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 < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes >

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MessageSujet: < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes >   < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes > EmptyJeu 21 Avr - 21:48

Laboratoire 19 – Division scientifique – Section magique.

L’oiseau a rejoint le nid. Je répète, l’oiseau a rejoint le nid. La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe dans le laboratoire occupé alors par d’éminents scientifiques. La livraison était attendue comme le messie pour ces adeptes de l’étude poussée d’à peu près tout et n’importe quoi. Pourtant ce jour là aucun n’importe quoi n’avait osé pointer le bout de son inutilité. La découverte faite par une des équipes envoyée sur le terrain quelques jours plus tôt faisait pâlir d’envie toutes les autres, rien que par son énoncé. Qu’on se le dise, la caisse qui ne tarderait pas à pénétrer les locaux stériles contenait une avancée indéniable pour l’évolution de ce monde. Transportée avec lenteur et précaution par des membres du quatrième escadron autorisés à faire fi de l’interdiction formelle d’entrer dans le laboratoire, pour l’occasion, le cube en inox percé d’aérations fut finalement déposé après une valse de mouvements incertains et angoissés, sur le plan de travail central de la pièce. L’escadron privilégié voyant ainsi la fin de leur mission et autorisation, s’échappa en vitesse du laboratoire avant de s’attirer les foudres de scientifiques parfois un peu dérangés. Néanmoins, une fois les intrus éjectés, le dilemme fut apparent. Quelle blouse blanche serait désignée pour l’ouverture et la découverte en exclusivité de cette créature qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre ? Nul n’ignore que le débat fut âpre mais le choix se porta finalement sur Hellen Keynes, une scientifique passionnée qui s’imposait naturellement sur ces collègues massivement masculins. Autorité et rigueur étaient ses maitres mots et elle avait dû en faire usage à nouveau sur l’assemblée pour obtenir son passe-droit.

« Je m’en charge. »

Et voilà. Trois mots et un regard noir à toute l’assemblée avaient finalement suffit. Imposer était devenu naturel chez cette jeune chercheuse souvent confrontée au machisme de la gente masculine qu’elle avait pris l’habitude de tuer dans l’œuf. Tout nouveau membre de l’équipe se voyait affublé d’un entretien avec « la patronne » comme l’appelaient ses compères alors qu’elle n’occupait pourtant pas ce poste. Hellen n’en avait que faire, selon elle s’ils n’étaient pas capables de lui tenir tête alors ils n’avaient pas à tenir de telles responsabilités et c’est elle qui les prenait alors en main. Oui être élevée au milieu de quatre garçons ça forgeait le caractère, irrémédiablement.

La jeune femme s’approcha donc d’un pas décidé de la boite qui trônait là, pleine de tous les espoirs que tous avaient nourri depuis quelques jours, jetant un dernier regard de défi au groupe dans son dos comme pour assurer encore un peu plus son autorité et empêcher toute tentative de rébellion. C’était à elle de montrer à l’univers ce nouveau spécimen. Posant deux mains décidées mais habiles sur le plastique sombre et refroidi par le transport, elle fit basculer un pan de la boite, dévoilant son contenu à tout le cortège penché derrière son dos.

Dans l’obscurité du contenant ils ne purent tout d’abord que déceler deux saphirs perçants qui devaient tenir lieu d’yeux à la créature. Puis, ladite créature s’aventura au dehors de ce cube protecteur pour examiner l’assemblée attendrie. Evidemment elle n’était pas farouche pour un sous puisqu’elle connaissait son potentiel. Eux par contre semblaient l’ignorer puisque c’était bien la première fois que lui, Masklinn, Djinn de son état, était accueilli par une horde de blouses charmées. Et cela se prétendait scientifique ? Risible. Pourtant la première impression s’évapora rapidement quand après un pas il s’écrasa contre une vitre transparente. Quitter une boite pour une autre… Au final ces humains étaient précautionneux. Ils avaient même tenté de reproduire ce qu’ils croyaient être son élément naturel, soit deux cailloux, quatre branches d’arbres, une grosse fleur et des noisettes en régiment. Lui qui vivait principalement dans le sable, devrait s’adapter avant de trouver le moyen de sortir d’ici. Les croquettes et la bête de foire ce n’était pas vraiment sa tasse de thé, désolé.

Hellen assistait au spectacle aux premières loges et put établir de nombreuses images mentales de cette nouvelle créature qui peuplait désormais la connaissance scientifique du monde qui les entourent. L’être paraissait comme conçu avec réflexion. Tout en lui était pensé dans un but précis et ce qui frappa l’esprit de la férue de sciences fut ce potentiel défensif. En effet que ce soit ces antennes qui devaient lui servir d’oreilles ou ces pics qui prolongeaient ses côtés, une majeure partie de son corps était protégé naturellement. Même ce qui s’apparentait à des pattes se trouvait pointu. Et, jurant avec toute cette masse, deux grosses billes d’un bleu indescriptible d’intensité venaient remplacer les yeux humains. Nul doute que cette créature était paradoxale. Défensive, mais attendrissante. Pourtant personne ne devrait réellement s’en approcher tant qu’ils n’en sauraient pas d’avantage sur cette nouveauté qui déchainait les passions. Pour l’heure ils se devaient tous de la laisser trouver ses marques.

« Que tout le monde rentre chez soi. C’en est assez pour aujourd’hui. »

L’énoncé suscita des protestations à la pelle mais toute l’équipe savait que la marâtre n’en démordrait pas et personne n’osant la contredire, ils devaient se plier à cette décision qui anéantissait pour l’heure leur désir insatiable de connaissance. Ce dernier prenait souvent le pas sur leur raison et intérieurement tous n’étaient pas dupes. La décision féminine était la plus sage et leur permettrait une meilleure avancée dès demain. Le groupuscule finit donc par abdiquer et tous rangèrent méthodiquement, comme tout scientifique qui se respecte, éprouvettes, tubes à essai et autres Erlenmeyers qui prenaient ainsi un repos bien mérité. Hellen quant à elle allait retrouver avec plaisir Graham et Ezekiel, ses jumeaux, ainsi que Balthier son mari bien aimé et père des deux crapules. Un retour à une vie familiale qui ne s’annonçait pourtant pas moins éprouvante.

Spoiler:

₪ ₪ ₪ ₪ ₪

Le dîner. Ce repas nécessaire à tout être humain aspirant à une bonne santé restait en 4500 une pratique commune au sein des familles. Le but de ce rassemblement n’avait pas beaucoup évolué et en plus de chercher à se nourrir les participants avaient pris l’habitude de se conter les anecdotes bien souvent inintéressantes de leurs journées respectives. Heureusement ou non selon les points de vue, la famille Keynes n’échappait pas à la coutume. Le repas était d’ailleurs bourré d’habitudes que plus personne ne percevait, comme une routine trop bien huilée. Chacun avait sa place sans que cela ait été décidé. C’était toujours Ezekiel – le plus bavard – qui commençait son récit puis venait son frère jumeau Graham, et c’était enfin au tour des géniteurs qui finissaient par parler boulot perdant ainsi l’attention de leurs progénitures. Une danse millimétrée. Ni plus ni moins. Cependant ce soir là, après une journée si riche en rebondissements Hellen Keynes n’avait pas été capable de patienter jusqu’à son tour de parole et brisant les usages s’était lancée dans son monologue sur cette découverte révolutionnaire en en bafouant même les bénédicités. La situation avait d’abord tendu le faciès de son mari mais très vite tous s’étaient amusés de l’engouement et l’entrain qu’éprouvait la femme de leur vie pour cette créature. Elle ne m’y d’ailleurs pas longtemps à rassembler tous les suffrages, particulièrement ceux d’Ezekiel qui écouta avec toute l’attention dont il était capable.

« Le laboratoire a reçu une nouvelle livraison aujourd’hui. C’est une créature qui nous était jusqu’à lors presque inconnue. Un Djinn que ça s’appellerait d’après certains bestiaires. On sait juste qu’elle a un très gros potentiel magique qui nous oblige à toutes les précautions. Le reste c’est à nous de le découvrir. »

Une créature inconnue et un énorme potentiel magique. Voici les mots qui seuls avaient résonné aux oreilles pourtant curieuses du jeune garçon. A dix ans il n’avait pas décelé le moindre attribut magique en son être et dire que la chose se transformait petit à petit en obsession ne semblait pas être un euphémisme. Un frère maitrisant déjà l’art du déplacement avec brio ça n’aidait pas. Chaque jour confronté à cette absence, cette magie lui faisait défaut, contribuait à former cet entêtement. Dire que chaque réveil n’amenait pas son lot d’espoir que ce jour était le bon, le jour marquant le début de sa vie magique, serait mentir. Peut-être était-ce carence qui avait disposé Ezekiel à une plus grande écoute et un plus grand intérêt pour le récit conté que le reste de l’auditoire.

