est seul avec moi et que j'ai pas envie de passer mon temps à changer ses couches, il ira avec Luz. Vous prendrez la plage. Si vous croisez Belzeneff dites-lui que je l'emmerde bien profondément.
Ce qui me laisse avec boule de poils pour la forêt. S'approchant de la boule de poils en question, il la saisit en un éclair et la passa dans ses bras assez fort pour qu'elle ne puisse se débattre. Alors heureuse la peluche ? Toi et moi on va gambader dans les bois ! Si c'est pas folichon tout ça !
Et c'est donc avec un renard dans les mains, qu'Astaroth disparut en sautillant gaiement comme un petit gnuf en direction de la forêt.

Je glissais une main crispée sur mon visage, un profond soupir s'échappant de mes lèvres. Très sérieusement, tous autant qu'ils étaient, ils allaient me rendre dingue. Entre Leeroy qui ne cachait pas une seule seconde des envies peu saines à mon égard, et Astaroth qui... Astaroth quoi...
Je relevais les yeux et me laissais distraire par les volutes blanches qui émanaient de la cigarette que venait d'allumer la petite poupée de porcelaine. Cette demoiselle, sous ses airs de petite poupée de cire sans imperfections commençait petit à petit à dévoiler un charisme assez surprenant. Ils étaient vraiment tous fous chez Oppse...
Celle-ci s'approcha de moi, conservant toutefois une distance respectable entre nous deux. Pourquoi ? Peut-être parce qu'elle n'en avait pas après moi, outre mesure. Ou pour faire plaisir à son cher Astaroth qui ne semblait pas apprécier la présence trop prolongée ou... intime... de l'un de ses sbires. Astaroth, franchement, celui-là, il me fera toujours halluciner avec son caractère de p*te à dragon qui cache des airs de gamin. Quelle vaste blague...
J'écoutais d'une oreille distraite les propos de l'albinos, me donnant des conseils qui lui semblaient avisé quant à mon comportement. Je lui lançais simplement un regard, le saphir de mes yeux croisant le rubis de ses prunelles. Envoutante.
Je secouais la tête, détachant mon esprit de l'observation de cette rivière carmine, et apercevait du coin du regard que Stiigma' avait accompli sa mission avec succès. Alors que l'animal s'approchait, et que le ninja se joignait de nouveau au groupe, je vis le renard s'approcher de moi et quémander un caresse. Je m'accroupissais un instant, flattant l'animal. Il n'y avait pas à dire, il était un compagnon fidèle, et je lui en faisait part, dans un murmure, un sourire tendre se dessinant au coin de mes lèvres.

Tu as fait du très bon travail, Stiigma', je savais que je pouvais compter sur toi.

Lançant un dernier regard à l'être que j'aimais à appeler "peluche" avec affection, je me relevais, esquissant un pas en direction d'Alvaro, le grand, l'unique, le sublime chi... Non Kamui, ne t'abaisse pas à critiquer tes propres Élus. C'est qu'il avait quand même quelques qualités le petit... Par exemple... Oui, non. Alvaro restait Alvaro... Et pour ne pas contredire mes propos, le voilà qui se lançait de nouveau dans l'une des ses fantastiques tirades.
Je l'observais d'un regard indescriptible, détaillant ses expressions sous son masque. Il nous faisait une nouvelle fois part de sa splendeur, de sa perfection, de sa puissance de son arrogance et gnagnagna. Je levais un instant les yeux au ciel. Mais je n'eus que peu de temps à attendre avant de les reposer de nouveau sur la silhouette du jeune brun, puis sur celle d'Astaroth.
L'Élu masqué semblait approuver la proposition du lézard.. Constituer des paires. Et il nous laissait le bon soin de choisir, Astaroth et moi.
Alors que Luz se permettait de nouvelles critiques à l'égard de l'espagnol, je passais une main dans mes cheveux, les ébouriffant. Toute cette histoire devenait de plus en plus compliquée au fil des secondes. Pourquoi fallait-il que tous aient des caractères si explosifs ?
Mais la demoiselle ne s'attarda pas plus longtemps sur le cas du jeune ninja brun, et consenti à approuver elle aussi l'idée d'Astaroth.
Un soupir de désespoir cette fois-ci m'échappait de nouveau, je ne pouvais empêcher l'inquiétude de me tenailler. Je ne savais définitivement pas comment faire, comment constituer des paires sans défavoriser qui que ce soit ? Que ce soit chez Layca ou Oppse, nous n'étions que trois, forçant obligatoirement l'un d'entre nous à pactiser avec le camp adverse.
Mais alors qu'en plein conflit intérieur, je ne savais quelle décision prendre, cet immonde sang froid d'Astaroth prit l'initiative de poser les groupes. Une fois de plus, celui-ci ne pouvait pas simplement fixer un point de rendez-vous, non non non, il fallait aussi qu'il "pimente" le jeu. Je lâchais dans un profond grognement d'exaspération.

