Je crois qu'un certain Élu est soudainement devenu bien viril...

Lorsqu'Astaroth s'éveilla ce matin, il eut l'étrange pressentiment que quelque chose n'allait pas. Il avait oublié quelque chose de spécial aujourd'hui ? Quel jour on était d'ailleurs ? Oh pas celui du grand nettoyage de la Serre, il espérait... Tiens, il faisait bien chaud dans sa chambre. Y'a plus de saisons. Enfin, est-ce qu'il y en avait jamais eu avec ce fou de Belzeneff ? Il faudrait qu'il songe à aérer la pièce plus souvent. Mais en ce moment, il était vrai qu'il faisait plutôt chaud pour une fin d'automne. Quand on savait que la semaine passée, on se les gelait en dehors de la Cité... Ouvrant son unique oeil, recouvert de grands cils charbonneux, il balaya les environs du regard, le coeur battant. Non, décidément, ce matin il avait quelque chose sur la poitrine. Inhabituel. Était-ce dû en raison du fait qu'il avait traité Luz de grosse gnuf la veille pour rigoler ou bien qu'il avait « accidentellement fracassé le crâne de Kurk contre le rebord de la fontaine de l'Agora ? Ah, si on se mettait maintenant à culpabiliser, on était pas sorti de l'auberge. Alors ce devait être le stress des dernières disparitions qui devaient lui peser sur le coeur. Oui, avec une Élue agressée par Belzeneff et plusieurs pions mystérieusement volatilisés, les temps n'étaient pas particulièrement joyeux en ce moment. Il s'étira avec un petit bâillement, tendant ses bras devant. Des bras curieusement fins, dites donc. Et blancs. Et imberbes. Enfin, personnellement, Astaroth n'était jamais vraiment réveillé avant d'avoir pris son thé du matin. Il mit ceci sur le compte de l'heure matinale. Ceci dit, un coup d'oeil vers le bas lui fit comprendre la raison de ce mystérieux sentiment de malaise de cette matinée d'automne. Deux bosses étaient apparues sur son torse. Deux jolies petites bosses bien rondes, bien blanches avec de petits bouts rosés.
- MAZELTOFF J'AI DES SEINS !
Horreur et damnation ! L'Élu passa deux mains sur sa taille élancée, fine et délicate, assortie de hanches maigres qui avaient laissé descendre son caleçon. Vide.
- What the heeeeeell ?
Adieu ô organe masculin tant aimé ! Le trou noir intergalactique entre ses deux jambes désormais.
Oh my gawd, oh my gawd. Ce n'était pas possible, ce n'était pas possiiiiible. Pris de panique, il bondit du lit et faillit se casser la figure en apercevant son propre reflet dans la glace d'en face : son beau visage, sa figue de bellâtre perdue, abandonnée ! Le voilà maintenant avec ses touts petits traits trop fins, trop enfantins, cette bouche en coeur de gamine et ce grand oeil jaune à la pupille fendue cernée de grands cils obscènement longs. Un teint de porcelaine, un petit corps de poupée à peine entrée dans l'âge de l'adolescence, l'Élu Primordial constata avec effroi qu'il était devenue une femme. Enfin une fillette.
Ah oui aujourd'hui on était Halloween. Normal alors.
Il maudit Belzeneff pour la jolie farce. Quitte à devenir une femme, autant en devenir une bonne. Avec une bonne grosse paire de seins, je vous en prie.