« Je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que c’est un mâle. Oh et ce physique ! Toute une défense alors qu’il est si attendrissant… Je vous ramènerai des photos bientôt. »

Quelle chance. Oui c’est bien la déduction qui était parvenue de la réflexion ezelekienne. A ce moment précis il aurait vraiment voulu être à la place de sa mère. Cette découverte était enivrante et elle et son équipe en possédait l’exclusivité. Egoïsme. Les pensées du jeune garçon n’étaient pas très flatteuses bien que sa génitrice fusse prise dans le lot, mais il n’y pouvait pas grand-chose. La curiosité maladive qui était sienne entrait une nouvelle fois en action et bientôt ces saphirs bleus décrits par Hellen prirent possession de son esprit. Ce fut donc sans grande surprise que son intervention se dirigea vers le sujet.

« Dis maman ! Tu me laisserais venir voir le Djinn avec toi ? »

Tentative désespérée. Il avait beau n’avoir que dix gâteaux d’anniversaire à son actif, il savait mieux que quiconque que l’entrée – bien que facilement franchissable – était interdite et ce n’était pas la plus fervente défenseuse de ces privilèges scientifiques qui allait le contredire. Non ce n’était pas avec la bénédiction maternelle qu’il atteindrait son but cette fois ci.

« Hors de question jeune homme. Là seule chose que tu es autorisé à voir à cette heure c’est ton lit. Même chose pour toi Graham. »

La réplique qui lui servait de frère releva la tête des petits pois restants avec lesquels il jouait machinalement et comprenant le message, sortit de table son assiette en main. Un gamin bien élevé c’était à peu près ça. Malheureusement pour le couple Keynes ils avaient tirés deux numéros qui bien qu’identiques étaient diamétralement opposés. A côté du garçon obéissant et calme on trouvait donc un énergumène imprévisible et c’était là le rôle de Leroy. En bon dépositaire d’un tel caractère il savait bien qu’il se devait de s’acharner et cette soirée ne fit pas exception. Le jeune garçon tenta une nouvelle fois une percée dans le front adverse. Rien n’est impossible. Dicton enseigné par la scientifique chevronnée qui l’avait mis au monde. Elle devait donc sûrement savoir à quoi s’attendre.

« Mais maman ! On est ta famille ! Y’a prescription là ! Tu trouves ça normal qu’on ne soit jamais allé voir ton laboratoire autrement que pour les journées portes ouvertes où toutes les choses intéressantes sont cachées ? En fait si ça se trouve tu nous mens depuis le début et tu travailles dans les cuisines. Tout doit être vérifié comme tu dis toujours. »

Il avait tenté sa chance. Personne ne pourrait lui reprocher, pas même Hellen qui réprima un sourire à l’écoute de cette argumentation bien stable pour un enfant de dix ans. Son fils était turbulent mais pas incompétent. C’était certain. Pourtant pour assouvir son autorité elle le gratifia de l’habituel regard noir et Ezekiel sut immédiatement que la discussion était close. Plus d’une fois il avait tenté de passer outre le regard laser comme il l’appelait et cela n’avait jamais débouché sur quelque chose d’appréciable. Cette fois il ne commettrait pas cette erreur. Se levant et tournant les talons après avoir salué ses parents et récupéré l’embrassade coutumière, il se dirigea vers sa chambre. Là il s’affala sur son lit. Ainsi dans son antre il laissa vagabonder ses pensées vers le fameux Djinn et une solution le menant jusqu’à lui.

« Non maman. Je n’abandonne pas… »

La nuit promettait d’être mouvementée…
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MessageSujet: Re: < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes >   < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes > EmptyJeu 21 Avr - 21:55

L’inconscience a parfois du bon. Si Ezekiel Leroy Keynes n’était alors pas âgé d’à peine une dizaine d’années c’est certainement ce qu’il essaierait de dire pour expliquer son comportement. Mais à dix ans il n’en était pas encore capable et devait subir ce côté imprévisible qui le caractérisait. Enfin pour le coup c’était plutôt ses parents qui subissaient. Lui s’amusait bien de ce tempérament de feu. Chaque jour était empli de surprises. La routine était simplement un terme absent du vocabulaire ezekelien. Chaque jour, mais aussi chaque nuit. Celle-ci en était une preuve irréfutable.
Le jeune garçon s’était donc couché vexé et frustré par les paroles maternelles. Quand comprendrait-elle qu’il avait besoin de plus que de récits approximatifs pour maintenir un soi-disant secret professionnel. Il était la curiosité même, certes. Il était jeune, certes. Mais comment se responsabiliser si aucune opportunité ne lui était offerte ? C’était un cercle vicieux et Leroy était bien décidé à se maintenir en jeu quoi qu’il lui en coute. Une action coup de poing pour prouver à la marâtre et aux autres qu’il n’était pas qu’une boule de nerfs.

Ce soir là l’énergumène était obnubilé par le Djinn décrit pas sa môman avec bien plus d’ardeur que d’ordinaire. Jamais ô grand jamais il ne l’avait vu dans un tel état émotionnel à propos d’une découverte. La créature en question promettait d’être extraordinaire et Eze savait au plus profond de lui-même que c’était ce soir ou jamais. Quitte à tout risquer autant le faire pour quelque chose qui en vaille vraiment la peine. Ce quelque chose l’attendait bien sagement au laboratoire. Tout n’était désormais plus que volonté et débrouillardise. Se levant du lit qui aurait normalement dû l’aider à trouver les bras de Morphée, il remit ses chaussures avec toute la discrétion dont il était capable et, debout, il serra les poings avant d’entreprendre un tango à pas de loup jusqu’à l’extérieur de l’habitation familiale.

« Prépares toi Djinn. Eze entre en jeu. »

Par chance pour le jeune hurluberlu, le laboratoire ciblé par toutes ses pensées ne se trouvait pas très loin de leur lieu de résidence. Nombreuses étaient les heures où ce rêveur avait trainé autour de l’imposant bâtiment en y laissant vagabonder son esprit. Ce fut donc machinalement qu’il parvint jusqu’à l’entrée, nullement gêné par la noirceur de la nuit tout juste éclairée par un croissant lunaire timide. La suite ne fut pas beaucoup plus complexe. Présent à toutes les manifestations publiques du labo il avait vu plus d’une fois les différents codes être composés. Après un habile pianotage sur divers digicodes il atteint donc son but ultime. Le laboratoire 19 qui rendait si fière sa génitrice. Longtemps Ezekiel avait détesté cet endroit au plus haut point en l’accusant de lui voler la vie de sa propre maman. Mais, bien qu’autoritaire, cette dernière avait su expliquer sa fonction à ses fils au fil des années. La haine avait laissée place à l’envie et l’admiration. Deux sentiments qui aujourd’hui encore étaient sûrement liés à la présence de Leroy en ces lieux pourtant défendus.

Le premier des jumeaux Keynes était donc là, à la porte du laboratoire numéro dix-neuf. Le cœur battant et l’adrénaline à son paroxysme. La découverte défendue et passée inaperçue n’en serait que plus belle pour la curiosité maladive qui était sienne. Une pression sur l’interrupteur posé au mur lui révéla l’antre telle la caverne d’Ali Baba. Malgré l’excitation il fallut quelques secondes aux yeux du garçon pour s’adapter à la lumière blafarde caractéristique des salles scientifiques et leurs murs d’un blanc immaculé. Après cette latence nécessaire la vue se posa sans surprise directement sur la boîte en plexiglas qui dominait la salle, posée sur la payasse centrale comme la pièce maitresse d’une collection. Elles étaient là. Les deux pierres précieuses décrites pas Hellen. Ces yeux d’un bleu azur qui paraissaient scanner chaque mouvement. Leroy s’avança vers la cage transparente en ne quiant pas des yeux ces deux perles rares. Comme hypnotisé. Arrivé à quelques centimètres de la paroi plastifiée il dut s’ébouriffer à la manière d’un mammifère pour quitter cet état second. La description faite avait été des plus fidèle il se devait de le reconnaitre, mais le côté mystique de cet être n’était pas descriptible. « Il faut le voir pour le croire. » L’expression prenait ici tout son sens. Une merveille de la nature, voilà ce qu’avait Ezekiel sous les yeux en cet instant unique.