Tu es insupportable Astaroth.

Je roulais des yeux quand je l'entendis énoncer le nom des membres de la première paire. Leeroy et Alvaro, j'espérais au fond que ni l'un ni l'autre n'en viendrait aux mains... Entre Leeroy la brute et Alvaro l'impulsif, on ne savait vraiment pas à quoi s'attendre...
Mais je n'eus pas vraiment le temps de m'attarder plus sur le cas des deux jeunes hommes qu'Astaroth en venait à moi. Je fronçais les sourcils face à la remarque plus que puéril qu'il me destina.

Espèce de bouffon décérébré. Murmurai-je.

Mais quand j'entendis qui serai mon, ou plutôt ma partenaire de chasse, je ne pus réprimer un frisson de me parcourir l'échine. Ce n'était pas vraiment de l'appréhension, plus... Une vague d'adrénaline. La jeune demoiselle serait un challenge intéressant. Peut-être était-elle au fond une personne intéressante. "Ne jamais se fier aux apparences", fut l'adage qui résonna dans ma tête quand je repensais à combien cette poupée semblait superficielle.
Je lançais un regard à Astaroth quand celui-ci déclara s'en aller pour la forêt, attrapant Stiigma', à quelques pas de moi, et le bloquant entre ses bras, et lui disait je ne sais quelle ineptie. Je tendis la main, dans un vain espoir d'arrêter Astaroth, mais pour quoi faire ? Je laissais retomber ma main le long de mon corps, observant le bouffon écaillé s'en allé en sautillant comme un... bouffon... (oui, mon vocabulaire peut s'étendre à très peu de choses quand il s'agit d'Astaroth...).
Je me tournais calmement vers les trois dernières personnes restantes, et fixait un instant Alvaro. Je lui lançait, un sourire illuminant une seconde mon visage, avant de s'assombrir.

Essaye de ne pas te faire tuer. Et ne va pas déclencher une avalanche. Ce serai probablement un fantastique final pour la pièce qu'est ta vie. Mais je préfère te savoir sain et sauf.

J'adressai un coup d'œil à Leeroy, espérant intimement que ces deux là arriveraient à faire quelque chose de constructif ensemble. Je finis par adresser un regard aux rubis qui semblaient me scruter, et proposais d'une voix calme, un simple sourire ornant mes lèvres.

Quitte à faire équipe, autant être efficaces, montrons leur qu'une "poupée" et une "victime" peuvent clairement leur clouer le bec. J'eus un instant d'hésitation, puis prononçais, d'une voix assurée et confiante. Allons-y Luz.

