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 ‪Nihil lacrima citius arescit‬. [Libre]

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Castiel
Le spleen de l'océan

Le spleen de l'océan ♍
Castiel

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MessageSujet: ‪Nihil lacrima citius arescit‬. [Libre]   ‪Nihil lacrima citius arescit‬. [Libre] EmptyDim 15 Jan - 15:48

Rien ne sèche plus vite qu'une larme.
J'avais les pieds dans l'eau mais l'esprit loin, très loin. À la recherche d'un abri contre les considérations terrestres. Dans ce ciel étoilé sûrement. Ce ciel qui brillait de milles lueurs comme si les Dieux avaient planté des perles dans la voute céleste. Je n'avais jamais appris l'art de l'astronomie, aussi il m'était impossible de reconnaitre telle ou telle constellation, à supposer qu'elles étaient les mêmes que celles sur Terre. Je supposai que ce n'était sans doute pas le cas. À mes côtés était posé un aquarium, un énorme aquarium. En y repensant, arriver ici sans la moindre embûche relevait du miracle. D'autant plus qu'il était rare que je sorte de la Cité. C'était Ludovik qui m'avait indiqué un portail qui menait directement au lac : il m'avait dit qu'il aimait bien s'y ressourcer là-bas. Il m'y avait même emmené quelques fois. Il était vrai que l'endroit était d'une beauté surprenante et curieusement calme bien que j'avais entendu des rumeurs narrant l'existence d'un monstre marin niché dans les profondeurs des eaux. Je voudrais bien la rencontrer cette étrange créature. Depuis que je connaissais la nature de mon pouvoir, j'étais littéralement fasciné par les espèces marines en tout genre. En ce sens, le présent qui m'avait été déposé au pied du sapin me correspondait totalement. Deviner l'auteur d'un tel cadeau n'avait pas été bien difficile en ce que je ne connaissais qu'une seule personne capable de me fabriquer un si charmant aquarium.
Je le trouvais toutefois de mauvais goût. De très mauvais goût compte tenu de la nature de la relation que j'entretenais avec l'auteur de cette œuvre aquatique. Et puis, je n'avais jamais aimé l'idée d'emprisonner un animal dans un espace réduit. Certes l'aquarium était grand mais il me gênait quand même. De plus, je ne comprenais pas pourquoi il y avait un Christ crucifié dans les profondeurs de la ville sous-marine. Y avait-il un message à déchiffrer ? Cela m'importait désormais peu. Tout m'importait peu.
Fut un temps où ma foi envers Dieu était inébranlable. Ce n'était plus le cas aujourd'hui. Comment aurait-ce pu l'être après tous les événements que j'avais traversé ? L'existence même d'autres divinités et d'AJE remettait bel et bien en question la présence de ce Dieu censé être unique et tout puissant. Je ne priais plus. Peut-être parce que je n'y croyais plus. Ou alors n'en avais-je plus le besoin. Plutôt l'envie. Il était facile de se tourner vers une entité abstraite et muette et de chercher un sauveur invisible et omniscient dans une croyance fondée sur les réminiscences d'une histoire et d'une culture remontant à des millénaires. Ceci dit il y avait quelque chose de rassurant dans le fait de se confier à une force dépassant l'entendement humain. Je devais y perdre au final. Si j'avais toujours été croyant, j'aurais prié en ce moment même. Mais je ne priais plus mon Dieu terrien. Et je n'avais jamais prié Layca car il ne m'inspirait aucun amour. Du respect certes mais pas d'amour. Et sans dévotion, la prière n'était qu'une mascarade grotesque et dénuée de son sens. Mes mains tenaient le Christ. Mes yeux fixaient la surface du lac.