Les actions insensées sont légion dans la jeunesse et le jeune Keynes en était l’exemple parfait. Ne se satisfaisant pas de la simple vue de ce spécimen alors qu’il faisait pourtant partie des privilégiés, l’irréfléchi décida d’aller plus loin. Pousser le vice. Comme sa mère quelques heures auparavant il ôta le couvercle de ce cube où reposait le Djinn, mais téméraire le garçon ne s’arrêta pas là et tenta de toucher la créature inconnue. Pourtant l’être ne semblait pas d’avis à se laisser faire et plusieurs fois il esquiva le contact en courant à droite à gauche dans les recoins de sa prison dorée. La bête était agile. Néanmoins ce qui tôt ou tard devait arriver arriva, et Eze parvint à un contact avec le Djinn des sables. La surprise fut grande. Choc électrique. Brûlure. Picotements. Tremblements. C’est tout le corps de Leroy qui fit une réaction à ce contact. Si cela était descriptible on pourrait apparenter les sensations ressenties à un flux continu sablonneux parcourant chaque parcelle de son être.

« Qu’est… Qu’est… Qu’est-ce qu’il m’arrive ? AU SECOURS ! »

Un cri de désespoir. Frappé par la douleur Ezekiel s’était adressé au Djinn directement. A qui d’autre sinon ? Il était seul sous ces néons crépitant. Quel imbécile. Il allait mourir ici et ce n’était qu’un revers de médaille mérité pour entêtement et désobéissance. C’était la fin ni plus ni moins. Il laissait derrière lui Graham qui saurait sûrement faire la fierté de leurs parents. Lui avait échoué, c’était indéniable. Les soubresauts le parcourant en totalité le firent chuter à terre. Etalé là, face contre terre, il se préparait mentalement à y gire pensant à tout ce qu’il avait loupé. Pas d’amour, de femme, de mariage, ni d’enfants. Il mourrait seul, punition pour cet égoïsme incorrigible qui avait motivé ses gestes ce soir, allié à cette curiosité qui l’avait déjà rongé depuis des années. Le rictus de souffrance tordait de plus en plus un faciès pourtant agréable. Maman…

« Tiens bon. Ca va passer. »

Le cœur battant la chamade dans les tympans du jeune garçon redirent difficile l’ouïe de cette intervention mais Leroy parvint pourtant à en comprendre le sens avant qu’elle ne s’évapore. D’où venait cette voix qui semblait elle aussi en proie à l’émotion ? Elle lui était inconnue. Tant pis. Il n’avait pas vraiment d’autre choix que de lui faire confiance et rassemblant ses dernières forces il s’accrocha encore quelques minutes au carrelage à damier glacé du laboratoire. Cet acte de volonté lui permit de percevoir que la voix ne mentait pas. Petit à petit les sensations diminuèrent. Les aiguilles internes qui s’amusaient à le torturer diminuaient irrémédiablement et les spasmes étaient plus espacés, lui laissant le loisir mérité de reprendre sa respiration. Les minutes passèrent et bientôt les symptômes s’estompèrent, lui permettant de se remettre tant bien que mal sur pieds. Accoudé à la payasse, il reprenait ses esprits, en sueur.

« Alors c’est arrivé… Le lien est fait. Tu es donc mon homologue humain… »

Mais de quoi parlait cette voix ? Quel lien ? Homologue humain ? Peut-être que la réaction étrange dont il avait été la cible n’avait pas encore fini de faire des siennes et qu’il était pris d’hallucinations. Mais quelle bête l’avait piqué pour qu’il ose s’embarquer dans une telle péripétie. Incorrigible. Tournant la tête de droite à gauche dans une tentative d’observation de la pièce dans son ensemble pour essayer de déterminer la provenance de cette voix bienfaitrice qui l’avait extrait de la torture, ses yeux se posèrent finalement sur l’évidence même. Le Djinn. Lui aussi avait fait une réaction. Illuminé. Il s’était illuminé. Les couleurs sables le composant étaient devenues chatoyantes, luminescentes. C’était donc lui le responsable de cette mascarade. Un simple contact pouvait provoquer de telles souffrances ? Instinctivement, Eze s’écarta de la boite qui lui faisait face. Cet être était bien magique. Une magie puissante dont il ignorait tout.

« Ne t’inquiètes pas. Le mal est fait. Tu n’as plus rien à craindre. »

Tout s’éclairait. Cette fois il avait vu la scène de ses propres yeux. Cette voix suave au fort accent slave était bien la propriété de ce que l’on disait s’appeler Djinn. En plus de son potentiel magique la créature était donc douée de parole, et de raison ? Sa mère ne s’était donc pas leurrée en la qualifiant de découverte du siècle. Cependant les dires de la créature nouvellement découverte restaient flous et après les événements vécus il s’estimait en droit de demander des explications.

« C’était quoi cette… Réaction ? Vous êtes qui ? Vous faites comment pour parler ? C’est vous qui m’avez fait ça ? Vous venez d’où ? C’est déjà arrivé à d’autres gens ? Pourquoi vous êtes de cette couleur ? Ca brille ! »

Vous étiez prévenus. La curiosité est tout bonnement insatiable chez Ezekiel Leroy Keynes. Et encore, sa souffrance récente avait permis de limiter les dégâts en quelque sorte. Il se remettait toujours de la situation et nul doute que cela avait freiné sa réflexion pourtant acharnée. Plongeant ses yeux sombres dans cet océan prisonnier de deux billes, il attendit l’intervention du Djinn qui lèverait le voile sur leur court passif commun et toutes ses interrogations.

« Je m’appelle Masklinn et je suis le Djinn des sables. Si ton corps a réagi comme cela c’est parce l’autre moitié du noyau étant la source de mon pouvoir est entrée en toi. Nous sommes désormais liés. Il n’existait qu’une personne sur terre capable de recevoir ce lien et c’est toi l’élu. Tu es mon homologue humain et nous devons dès à présent rester ensemble. Si tu doutes de mes dires, regardes sous ton poignet gauche. Le symbole qui s’y est tatoué représente nos âmes respectives, liées. Maintenant sors moi de là, collègue. »

Ezekiel s’était exécuté sans trop réfléchir. Au contact du Djinn il avait eu un léger frisson d’appréhension mais finalement la créature avait vu juste. C’en était fini des réactions. Masklinn était venu tout naturellement se loger sur l’épaule gauche du garçon comme s’il avait toujours su que là était sa place. Etrangement, pour Leroy aussi la situation ne parut pas choquante. Peut-être qu’au plus profond de lui-même il se savait déterminé à une telle chose. Peut-être était-ce le destin qui l’avait poussé jusqu’ici. Possible. Mais si tel était le cas le destin était quand même bien sadique de lui avoir fait endurer toute cette perte de contrôle des plus douloureuses. Mais là n’était plus la question. Les deux compères quittèrent le laboratoire numéro 19 comme si cela coulait de source, en continuant à discuter. Après tout s’ils devaient partager toute leur vie, autant apprendre à se connaitre…

« Donc on va toujours rester tous les deux ? Le lien nous interdit de nous séparer ? »
« C’est ça ! De toute façon on ne peut pas être séparés. Je possède une magie qui me ramène à toi dans toutes circonstances. »
« Et moi aussi j’ai de la magie avec cette moitié de noyau en moi ? »
« Oui. Comme moi tu contrôles maintenant les sables. Il va te falloir en découvrir les possibilités et apprendre à les maitriser, mais ils sont dorénavant tiens. »

« Génial ! »

La discussion déjà bien amicale se poursuivit le plus naturellement du monde comme si les deux êtres étaient faits pour s’entendre. Mais oui, au final c’était bien cela. Leurs âmes étaient complémentaires, rien que ça. L’échange les mena – sans vraiment qu’ils s’en aperçoivent – jusqu’à la chambre du jeune Ezekiel. Déjà inséparables le Djinn vient se coucher sur le torse encore imberbe du garçon. Ce dernier laissa s’envoler ses pensées avant de s’endormir. Parmi elles restait une interrogation. Comment faire comprendre à ses parents qu’il était lié au Djinn ? Hellen perdait ainsi l’exclusivité de ce qu’elle nommait « son sujet d’étude. » Il était prêt à parier que la discussion serait mouvementée et la punition corsée mais qu’importe. Le jeu en valait la chandelle. Marchand de sable…

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MessageSujet: Re: < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes >   < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes > EmptyJeu 21 Avr - 22:01

La vie est parfois imprévisible et pleine de surprises. A peine âgé de dix ans, le jeune Ezekiel Leroy Keynes en faisait dès lors l’expérience enrichissante. Après la découverte et la liaison avec l’unique Djinn découvert à ce jour - et accessoirement sujet d’étude de sa mère – le tout en total infraction, le garçon s’attendait à recevoir châtiments, punitions et réprimandes diverses et variées que seuls les parents s’avaient mettre en place, dévoilant ainsi leur part assumée de sadisme, nécessaire à l’éducation. Pourtant cette fois ci, les répercussions furent clémentes au regard de l’action menée. Dire que l’événement avait été passé sous silence serait pourtant mentir. Ezekiel avait bien entendu dû subir un sermon digne de Martin Luther King, mais très vite les parents du jeune homme s’étaient rendus à l’évidence : ils devraient faire avec ce nouveau membre dans la famille. La nouvelle réjouissait presque la figure maternelle qui se voyait offrir son sujet d’étude sur un plateau, chez elle.