Je grognais. Astaroth ce croyait tout permis. Un égoïste qui pensait que tout lui était déjà acquis. Je contractais la mâchoire. Ne dis rien. Je ne préfèrerais pas me frotter un homme à une puissance surement supérieur à la mienne (qui plus est un supérieur).
Je tiquais en voyant Zorro s’envoler vers des contrés lointaine chasser le Double Rainbows. Ce que je n’appréciais pas du tout (mais alors pas du tout), c’était que le clebs aille le rechercher. Il était bien là bas. Loin de moi. Trèèès loin. Non je n’aime pas les ninjas arrogants.
La poupée-de-cire-bonasse était aussi d’accord sur le projet de mon grand et cher Astaroth… Parle et répond des choses cohérentes ? La poupée-de-cire-bonasse vient de clasher Le ninja gay ? J’adressais un regard plus que jovial à Luz. Je l’aimais déjà.
Mais ma bonne humeur fût vite calmer par l’annonce des binômes. Il est drôle Astaroth, il a toujours eu le sens de l’humour. Je ris un temps.
Il était sérieux ? Je crispais mes doigts en regardant boucle d’or faire une mine tout autant dépité. J’aurais largement préféré me faire la zoophilie avec le Kitsune.
J’enlevais mes gants laissant paraître quelques parcelles de peau déformé. Je replaçais mon attirail d’armes blanches à ma ceinture et à ma botte. Je m’approchais du jeune homme Laycaïste et posa une main ferme sur son épaule. Un faux air heureux dans les yeux.

« Bien mon petit bichon, on va chasser les arc-en-ciel et trouvé les chaudrons d’or ? »

Je fis un rire forcé. Ça va être drôle. Très drôle.
Je me tournais vers boucle d’or… Je priais déjà pour ca supposé virginité. Je le fixais toujours. Des idées peut conventionnel passait à présent dans ma tête.

Suite à ma proposition qui ne semblait avoir dérangé personne, encore heureux, la petite Luz n’a pas pu s’empêcher de faire son intéressante et de souligner un soi-disant manque de logique de ma part dans mes affirmations. Cela me fit rire aux premiers abords, car son impertinence était non seulement naturellement déplacée, mais en plus elle fit preuve de sa stupidité en mal-interprétant mes propos. Délicieux, vraiment.

Merci infiniment pour ta petite précision Sweet Little Doll, je ne sais définitivement pas ce que je ferais sans toi ! Je ne serai qu’une pauvre âme égarée qui n’aurait absolument rien compris à l’efficacité accrue que provoque la séparation d’un grand groupe en plusieurs autres pour un seul et même objectif…Aaah, je te suis tellement reconnaissant… Il est vrai que JAMAIS je n’ai pensé à montrer la moindre volonté de nous séparer non pas en petits groupes mais chacun pour soi afin que nous chassions plus efficacement ces dignes bêtes… Je suis vraiment trop bête ~

Sur ces mots je fis une légère révérence débordante d’ironie et je recroisai mes bras tout en posant mon regard sur les élus primordiaux. Astaroth, comme à son habitude, prit les devants et imposa des groupes, que l’on pourrait désigner comme étant…équitables mais fortement agaçants. Créer des groupes composés de deux membres servant deux divinités différentes était certes ingénieux, personne ne pourrait se plaindre d’une quelconque injustice, mais il était plus qu’évident que cela allait amener des conflits plutôt explosifs. Jamais la mission n’allait arriver à termes avec de pareilles unions de bras cassés. Mais au fond, je m’en fichais bien du bon déroulement de la mission, et je m’en fichais bien aussi du pauvre pantin qui allait devoir me suivre. Leeroy allait être mon camarade. Cette muraille de Chine canadienne n’allait probablement pas me poser de problème en cas de danger, elle savait se battre, et de plus, le blabla irritant et interminable ne semblait pas être sa tasse de thé alors dans l’absolu, malgré ses airs agressifs et sa trop forte dépendance au sexe illégal je n’étais pas vraiment ennuyé par ce choix. Cela aurait pu être pire ; imaginez que je sois tombé sur cette pauvre empotée aux airs de princesse ou encore ce lézard excité du slip ? Non mécontent de ne pas me traîner le pire des boulets je ne prononçai pas le moindre mot et attendis la dispersion.
Elle ne se fit pas attendre, à peine avait-il terminé de reciter ses choix de groupes, Astaroth kidnappa la boule de poil et partit gambadant tels ces créatures laineuses ignobles. Décidément cet être était vraiment étrange… Malgré mon aversion pour Stiigma’ je le plaignais tout de même d’être tombé sur un pareil cas social.
Je croisai alors le regard de Kamui, qui me demanda d'être prudent et de revenir sain et sauf... S'inquiéter pour ses petits pions... La plupart des niais prendraient ça pour une inquiétude chaleureuse, mais venant d'un élu primordial, je préférai ne pas succomber à d'aussi pathétiques sentiments et je préférai montrer que je n'avais pas besoin de soutien moral.