Des vagues agitaient l'eau, des vagues créées par mes mouvements de jambes. Je me sentais las. Je pris l'aquarium. Du moins j'essayai car il était trop lourd. Ludovik m'avait aidé à le porter jusqu'ici avant de me laisser seul.
Plusieurs habitants peuplaient encore la ville marine. Il y avait une mère hippocampe mais elle était morte d'asphyxie. Les créatures de la mer ne survivaient pas dans l'eau douce. Curieusement, quelques instants après qu'elle eut rendu l'âme, une dizaine de petits œufs colorés étaient sortis de son ventre. Et dans la journée qui suivit l'Atlantide regorgeait de touts petits hippocampes de toutes les couleurs qui eux, semblaient s'être adaptés à l'eau douce. Les carpes avaient toléré leur présence bien que celle qui avait été si cruellement peinte ne faisait que dormir sous un bâtiment. La noire, en revanche, faisait la course avec les petits. Je me demandais si au final ils n'étaient pas bien ensembles, dans ce milieu aquatique, certes fermé mais, dénué de dangers. Il semblait presque bon d'être un poisson d'aquarium.
Alors je sortis mes jambes de l'eau et m'agenouillai devant l'aquarium que je renversai doucement vers le lac. La carpe de course sauta dans l'eau obscure et disparut dans les profondeurs marines suivie de deux ou trois hippocampes. L'autre, en revanche, nageait à contre sens pour ne pas tomber dans le lac. Je remarquai au passage que la peinture qui recouvrait ses écailles s'était totalement dissoute. Elle finit par céder en se faisait entrainer par un courant de petits hippocampes. Ces derniers nagèrent un moment en rond puis s'éparpillèrent dans des directions différentes comme un essaim de lucioles colorées. C'était un très beau spectacle : je ne regrettai pas mon acte bien que je me doutais de la destinée fatale qui attendait ses petits. Beaucoup périraient, dévorés par quelques prédateurs mais la nature était ainsi. Si seulement deux survivaient et peuplaient le lac d'autres petits hippocampes, alors ce serait pour le meilleur. Ce serait tant mieux. Mais ça m'était un peu égal aussi. La carpe aux yeux difformes flottait le ventre à l'air. La découverte de tant d'espace avait du la tuer sur le coup. Elle était de toutes façons très faible. C'était mieux ainsi. Je ne préférais pas imaginer la peur et la souffrance qu'a du éprouver cet animal quand on l'a arraché de son bassin pour la couvrir de peinture. Je pris alors un par un les sculptures et répliques de bâtiments et les lâchai un par un dans l'eau, regardant la pierre couler d'un œil curieusement indifférent. Quand l'aquarium fut entièrement dépouillé de son contenu, j'entrepris d'arracher le bambou qui en ornait les parois. Je m'y cassai plusieurs ongles et m'entaillai même l'auriculaire gauche jusqu'au sang mais j'étais trop absorbé par ma tâche pour y prêter attention. Une fois le travail fini, je ramassai les plantes et m'éloignai du bord du lac pour creuser plus loin à même les mains et enfoncer les tiges dans le sol. Elles ne tenaient pas droit. Sans doute mourraient-elles dans les jours qui suivaient mais je les disposais dans un cercle grossier. C'était quand même joli. À mon goût. Je revenais sur le rivage et trempai mes mains pleines de sang et de terre pour les laver.
Voilà une bonne chose de faite.

Laissant la carcasse d'aquarium à son propre sort, je replongeai mes jambes nues dans l'eau. J'étais en caleçon. Ça ne gênerait sûrement personne puisque personne n'était là. Je me sentais seul. Las. Un peu trahi par je ne sais quoi. Blessé par une arme inconnue. Saignant d'une blessure invisible. Pleurant pour un mal étranger.
J'ai mal et je suis fatigué. C'était passager. La peine est une visiteuse temporaire. Je ne sais pas ce que je veux, ce qu'elle veut, ce que je ne veux pas, ce qu'elle ne veut pas. Je sais juste que je souffre et que c'est ridicule parce que j'ignore totalement quelle est cette tristesse qui me ronge de l'intérieur. Je suis incapable de blâmer quelqu'un sinon moi-même. Je me déteste. Je vais mettre ça sur ma condition de pion prisonnier dans une guerre dont il ne connait que trop bien la rengaine et les protagonistes. J'ai envie de pleurer. Il y a une larme qui coule sur ma joue. Mais je ne pleure pas. Pas volontairement du moins. J'essuie de la manche cette eau futile. Je réalise que j'ai l'air d'une pucelle en détresse qui sanglote pour rien du tout. Je me sens bête. Mais c'est comme ça. J'inspire, j'expire, je reprends mon souffle, je ravale ma peine.
Allez Castiel, c'est éphémère. Tout est éphémère. Et rien ne sèche plus vite qu'une larme.

Je défis ma chemise et plongeai dans le lac avec, au plus profond de moi-même, une envie de rester à tout jamais ainsi, enveloppé dans l'étreinte aquatique. L'eau, les flots, les vagues, l'aquatique étaient mon refuge, mes meilleurs compagnons, mes semblables. Et mes larmes se sont mêlées au liquide du lac. Elles ont séché à leur façon.
Je me sens trop débordant de sentiments niais pour m'épancher en descriptions vaseuses de ce qui m'arrive ou de ce qui peut bien m'arriver ou même du sublime paysage aquatique qui m'entoure. Ce que je fais, je le fais et un point c'est tout et je pense de toutes façons qu'il y a peu de personnes qui voudront et comprendront les raisons des mes actes ou les mécanismes de ma pensée. Je suis un imbécile pour laisser les autres rentrer dans ma vie et me piétiner mais il n'y a rien que je puisse y faire. La douleur est préférable à la solitude dans un premier temps.
Je me rends compte que je tenais toujours le Christ... Je le lâche et le laisse couler. Adieu mon crucifié. Adieu mon ami, mon compagnon, mon semblable, mon pire rival.
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