La situation faisait réfléchir les deux énergumènes. Non ils n’étaient pas coincés chez eux par une interdiction, mais nombreuses étaient les fois où ils auraient préféré cette alternative. Bloqués entre quatre murs ils auraient au moins été maitres du peu de mouvements qui restaient possibles. Au jour d’aujourd’hui le déroulement était tout autre. Oui ils demeuraient libres, mais en apparence seulement. Chaque jour ils étaient contrains de retourner au sein du laboratoire dix-neuf pour y subir les regards perçants de scientifiques chevronnés et étranges. Leroy n’osait désormais plus compter le nombre abracadabrantesque d’examens en tous genres qu’il avait du subir au nom de la science et de son évolution.

Malheureusement ce jour là n’échappait pas à la règle et une nouvelle fois le Djinn et son comparse avaient été trainés dès l’aube jusqu’à leur prison dorée et ses éclairages blafards. La ritournelle reprenait, inlassablement, chaque nouveau jour que Dieu créait. Deux semaines déjà qu’ils étaient passés au crible par tous les allumés du pays. Le plus rageant restant qu’à son âge Leroy ne pouvait pas espérer se plaindre et être entendu, qui plus est quand la sanction demeure moindre que ce qu’elle aurait dû être. Tous deux acceptaient donc leur sort en essayant tant bien que mal de mettre du cœur à l’ouvrage. Oui, au fur et à mesure ils s’étaient aperçus que travailler ces inlassables tests de leur pouvoir commun pouvait s’avérer bénéfique à leur maitrise de ce dernier. Autant regarder cette torture d’un œil positif, de toute manière, impossible d’y couper.

« Retire-moi ce pyjama. Aujourd’hui : Test de réactivité aux coups. »

La grande prêtresse avait parlé, d’un ton dictatorial. La sentence était sans appel et le jeune Keynes dû se plier aux exigences maternelles. De maternel ces exigences n’avaient pourtant que l’intitulé. Hellen agissait, depuis ces deux semaines, en véritable bourreau et ce même envers son propre fils. Celui-ci commençait d’ailleurs à mieux percevoir les raisons de sa supériorité au sein du laboratoire. Ses ordres s’érigeaient telle la muraille de Chine, inébranlables. Quiconque tentait tout de même de les controverser se voyait remis à la place que la matriarche déclarait être la sienne, plus bas que terre bien souvent. Staline et autres Mussolini n’avaient qu’à bien se tenir. Le règne hellenien était en marche.
Le jeune garçon ne voulait donc naturellement pas vexer Franco dans l’exercice de ses fonctions et très vite le pyjama de coton orange qu’il arborait, git à ses pieds ne lui laissant sur la peau qu’un boxer de la même couleur. Aussitôt fait l’acte fut regretté. Un tsunami de frissons vint parcourir le corps quasi nu et pré-pubère d’Eze. Les frissons étaient néanmoins faits maison, si l’on pouvait encore nommer la chose « frisson » d’ailleurs. En effet, en guise desdits frissons Ezekiel lui se voyait attribuer des grains de sable pigmentant sa peau. Même réaction mais composants différents. Le phénomène continuait de passionner sa mère qui leur avait fait élire domicile dans le bâtiment pour pouvoir étudier cette magie sous tous ses aspects et dans toutes les situations, raison pour laquelle son fils avait été trainé dans la pièce en pyjama. Non la journée ne comportait pas de test sur les frissons sablonneux mais si l’érudite pouvait faire d’une pierre deux coups… En attendant, aux côtés du défunt pyjama trônait une masse ocre vestige de la nuit du jeune homme. Oui il était encore monnaie courante qu’il retrouve du sable en quantité astronomique un peu partout où il était. Preuve d’un contrôle encore difficile. Il espérait évidemment que ces nombreuses bavures s’estomperaient avec le temps et la pratique. L’espoir fait vivre…

« En position dos au mur de capteurs. Les coups sont aléatoires. Concentrez-vous. »

Oui, désormais tout le monde connaissait Masklinn et n’ignorait pas que le Djinn faisait partie intégrante du phénomène qu’ils étudiaient. Il était ainsi devenu normal de s’adresser aux deux énergumènes d’un coup. Non, parler à un Djinn ne semblait déranger personne. Etrangement, Mask qui détestait cet endroit, appréciait pourtant parfois la manière dont il y était perçu. Rassurez-vous personne au monde qu’il soit humain ou non n’osait prétendre qu’il pouvait ressentir du plaisir à être traiter comme un objet d’étude. Le contentement de la créature était plutôt due au rapport amical qui grandissait jour après jour entre Ezekiel et lui, mais aussi à la satisfaction d’être – entre deux tests – traités comme un être à part entière. Les scientifiques - aussi tordus qu’ils puissent demeurer – avaient compris que le Djinn était doué de parole et de conscience et n’hésitaient pas à lui parler pour lui demander d’exécuter telle ou telle action. Non la situation n’était pas enviable mais bien plus vivable que si l’équipe s’était contentée de le trimballer ça et là comme un vulgaire objet.

Les deux amis venaient donc de se placer dos à ce mur de capteurs qui avait sûrement dû couter les yeux de la tête. Masklinn reposait comme à son habitude sur l’épaule gauche de Leroy et tous deux patientaient jusqu’au lancement de l’exercice. Le premier impact ne tarda pas à se faire connaitre. Face à eux un autre édifice venait de projeter un gant de boxe jusqu’à l’épaule droite du garçon. Le gant imprévisible avait donc frappé cette partie du corps. L’effet recherché par Hellen Keynes ne se fit pas attendre. Quasiment inconsciemment, l’épaule d’Eze venait de se durcir pour encaisser le choc. Le phénomène n’était pas compliquer à décrypter et l’équipe travaillait dessus depuis déjà quelques jours. Tous avaient découvert que le sable contenu dans le corps du jeune homme réagissait entre autres aux coups en se concentrant sur la partie du corps visée pour accueillir le choc sans grands dommages.

« Fascinant. On accélère ! »