Voyons Kamui, tu n'as pas de soucis à te faire pour moi, je sais me défendre, et contrairement à toi, je n'ai personne à mes trousses prêt à me dévorer des yeux et à dépasser les frontières de l'acceptable en terme de contact physique. Ainsi, il serait plus juste que ce soit moi qui te dise d'être prudent, et de revenir entier. Mais j'imagine que le Grand Elu Primodial de Layca n'a pas besoin que son sous-fifre lui souhaite bon courage n'est-ce pas ?

Sur ces mots, fixant toujours Kamui des yeux, je sentis une main tiède se poser sur mon épaule. Je crissai alors mes dents, terriblement surpris par ce geste beaucoup trop familier. C’était Leeroy qui essayai apparemment de sympathiser à sa manière, probablement pour se donner bonne conscience et pour que je le considère comme quelqu’un de fiable. C’était raté, mais à quoi bon se mettre à dos son allié alors que nous avions une tâche sur le dos ? J’ôtai délicatement sa main de mon épaule, souriant sous mon masque et je lui répondis sans attendre.

Hem, oui effectivement, nous avons semblerait-il une quête qui nous attend. Alors il serait temps que nous imitions Astaroth et que nous partions à la recherche des créatures perdues dans les montagnes n’est-ce pas ? Par contre, il serait plus prudent d’éviter ce genre de camaraderies. Je ne suis pas vraiment du genre sociable. Qui plus est, nous n’avons pas de temps à perdre à baver sur de jeunes blonds n’est-ce pas mon brave Leeroy ? Allons-y.

Et d’un regard soutenu pour dissuader Leeroy de succomber à ses pensées perverses, j’entamai alors la marche vers la montagne d’un pas décidé. Puisque nous n’avions plus le choix, autant montrer à ces boulets qui sont les meilleurs chasseurs de boules laineuses arc-en-ciel Ahahaha !

J'avais ramené l'humain bête au Maître et depuis m'était fait tout petit. Laissant les choses aller et venir. Les échanges des humains étaient décidément beaucoup trop pompeux, long, ennuyeux, inutile. Les Renards, quand ils veulent retrouver quelque chose, ils ne glapissent pas, ils partent à la chasse. Deux par deux. Pattes dans la patte, nez dans la terre (pour flairer tsha). Mais les humains, étant des êtres "évolués" doivent discuter, m'voyez?

Tout ça était décidément trop cérémonieux pour ma petite tête de renard, je ne dis pas là que je n'ai pas les capacités pour entrer et suivre le débat, je pourrais même le clôturer mais j'ai pas envie ! J'ai faim. Je m'y à penser à ... un chat! Je mangerais bien un chat... Avec de la sauce, beaucoup de sauce... Mmh..

J'étais en train de penser au merveilleux repas que je pourrais faire une fois que le Maître aura retrouver les Gnufs (oui seul, le maître est le meilleur. je l'aurais aidé bien sur!). Quand tout a coup, je senti des mains me soulever du sol. J'ouvris à peine les yeux, j'me doutais bien que c'tait le Maître, qui d'autre?

ASTAROTH !

Le choc était violent et en y repensant il avait pas du tout la même manière de prendre dans les bras que le maître, c'était plus violent, plus sec. Moins doux... En plus il avait les mains sèches et rugueuse ! BERK !

Je mis la tête sur son épaule et tentait de voir mon maitre qui était avec la p*tain d'Astaroth... J'aurais aimé courir vers lui et rester avec mais Astaroth me serrait trop fort. Il me susurra:

Ce qui me laisse avec boule de poils pour la forêt. Alors heureuse la peluche ? Toi et moi on va gambader dans les bois ! Si c'est pas folichon tout ça !

Bon, après tout. Pourquoi pas. Au pire, si le Maître avait besoin d'aide, il n'aurait qu'a hurler dans sa tête et je viendrais le délivrer. Notre lien de sang, rendait certains de nos échanges un peu particulier. Et c'était un atout que l'ennemi ne pouvait soupçonner, ce qui le rendait encore plus fascinant et utile!