Aussitôt dit aussitôt fait. Les gants de boxe sortant du mur imprévisible venaient frapper le corps nu avec plus d’ardeur et moins de latence entre chaque coup. Pourtant à chaque impact le sable était au rendez-vous, fidèle à son poste, campant sur ses appuis, que ce soit dans les cuisses ou les côtes. Pourtant à mesure que la machine adversaire intensifiait son exercice, des marques verdâtres parsemaient l’anatomie de Leroy. Des bleus qui mélangés au corps sablonneux étaient devenus verts. Non Ezekiel n’était pas invincible et Hellen le savait bien. Cependant le test restait trop simple pour les deux compères à ce niveau là et la scientifique n’était pas dupe. Si elle voulait en apprendre plus il fallait les pousser dans leurs retranchements. Indubitablement. Aussi programma t-elle le prochain impact avec cette idée en tête. La science entrait en jeu. L’initialisation avait laissé le temps de souffler à Eze et Mask qui ne semblaient pas inquiétés par ces gants rouges qui leur fonçaient dessus à intervalles irréguliers. La routine. Non le jeune garçon ne maitrisait pas encore toutes les facettes de ce grand pouvoir qu’il avait malencontreusement dérobé. Il était même certain de ne pas en connaitre toutes les possibilités. La part de mystère était encore grande, mais il avait confiance en son compagnon dont il partageait la vie depuis deux semaines déjà. Néanmoins deux semaines ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre ça renforce des liens qui étaient déjà présents puisqu’il était l’élu de cette relation magique. Les deux hurluberlus, malgré des désaccords liés à deux caractères forts, n’avaient donc pas besoin de faire d’efforts pour se comprendre. Ezekiel avait d’ailleurs appris le dialecte Djinn en deux temps trois mouvements. Une nouvelle fois il avait ressenti l’étrange sensation de simplement faire ressortir de vieilles connaissances de son esprit. Pas d’apprentissage assidu et ardu. Une facilité déconcertante. Ce dialecte restait très utile pour discuter sans se faire comprendre des autres présences. Dans le cas présent, pas d’interjection. La compréhension s’était passée de mots. L’attaque prévue par la marâtre s’était lancée un énorme poing violet était venu frapper l’abdomen du jeune Keynes. La suite coula de source pour les deux êtres liés mais impressionna Hellen. La jeune femme avait émis à juste titre l’hypothèse que l’impact produit serait trop puissant pour que le sable contenu dans le corps de son fils soit efficace. Pourtant elle avait négligé la présence du Djinn. Ce fut lui la clef de la situation. Au moment du choc il s’alluma. Oui, il s’alluma. Telle une lampe il devint luminescent, synonyme de libération de la magie qu’il renfermait. Combinée à l’autre moitié présente dans l’être que composait Ezekiel, elle réussit à atténuer l’impact et les dommages causés. Nul ne prétend pourtant que l’effet fut annulé. Leroy et Maskliin furent projetés contre le mur de capteurs dans leur dos et tous deux eurent le souffle coupé pendant plusieurs secondes. La marque verte laissée par le gant était imposante et il ne faisait aucun doute que sans l’intervention du Djinn, Eze aurait été dans un sale état. La mère de famille semblait consciente du risque qu’elle avait fait courir à sa progéniture, mais le sourire Colgate qu’elle affichait avait balayé sans ménagement tous ses états d’âme. Elle avait agit de la sorte au nom de la science et le résultat était probant. Voilà tout ce qui importait aux yeux du monde.

« Voilà donc votre secret. Sa manifestation ne trompe personne. Votre magie est liée et circule entre vos deux êtres ! Passionnant… »

L’érudite était repartie dans son monde fait de calculs et d’expériences farfelues. Griffonnant à la hâte ses observations dans un vulgaire cahier qui lui servait de bloc-notes en attendant une entrée dans le dossier 18 054. Ses yeux de jade quasi révulsés parcouraient ses notes à une vitesse déconcertante. La transe scientifique était de nouveau en action dans ce corps paraissant pourtant bien frêle. Les deux sujets de l’expérience eux tentaient de récupérer de la dernière attaque qu’ils avaient dû subir. Appuyés contre le mur ils reprenaient leurs esprits et leur souffle à l’unisson, petit à petit. Tout était allé très vite mais la sensation brûlante du sable parcourant leurs êtres ne pouvait les tromper. Masklinn retrouvait doucement ses couleurs orangées habituelles qui contrastaient toujours autant avec ces deux perles azur. Mais l’un comme l’autre étaient encore des enfants, différents mais au même stade dans leurs enveloppes respectives, et l’événement ne les inquiéta pas le moins du monde. Comme tout enfant témoin d’une étrangeté, ils s’en amusèrent.

« Hey Mask ! Si tu sais pas quoi faire plus tard tu pourras toujours te reconvertir en guirlande de Noël ! »
« Et toi t’es tellement vert que tu feras le sapin ! »

Les deux rires cristallins et innocents se mêlèrent. Tous les deux se savaient uniques de par leur lien, mais le potentiel alors offert ne les effleurait pas. Il en était de même pour les responsabilités qu’un tel pouvoir et une telle communication exceptionnelle et magique impliquerait. A dix ans l’innocence et la naïveté exerçait encore son labeur dans l’ombre. Seulement dans quelques années Hellen, elle, savait pertinemment que son fils et son Djinn seraient sollicités par le Gouvernement. C’est pourquoi elle imposait un rythme digne des douze travaux à des enfants. Plus vite elle en saurait un maximum sur ce lien et ses répercussions, plus vite elle serait en mesure de préparer les deux comparses à un avenir mouvementé. Non, son amour pour la science avait des limites. Ses agissements actuels étaient dictés par autre chose : l’amour d’une mère pour son fils. La science n’y comprendrait jamais rien et tant mieux…
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MessageSujet: Re: < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes >   < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes > EmptyJeu 21 Avr - 22:10

« Alea jacta est. » Le sort en est jeté. Oui, Ezekiel et Masklinn s’avaient depuis des années que leur avenir était promis à de grosses actions pour la société. Désormais âgés tous deux de seize ans ils n’en étaient alors que plus conscients. Comment espérer passer inaperçu avec une telle particularité, totalement unique qui plus est. Impossible. Heureusement le jeune – désormais adolescent – n’en espérait pas moins. En grandissant il s’était naturellement affirmé et loin de lui était dorénavant l’idée de se fondre dans la masse. Toute sa personnalité et son caractère prétendaient d’ailleurs le contraire. Au grand damne de ses parents, les deux comparses étaient voyants et aimaient ça autant l’un que l’autre. Après tout quel était l’intérêt de vivre caché ? « Pour vivre heureux vivons cachés. » paressait ainsi aux yeux du duo infernal l’idée la plus saugrenue qu’il soit. Pourtant ce désir instinctif de faire du bruit sur leur passage n’avait pas altéré le caractère jovial et positif de l’équipe. Pas de grosse tête ou de chevilles enflées à l’horizon. Leroy avait su rester un garçon simple, même au travers de l’adolescence et toute sa panoplie d’hormones plus vicieuses les unes que les autres. Cette simplicité demeurait vestige de l’éducation parentale et ses géniteurs n’en étaient pas peu fiers. Leur fils avait été en mesure d’éviter le fléau criminel qui sévissait chaque année avec plus d’ardeur sur les grandes villes de ce monde.

Ezekiel était donc parvenu à un compromis caractériel agréable à vivre pour la communauté. Cependant au milieu de tout cet humour, courage et autre bavardage, trônaient une émotivité et une curiosité gargantuesques que les voies paternelles avaient eues bien du mal à contrôler. A un tel âge le corps change et cette nouveauté amène des rêves plein la tête qui prennent des proportions souvent démesurées. Cette fois ci Eze n’avait pas échappé à la règle et durant cette période il prenait toute chose lui étant confiée, très à cœur. Trop. Malheureusement, comme si cet entrain incessant ne suffisait pas à rendre la vie dure aux parents Keynes, il avait fallu que l’annonce primordiale qui déterminait d’un coup d’un seul l’avenir du premier des jumeaux, arrive à cette période de la vie du jeune homme. Comme le détonateur d’une bombe remplie d’énergisants. L’annonce en question qui bouleversait d’ores et déjà la vie d’adolescent paisible des deux compères n’étant autre qu’une lettre des hautes sphères du Gouvernement. Le Gouvernement lui adressait une missive à lui, Ezekiel Leroy Keynes, tout juste âgé de seize ans. Nul besoin de préciser que la pratique n’était pas commune. Le Gouvernement avait pris pour habitude d’adopter une tactique silencieuse et ne communiquait pas beaucoup avec la population. Recevoir une lettre gouvernementale chez soi représentait ni plus ni moins qu’un événement pour cette famille placée de manière respectable dans la pyramide des classes nouvelle génération. A la vue du cachet désormais célèbre, tous avaient pensé que le courrier était évidemment adressé à la mère de famille ou éminente scientifique pour le compte du Gouvernement justement. Personne n’était dans l’ignorance du destin qui se profilait pour Leroy mais l’idée n’avait alors traversée aucun des esprits présents autour de cette enveloppe mystérieuse. La surprise fut donc grande lorsqu’ils décelèrent que l’objet de leur attention était destiné à Ezekiel. Le paternel qui tenait ce trésor eu d’ailleurs du mal à le céder à son jeune fils. L’évidence était abasourdissante pour toute l’assemblée et c’est fébrile que le jeune garçon décacheta l’enveloppe pour en extraire la lettre qu’il finit par lire à voix haute avec une émotion non dissimulée.