Je regardais Astaroth :

Tout d'abord, je ne suis point une peluche. Ensuite pose moi à terre, je ne suis pas un Chiwawa, et tu n'est pas Paris Hilton. Alors gardons notre dignité s'il te plait. Déjà qu'on doit s'abaisser à chercher des Gnufs, on va pas en rajouter. Ensuite, moi je flaire, toi tu suis. Et si on trouve un Gnuf, tu lui cours après.
OK?

Je ris. Compris tout à fait la réaction de l’homme masqué. Essayé de familiarisé n’est pas vraiment le bon choix pour le moment. Je me retournais vers la petite troupe qui formait déjà des binômes. Le Pokémon déjà accaparé par notre grand Astaroth. Son dernier œil n’allait pas survivre si longtemps … Je sentis mon « camarade » s’en aller vers d’autre contré. Je m’apprêtais à le suivre jusqu’à qu’une pensée me traversa. Je me retournais, cherchant des yeux ma cible. Bien.
Je m’avançais doucement vers lui. Je pris le bras du jeune blond, l’attirant à moi. La position rappelait notre 1er contact. Le jeune boucle d’or, dos à moi. Le masque glacé contre sa joue. Il ne bougea pas vraiment.
Je lui murmurais doucement :

« Ne fais confiance à personne, même pas aux tiens, ni même à moi. Fais attention à toi. »

Je le relâchais doucement. Et me retournais rejoindre Alvaro sans un regard en arrière.
Ce petit bonhomme pouvait ce débrouiller seul. Mais une pointe d’inquiétude fit son apparition. Qui m’excédais d’ailleurs. Je fronçais les sourcils. Mettant ça sur le compte de la chaleur proche de la plage. D’ailleurs…
Je m’adressais à Alvaro.

« On prend quelle partie ? La plage ? »

J’avais déjà bien entrepris ma marche vers la montagne, réfléchissant à un potentiel plan pour capturer les créatures. Peut-être pourrions-nous fabriquer un piège qui les attirerait puis le capturerait ensuite, ou alors je pourrais utiliser mon art pour la discrétion et la dissimulation pour les attraper rapidement lorsque Leeroy leur courrait après pour les effrayer. Il y avait là de nombreuses possibilités, toutes plus efficaces les unes que les autres, mais nous avions le temps d’y réfléchir lors de notre périple vers les Montagnes de la région. Je m’arrêtai alors un instant, pour vérifier que le guerrier me suivait, mais je constatai que celui-ci s’était rapproché de Kamui et lui murmurait quelque chose que je ne pouvais guère entendre depuis là où j’étais. Je poussai alors un profond soupir, agacé par son incapacité à se tenir éloigné de cette jeune chair fraîche plus de deux minutes montre en main. Toutefois l’idée de le rappeler à l’ordre ne fit pas long feu dans mon esprit, faire la nounou m’ennuyait profondément alors je repris la marche, sans faire plus attention.

Leeroy finit par me rejoindre et me posa une question des plus stupides. Il me demandait quelle était notre destination. N’avait-il donc rien écouté au blabla de son poltron de chef ? Décidément, cet énergumène n’avait vraiment que des désirs tendancieux en tête et rien d’autre… On pourrait entendre les courants d’airs qui parcourent l’ensemble de son crâne. Pitoyable.

Eh bien, mon cher Leeroy, n’as-tu donc pas entendu ce que ton supérieur adoré t’a dit ? Il nous a affectés à la montagne, donc nous n’avons en principe aucune raison d’aller à la Plage comme tu le laisses entendre. Je veux bien admettre que je suis un tantinet déçu par ce choix, j’aurai moi aussi apprécié une petite séance de bronzette et de relaxation gratuite plutôt que d’aller me congeler le bout des doigts pour rester dans le politiquement correcte, mais personnellement j’estime que la plage est un lieu à éviter à tout prix car c’est Kamui et sa petite poupée de cire qui doivent s’en occuper, et vu que ta concentration semble s’affaiblir à vue d’œil lorsqu’il est dans les parages, il serait vraiment imprudent de les suivre. Maintenant si tu veux bien, allons-y. Nous n’avons pas toute la journée.