Cher Monsieur Ezekiel Leroy Keynes,

J’ai le plaisir de vous annoncer que vous recevez en ce jour la présente lettre en raison de vos capacités importantes. En effet, vous vous en doutez sûrement, le Gouvernement a des yeux et des oreilles partout. Il nous a donc été rapporté que vous étiez un jeune homme au large potentiel. L’objet de cette missive est donc tout trouvé : le Gouvernement vous désire ardemment dans ses rangs. Nous ne saurions nous passez de membres prometteurs au regard de la montée des rébellions et crimes divers. La proposition qui vous est faite est donc de rejoindre l’élite en intégrant le cinquième escadron afin de devenir un membre à part entière de l’escadron tactique.
Désormais âgé de seize ans, votre intégration est rendue possible et j’ose espérer que vous mesurerez la chance qui vous est offerte ainsi que les risques pris par le Gouvernement à vous accorder sa confiance si jeune. Pour réponse des hommes seront envoyés.
Mes respects,

Sheldon Bennett, responsable du recrutement.


L’émotion avait serrée la gorge de l’orateur et humidifié les yeux de l’assistance. Un grand calme suivit le dernier son étouffé du principal intéressé, comme pour permettre à chacun de se remettre tant bien que mal de cette vive émotion qui débarquait sans prévenir dans une vie ordonnée et routinière. Pourtant ce n’était pas un dérangement que tous ressentaient en cet instant mais bien une fierté sans nom. Si jeune et déjà si prometteur que le Gouvernement s’empressait de l’appâter dès qu’il eut rempli les quotas. Voilà ce que pensaient les parents principalement. Rayonnants d’un plaisir des plus apparents. Oui, la famille Keynes était basée sur une éducation où Gouvernement était synonyme de fierté nationale. L’opinion était bien évidemment controversée, mais il ne pouvait en être autrement au sein de cette famille touchée de toutes parts par le rayonnement gouvernemental. La question semblait ne pas se posait non plus pour Ezekiel. Quoique.

« Tu vas accepter ? »

Voilà finalement que la question s’imposait à lui. Mais cela paraissait naturel. Il aurait de toute manière à répondre au Gouvernement, il pouvait bien éclaircir les interrogations familiales. Le plus surprenant restait que la loi du silence qui régnait jusqu’alors sur l’auditoire fût brisée par Graham. Le second jumeau, silencieux, obéissant et un peu effacé par l’exubérance et la situation particulière de son homologue, semblait s’inquiéter du départ de son frère. Il faut dire que malgré l’arrivée de Masklinn et sa relation plus que fusionnelle avec Leroy, les deux jumeaux s’entendaient à merveille de par leurs caractères opposés mais complémentaires et jamais, jusqu’à présent, l’un n’avait vécu sans l’autre. Seize années de partage qui s’envolaient via cette lettre qui venait de faire l’effet d’une bombe dans le cœur du jumeau. Eze aussi fut touché par le son chevrotant de la voix de son frère. Graham, contrairement à lui, ne laissait que très rarement libre cours à ses émotions et ce trop plein d’émotions ne représentait rien d’autre qu’une très belle preuve d’amour aux yeux d’Ezekiel. Et pourtant. L’un comme l’autre connaissaient parfaitement la réponse qui serait formulée. C’était inévitable et le premier des jumeaux se força à éclaircir la situation dès à présent pour ne pas faire souffrir sa moitié avec des espoirs vains.

« Oui… C’est un honneur… »

Graham s’était contenté d’acquiescer à l’écoute de l’énoncé, imité par toute la famille présente. L’émotion faisait encore des siennes malgré l’évidence. Tous savaient que tôt ou tard il en serait ainsi, mais chacun s’accordait à penser que ce tôt prévisible arrivait bien trop tôt. Personne n’avait vraiment eu le loisir de se préparer psychologiquement au départ d’un des membres, du foyer familial. Pourtant c’était désormais chose certaine et après un temps de latence nécessaire à l’absorption de la nouvelle, cette dernière fut fêtée dignement. Seize années, un élément perturbateur, et un grand avenir se profilant à l’horizon. Voilà comment pouvait alors être résumée la vie d’Ezekiel et son Djinn…

₪ ₪ ₪ ₪ ₪


Ce qui devait arriver, arriva. Tous les signes avant-coureurs avaient été annoncés. Ezekiel Leroy Keynes ne pouvait plus éviter l’inévitable, bien qu’à première vue il ne désirait pas se soustraire à un avenir prometteur. Déjà une semaine que la lettre dévastatrice avait fait irruption dans le paisible foyer. Dès la lecture le jeune adolescent avait su qu’il répondrait à l’invitation par l’affirmative, mais les choses ne furent pas aussi simples en pratique. Leroy ne saurait l’expliquer mais il sembla que toute sa famille, d’ordinaire au diapason, avait retourné sa veste. Tous sans exception avaient tenté – en vain – d’empêcher le départ du fils prodige avec l’énergie du désespoir, comme l’on pourrait tenter d’arrêter une balle à mains nues. Evidemment cette volte face inattendue n’avait pas facilité la tâche ezekelienne durant ce qu’il vécut comme la plus longue et éprouvante semaine de son existence. Expliquer à chacun des membres de sa famille que sa décision était prise depuis longtemps déjà et que rien ni personne ne pourrait la faire changer fut un réel crève-cœur pour ce garçon encore jeune et très attaché aux valeurs familiales malgré sa détermination. Le plus déstabilisant restant les supplications maternelles. Hellen aussi avait tenté sa chance. Eze avait d’abord crû à une farce venant de celle qui depuis son plus jeune âge lui rabâchait les oreilles avec les exploits gouvernementaux, mais non. La désillusion fut grande. Secrètement il avait durement espérer le soutien de celle qu’il désignait comme la plus apte à le comprendre dans la situation présente. Malgré tout Leroy tient bon et les plus réticents furent convaincus du bien fondé de cette importante décision au bout de cette dure semaine de labeur psychologique.

Les valises étaient bouclées. Plusieurs jours déjà qu’elles prenaient la poussière sur le perron. La nouvelle était connue de tous. Personne n’ignorait que des gouvernementaux passeraient tôt ou tard récupérer une réponse et présentement un jeune adolescent débordant de vitalité et de joie de vivre. Le problème résidait dans la non datation de la tant attendue venue. Le suspens était de tous les instants, faisant vivre la maison au ralenti. Impossible pour les Keynes de programmer quoique soit en courant le risque de tout voir interrompu par le débarquement des unités gouvernementales. Une simple virée courses amenait un lot de stress astronomique, obligeant le groupe à se scinder et à maintenir tout le monde sur le qui-vive. Nul ne sait combien de temps ils tiendraient cette pression de tous les instants. Une famille modeste n’était pas préparée à toutes ces émotions. Secrètement, et ce malgré le déchirement d’y perdre Ezekiel et Masklinn, les trois autres espéraient voir les silhouettes de l’avenir se profiler à l’horizon incessamment sous peu. Evidemment le souhait formulé en silence finit par se voir exaucé, après six jours d’angoisses diverses. Pourtant à la vue de d’un homme et une femme découpant le paysage l’angoisse parentale ne se volatilisa pas. A l’inverse elle redoubla d’intensité. Si jeune, leur fils saurait-il s’en sortir ? Serait-il assez encadré ? Il était instable… Etait-ce vraiment sa place ? Autant d’interrogations que partageaient intérieurement les figures parentales. Questions muettes jalousement gardées. Peut-être ces soldats éclaireraient-ils leurs lanternes respectives…

Ezekiel aussi observait la scène aux premières loges. Les membres de sa famille en arrière garde, il eut tout le loisir d’observer les nouveaux venus traverser la longue allée – entretenue amoureusement par le patriarche – qui séparait l’habitation de l’entrée de leur domaine s’il y était convenu d’appeler une maison et un jardin, de la sorte. Une démarche assurée, droite, travaillée et un faciès gorgé de détermination. Voilà ce que le jeune garçon retient de sa première vision de ces inconnus qui partageraient peut-être bientôt sa vie. Dans ces deux êtres se reflétait tout le travail du Gouvernement. Il semblait d’usage et coutumier de mettre tout son cœur dans une mission, même si celle-ci ne concernait qu’un simple recrutement, qui plus est d’un jeune adolescent. Qu’importe, les deux envoyés se présentèrent avec les expressions habituelles, comme une leçon apprise avec assiduité.