A ce rythme-là, ce maudit Lézard allait tout rafler, et jamais je ne me laisserais battre à plate couture par un être aussi abjecte que lui. Je serrais le poing avec vigueur et je repris la marche, bien déterminé à vaincre ces insectes. Les montagnes n'étaient pas très loin d'ici, et nous nous en rapprochions à vue d’œil, dans le silence. Après tout, quel intérêt y'avait-il à communiquer dans un moment pareil, et surtout avec quelqu'un appartenant au camp adverse? Strictement aucun.

POOOOOOOOOOOOOOOUUUUUUUFFFffff…..slashccCCRRRASSHT !!!

Benedict s’écrasa avec un manque de grâce tout à fait admirable sur un buisson épineux et lâcha une bordée de jurons, insultant tour à tour celui par la faute de qui il s’était retrouvé là, le créateur du buisson et le buisson lui-même. Bougeant le moins possible pour ne pas se blesser davantage, il continua ses reproches à l’adresse de toutes les personnes qui pouvaient un tant soit peu être responsables de son malheur. Il n’avait pourtant fait de mal à personne ! Enfin, pas depuis qu’il était sur Alea Jacta Est. Il était sagement en train de ne rien faire dans la Forteresse quand un éclair l’avait ébloui et projeté sur ce végétal agressif. Ce monde était vraiment tordu. Si on ne pouvait même plus rester dans son lit sans risquer de mourir empaler sur des branches des kilomètres plus loin, à quoi pouvait-on se fier ? Après de nouvelles insultes à l’adresse des diverses divinités qu’il connaissait, le jeune homme se décida enfin à s’intéresser à autre chose qu’à son postérieur endolori par les branchages.


Il se trouvait visiblement dans une prairie. Une prairie toute calme, toute mignonne, toute verdoyante, où il n’aurait pas été étonné de croiser des princesses, des petits poneys, et, pourquoi pas, des Bisounours. Après tout, on était dans un monde où ressusciter ne semblait perturber personne, alors ce genre de créatures paraitrait presque banal. Blasé, Benedict chercha distraitement du regard une quelconque bête étrange pour confirmer ses hypothèses. A sa grande surprise, il ne tomba ni sur un nounours multicolore, ni sur un lama ailé ou autre animal du même genre. Par contre, il aperçut un groupe hétéroclite de personnes qui semblait se séparer. Amis ? Ennemis ? La seconde option était nettement plus probable, les amis étant relativement rares sur AJE. Ici, on disait « alliés » et même cette notion ne garantissait en aucun cas une sécurité à l’égard de ces personnes. Benedict maudit sa grande gueule et se recroquevilla dans son buisson sans grande conviction. Avec le bouquant qu’il avait fait à son arrivée, ce serait un miracle qu’aucun des zigotos qui gambadaient dans la prairie ne l’ai entendu. Or, dommage pour lui, mais ici, les miracles avaient très, très rarement. Généralement, c’était même plutôt l’inverse qui arrivait. Vous étiez tranquille disons… dans votre lit, et vous vous retrouviez… dans un buisson épineux, par exemple, pour ne pas donner de situation précise. Ou alors, vous vous trouvez dans une situation critique, vous suppliez votre dieu de vous aider, et paf ! vous vous retrouvez dans une situation... encore plus critique.


Recroquevillé dans son buisson, Benedict tenta pendant quelques secondes de se faire discret, mais sa sincérité reprit très vite le dessus. Se dissimuler était mentir. Dommage pour lui, l’instinct de survie atrophié du garçon était loin d’être assez puissant pour lutter contre la nature impulsive du jeune homme. Sans réfléchir d’avantage, il surgit de sa cachette en agitant les bras et hurla en direction des inconnus qui s’éloignaient.

-HEHO !!! Je voudrais retourner dans mon lit, vous pourriez m’aider si vous n’êtes pas trop occupés ?

Spoiler:

- Maiiiiiiiiiiiis noooooooooon...!

POUARF

- Ah ! Encore ! Y en-a-marre ! Toujours pour ma gueule, ce genre de...

Minute. Y a un instant, je me vautrais dans cet escalier en colimaçon, mon pied dérapant sur une bête noire non-identifiée et d'une taille ridicule. Deux grands yeux opalescents, un corps d'ombre et de fumée fuligineuse, une petite envie sadique... et au lieu d'écraser la chose ridicule d'un coup de talon bien senti, je m'étais retrouvé à faire un pied-de-nez à la gravité et à m'envoler pour préparer un atterrissage bien forcé sur les fesses, avec probablement pas mal de casse à la clé.
Mais non. Une ignoble prairie verdoyante s'était substituée aux pierres froides de la tour et ce n'était pas sur les dalles glacées que je venais de me recevoir, mais bien sur une herbe grasse et colorée. Exhalant un profond soupir, étendu sur le dos, je maudis intérieurement Belzeneff pour ses plaisanteries de mauvais goût. Certes, mon envolée ne s'était pas soldée par une souffrance lancinante au derrière, mais la perspective de me taper le chemin du retour était forcément bien plus douloureuse. Belzeneff n'était pas Nyolo pour rien.

Aussi profitais-je de l'instant, étendant les bras en croix et contemplant l'azur. Si je ne m'étais pas senti d'humeur aussi maussade, j'aurai peut-être pu trouver une certaine beauté à cette toile. Une étendue qu'on incruste à grands renforts de saphirs avant de la barbouiller d'une peinture tenace et nacrée, qu'on étale avec un mouchoir pour en faire de cotonneux nuages. Le soir venu, il suffit de prendre l'encre de la Chine qu'on dilue et qu'on enrichit de perles irisées pour faire les étoiles, et vous jetez le tout à la face du ciel. Vous avez alors un beau soir enténébré, qui dure toute la nuit.
Je plissais les yeux. Il fallait être rudement doué pour rendre l'aube sur ce tableau. Et drôlement rapide.

Tiens. Le maître, l'artiste endimanché, vient de dresser un portrait sur sa toile. Un museau. Une fourrure. Ce n'est pas Xellos, il n'a pas de dents. A part quelques-unes, ici ou là. Des sourcils orageux. Un regard désespérément sénile.
Aucun doute possible ; le grand Gnuf en personne me toise.

- Bonjour, le lançai-je, torve, toujours allongé sur le dos.

Il me regarde sans comprendre, et je lui retourne cette incompréhension. Mais seulement le temps d'entendre les éclats de voix.
Je connais ces voix... enfin, une, je crois.

Je me redresse, jetant un coup d'oeil aux alentours. Petit rassemblement qui se dévoile alors à mes yeux éberlués, à la façon du refuge pris dans la tourmente qui ne se révèle qu'une fois que vous êtes presque sur le seuil. Avec un grognement bougon, je me remis debout, en profitant pour faire jouer une nuque raide qui émit une série de discrets craquements de vertèbre. Ma chute n'avait pas été si douce que ça, semblait-il.
Oh, mais voilà des sympathisants de Layca.

Mes doigts se refermèrent sur du vide. Diantre. Je n'ai pas mon sabre. Fâcheux à réaliser ; d'un geste mécanique, j'avais cherché à tirer mon arme, mais la chose ne serait pas possible. Mais... mais que foutent Astaroth et compagnie à regarder les autres morveux dans le blanc des yeux ? N'est-on pas censé se sauter à la gorge à pleines dents ?
Hum. A voir les visages de certains, il y a déjà eu quelques baffes d'échangées... dans la joie et avec du coeur, je vous prie.

Il ne me reste plus qu'à faire bonne figure et, non sans avoir écarté d'un coup de pied le grand Gnuf qui restait dans mes pattes, rejoindre cette disparate assemblée.

- Bonjour à vous aussi, alors... La fraternité serait-elle enfin à l'ordre du jour ? ricanai-je avec une ironie dont ils ne seraient pas forcément nombreux à relever l'entièreté. Une mimique sardonique transparut sur mes traits comme, l'un après l'autre, je dévisageais les différents protagonistes et prenais note des uns et des autres.