« Escadron de recrutement. McCollins et McLane au rapport. Nous avons pour mission de récolter la réponse du jeune Ezekiel Leroy Keynes suite à la proposition qui lui a été faite. »

Masklinn observait lui aussi ces soldats à l’allure stricte et froide. Cette vision lui fit presque regretter les fous qui peuplaient les laboratoires de la section magique. Il espérait réellement qu’ils n’oseraient pas demander à son compagnon d’adopter un tel comportement car il se ferait un plaisir de l’en empêcher personnellement. Pourtant à peine cette idée lui avait-elle traversé l’esprit qu’il sut que jamais elle ne serait en mesure de se réaliser. Leroy était différent de cette peuplade lobotomisée et le Djinn s’amusait d’avance des efforts que les administrations devraient fournir pour tenter en vain de le faire rentrer dans une case. Ils le voulaient, ils allaient l’avoir.

« C’est moi. »

Détermination et assurance. Voilà ce qu’avait tenté de véhiculer l’adolescent qu’était Ezekiel Leroy Keynes, dans sa voix. Cependant à cet instant dans son esprit juvénile et tourmenté plus aucune certitude n’avait de place. Si le soutien familial n’avait pas été présent à ses côtés qui sait s’il n’aurait pas pris ses jambes à son coup. L’aura d’assurance que dégageaient ses interlocuteurs était déstabilisante pour ce garçon qui avait pourtant toujours su où il voulait que les vents le poussent. Reprendre ses esprits. Respirer, se calmer, et être clair. Voilà la clef. A seize ans il avait toutes les cartes en main, à lui de les abattre avec jugeote. Son intervention équivalait à un pas vers son futur, à lui de faire les autres. Pour ponctuer cette réflexion Eze disparut l’espace d’un instant derrière la barrière humaine que formait le reste de sa famille, pour en ressortir avec deux grosses valises dans les mains. Elles avaient été placées là volontairement afin de pouvoir esquiver avec tact si la confrontation avec les membres du Gouvernement s’était révélée trop insatisfaisante aux yeux du premier des jumeaux Keynes. L’action fut suivie du regard par ses parents et son frère qui en mesuraient naturellement l’impact sur leur propre vie future. Tous savaient que la vie à quatre et demi s’achevait par ce geste symbolique et chacun tenta de retenir l’émotion qui serrait les gorges et mouillait les yeux.

« J’accepte. Je suis des vôtres. Allons-y. »

Les paroles proclamées avaient été directes. Certains trouveront cette manière d’agir hâtive et irrespectueuse du cocon familial, néanmoins Ezekiel savait lui que c’était la meilleur option. Personnellement il aurait apprécié des au revoir - car oui il reverrait sa famille dès que possible - intimes et personnalisés, mais il n’était pas dupe. Agir de la sorte n’aurait satisfait que sa petite personne. Ce n’était en aucun cas le moment de contenter son égoïsme, le bien de la communauté passait avant son intérêt personnel, indéniablement. C’est pourquoi il n’en fit rien. A voir l’émotion qui emplissait tous les êtres présents qu’il chérissait il n’ignorait pas qu’un départ rapide serait plus facile à gérer pour leurs cœurs qui déjà tambourinaient avec force contre leur poitrine poisseuse d’anxiété.

Les deux chargés de mission se contentèrent d’acquiescer et chacun s’empara sans un mot des valises du jeune garçon désormais membre d’élite. Ce dernier jeta un dernier coup d’œil à sa famille bien aimée à qui il avait déjà eu tout le loisir de prouver son amour infini. En dernier geste il leur envoya un baiser de la main et leur tourna rapidement le dos pour cacher les larmes qui perlaient déjà abondamment des joues rosies par le froid. Il savait pertinemment qu’il faisait là le bon choix et qu’il serait à sa place dans l’escadron tactique. Et puis il retrouverait le bonheur familial avait plus d’entrain lors des permissions, il faudrait juste être patient. A seize ans il prenait son destin en main et malgré les sacrifices il n’en était pas peu fier. Désormais il agissait dans son intérêt et celui de l’organisation qu’il représentait. Il était du cinquième escadron. Honneur. Voilà qui résumait habilement le ressenti de l’adolescent. Marchant d’un pas décidé dans cette allée dont il faisait crisser les graviers, il se dirigeait vers un avenir prometteur. Ezekiel Leroy Keynes venait mettre son grain de sable dans le monde…
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MessageSujet: Re: < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes >   < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes > EmptyJeu 21 Avr - 22:16

Grimper les échelons. Beaucoup y aspiraient secrètement ou non. De nombreux gouvernementaux voyaient l’ascension, la promotion, comme le but ultime à atteindre. Certains escadrons se voyaient même pénalisés par une concurrence récurrente entre leurs membres. L’efficacité en était logiquement affectée. Egoïsme et intérêt personnel. Voilà ce qu’avaient retenu ces hommes de leur place au sein de l’escadron. Ezekiel, lui, avait, dieu merci, une vision bien différente de cette ruée vers l’or et la gloire. Il n’ignorait pas, même plusieurs années plus tard, la chance qui lui avait été offerte de trouver si jeune sa place dans la société et ce pour quoi il était fait. Pour lui pas de prise de tête et d’angoisses diverses sur un avenir incertain. Tout lui avait été servi sur un plateau. Aujourd’hui encore il en était plus que reconnaissant au Gouvernement et c’est sûrement ce qui le poussait à ce donner corps et âme sans la moindre attente. Non Leroy n’espérait primes et autres pots de vin. On lui avait fait confiance malgré les risques de la jeunesse, il tenait à se montrer digne dans toute mission qui lui était confiée. Ne crions pas victoire trop vite. Le jeune homme avait tout de même gardé sa manière personnelle d’appréhender et d’exécuter les ordres. Le cinquième escadron ne s’ennuyait pas avec un tel soldat, c’était certain. Assiduité et originalité ça ne rimait pas inutilement…

De par ces traits de caractère Ezekiel ne s’inquiétait généralement pas de ces postes à pourvoir et des tentions qu’ils créaient. Lui était membre et cela lui convenait parfaitement. Il y avait déjà tant à faire avec un tel rôle… Pourtant cette fois ci la chose c’était imposée d’elle-même puisque c’était au sein de son régiment adoré qu’une promotion allée être annoncée. Déjà quelques jours que leur commandante avait déclamé lors d’une assemblée générale, qu’elle s’apprêtait à nommer un nouveau sous-commandant parmi les soldats. La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe parmi les élèves et tous allaient de leurs pronostics et rêves à demi avoués. Dire que le jeune Keynes ne participa pas à l’engouement provoqué serait mentir. Même si il n’osait pas se l’avouer à lui-même, s’estimant déjà assez verni comme cela, comme chacun il espérait entendre son nom. Pourtant il avait réussi à cacher son jeu de manière admirable, si bien qu’il ne fut pas surpris de ne jamais entendre son nom dans les pronostics de ses collègues. Personne n’ignorait cependant qu’il était le plus expérimenté de leur équipe du fait de son enrôlement à seulement seize ans. Mais tous voyaient Eze comme le boutentrain de service qui faisait certes son boulot, mais que l’on reconnaissait pour son humour et sa langue bien trop pendue. Mister Catastrophe dans les hautes sphères ? Et puis quoi encore…

Inutile de préciser que les autres réunions générales qui suivirent furent baignées de malaise au sein d’une équipe pourtant soudée en temps normal. Pour beaucoup plus rien ne comptait si ce n’était la vision de cette hypothétique montée en grade. Ceux là n’hésitaient d’ailleurs pas à user de stratagèmes - dont l’éthique serait assurément discutable – pour briller de mille feux aux yeux du chef. Celle de la semaine précédente n’avait pas échappé à la règle et de grands silences calculateurs s’étaient installés dans ce qui aurait dû être un moment d’échange. Beaucoup profitaient d’avoir toute l’équipe sous les yeux pour tenter de sonder leurs propres chances. Regards fuyants ou en biais et joutes verbales s’enchainaient en une danse déconcertante. Cette dernière prit fin sur un couac dans l’assistance.

« C’est Ezekiel qui aura le poste. »

La voix venant rompre un silence de mort aux tensions apparentes surprit tout le monde et surtout l’intéressé. Ayant pourtant l’habitude de sa présence, tout le régiment mis quelques secondes à déceler que l’intervention était à accorder au Djinn, Masklinn. Une fois le rapprochement fait certains crurent à l’humour caractéristique de leur compère original, d’autres à du favoritisme du fait de leur lien si particulier, mais tous abandonnèrent leur hypothèse à la vue de la créature des sables. En effet, Mask avait décidé de prouver l’authenticité de ses dires par une détermination sans faille, véhiculée par la totalité de son être, petit mais envoûtant. Dans ces billes azurées, personne ne pouvait se leurrer, sincérité et conviction étaient lisibles avec une facilité déconcertante. Et comme pour rallier les derniers sceptiques à ses certitudes, le jeune magicien des dunes continua son plébiscite.

« Croyez-moi. C’est une créature magique qui vous parle. Le pouvoir ne trompe pas. Leroy sera votre supérieur et c’est une bonne chose pour ce groupe. Tout le monde le sait. Acceptez l’évidence. »

Mais qu’il se taise… Mon dieu… Les oreilles du jeune Keynes commençaient à bourdonner et les tempes jouaient déjà tambour battant. Le teint rougeâtre et les joues cramoisies, si le garçon avait pu disparaitre sur place il se serait exécuté sans broncher. Voilà un exemple des soucis rencontrés par la vie à deux continuelle. Le membre des apprentis ne partageait pas toujours l’opinion de son comparse et il ne lui était pas possible de contrôler indéfiniment ses paroles. Il arrivait donc que le duo de choc se retrouve dans ce genre de situations des plus délicates à gérer pour un couple imposé par la vie elle-même. A cet instant Ezekiel ne pensait réellement pas être l’homme qui serait désigné quelques jours plus tard comme le nouveau membre à part entière des Black Warriors, et l’assurance déployée par son compère donnait, logiquement, à l’auditoire l’impression que cette idée était partagée par les deux parties d’habitude au même diapason. Pourtant cette fois-ci il n’en était rien et le jeune homme ne croyait pas en la prophétie du Djinn. Non il ne méritait pas cette place plus qu’un autre. Oui il n’avait prêté part à cette compétition quotidienne qui battait son plein depuis l’annonce, mais il avait aussi des techniques d’exécution peu orthodoxes et il était quasi insensé d’oser croire que le Gouvernement prendrait le risque de lui laisser les appliquer avec un rayonnement plus important. Des risques il en avait déjà pris pour cet homme. Ezekiel ne comptait aucunement abuser du laxisme gouvernemental à son égard, lui l’enfant prodige. Egal aux autres. Point final. Et pourtant, la sagesse djinniesque, même éphémère, n’était pas à prendre à la légère…

« Monsieur Keynes. Vous êtes demandé dans le bureau du chef. »

L’énoncé vient interrompre l’éloge du Djinn des sables, mais au grand damne du soldat, le sujet de l’attention n’avait lui pas changé. Il était encore et toujours le centre de l’activité de cette réunion qui semblait sur le point d’être ajournée pour des circonstances le concernant à nouveau. En règle générale la timidité n’était pas un problème qu’il rencontrait tous les quatre matins, mais le sujet faisait tellement polémique qu’il aurait désarçonné même le plus habile des cavaliers. La tête responsable de ce dérangement était apparue dans l’encadrement de la porte de la salle de réunion. Il s’agissait d’un membre du personnel à qui on avait sûrement demandé de simplement transmettre l’information. Le commis ne tarda d’ailleurs pas à s’éclipser, la tension était palpable. L’air se faisait lourd.

Que lui voulait leur chef pour l’obliger à un déplacement jusqu’au Panthéon ? Non, détrompez-vous, à cet instant précis rien n’avait été mis en lumière aux yeux du soldat gouvernemental. Peut-être avait-il gardé une part de naïveté enfantine. Le plus probable restant que le jeune homme ne s’était permis aucun pronostic puisque l’idée même que cette convocation fusse pour lui offrir le poste qui avait tant fait couler d’encre lui paraissait juste absurde. Il s’était mis en route avec son compagnon, l’esprit tranquille. Ce dernier était resté silencieux durant tout leur trajet, comme stressé et Eze n’avait pas osé interrompre cet état peu commun. Lui était bavard mais c’était désormais peu de chose face à l’inusable Djinn. Un peu de répit n’était pas du luxe. Le voyage fut donc solitaire, laissant chacun à ses pensées ô combien opposées.

« L’heure de vérité... »
« Arrête ton char ! Elle va juste se déclarer honorée de m’attribuer les corvées de chiottes. Saleté de cérémonial ! »

L’unique échange entre les deux comparses face à l’imposante porte métallique, dernier rempart avant le bureau de la commandante du cinquième escadron, montrait bien la variance des états d’esprit juste avant la confrontation. Qui sortirait vainqueur de cette joute mentale ? Personne ne pouvait encore le garantir. Pourtant une chose était certaine : chaque participant campait ardemment sur ses positions. Têtus comme un troupeau de mules. « Qui se ressemble s’assemble… »

Poussant finalement la porte massive, le duo inséparable pénétra, non sans émotion, dans l’antre sacré. Ce bureau représentait à lui seul la puissance des hautes sphères. C’était un événement sans précédent pour le jeune homme qui se considérait encore comme un simple soldat. Le commandant trônait là comme la cerise sur le gâteau. La vision de cet être déstabilisa Ezekiel, anéantissant le peu d’assurance qu’il lui restait. Nul ne sait si l’intéressée avait décelé cette défaillance. Dans tous les cas elle n’en dit rien. La jeune femme appartenait à un autre monde et l’aura qu’elle dégagea à la vue de son visiteur n’en demeurait que la confirmation. Leroy avait à peine eu le temps de saluer respectueusement sa supérieure, imité dans la seconde par Masklinn, que ce dernière l’interpella avec force.

« Ne tournons pas autour du pot. Si vous êtes ici aujourd’hui c’est que vous avez su me convaincre. Votre travail est remarquable et vos valeurs légitimes et bien supérieurs à nombre de vos collègues. C’est pourquoi j’ai pris la décision de vous nommez vous, Ezekiel, sous-commandant du cinquième escadron. Ezekiel Leroy Keynes, sous-commandant de l’escadron tactique. Voici désormais votre appellation. Vous avez ma confiance, ne la bafouez pas. »

Etat de choc. Emotions, réflexions et incompréhensions se mêlaient dans le jeune esprit alors tourmenté de celui qui changeait désormais de grade, aussi incroyable que cela puisse paraitre. Cependant l’ancien soldat Keynes ferait un bon sous-commandant. La preuve étant que dans un tel moment ses premières pensées furent pour ses collègues. Il savait qu’il aurait à endurer cris de désespoirs et attitudes dédaigneuses de la part de ses soldats lorsqu’il leur annoncerait et ce pendant un certain temps. La surprise serait abasourdissante. Considéré jadis comme moins qu’un outsider, voilà qu’il se retrouvait vainqueur… La pilule ou autre addition seraient corsées pour le régiment mais tel était sûrement le prix à payer. Il ne pouvait refuser une telle offre et n’était même pas certain d’en avoir le droit.

« BOUYAH ! Vous faites pas de bile commandante, on va assurer ! »
« M… M… Merci. »

Chacun avait enfin réussi à sortir de son mutisme émotionnel. Une fois n’est pas coutume les réactions apparaissaient comme déconcertantes tellement elles étaient contrastées, mais au moins réaction il y avait. Le plus restait pour Eze d’avouer qu’il avait fait fausse route. Le garçon était indéniablement touché dans son orgueil et le fait que Mask avait, lui, vu juste n’arrangeait nullement la situation. En attendant, il ne pouvait que s’incliner face à l’analyse parfaite en tous points de son camarade. Cette créature avait encore des secrets à dévoiler ? Peut-être. La magie possédait toujours son lot de surprises et le duo infernal aimait particulièrement jouer sur cette corde sensible. La surprise. Aujourd’hui le boomerang lui était revenu dessus avec force, piégé à son propre jeu. Il aurait désormais les moyens et l’envie irrépressible de le renvoyer encore plus fort, encore plus loin. Lui, le sous-commandant du cinquième escadron du Gouvernement. L’avenir de l’escadron tactique s’annonçait pour le moins Rock’n’roll…

Quelques mois se sont déjà écoulés depuis cette nomination des plus surprenantes. Mois qui ont servis à Ezekiel Leroy Keynes pour retrouver du poil de la bête et développer l’originalité de ses méthodes comme jamais. Pourtant, malgré son côté fantasque il ne semble pas erroné de prétendre qu’il est en passe de faire totalement accepter son rang unique au sein du groupe qui l’a porté et vu grandir depuis de nombreuses années désormais. Une autorité camouflée par une jovialité remarquable, mais présente tout de même. Toujours. Voici la méthode Keynes. Pour en juger… Let’s go RP !
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MessageSujet: Re: < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes >   < Fiche d'Ezekiel Leroy Keynes > EmptyJeu 21 Avr - 22:30

ah ah ! c'est beau être la deuxième fois que je la lis, elle est toujours aussi classe XD
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