AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

Partagez | 
 

 Présent. [Stramoine.]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

Anonymous

Place dans l'échiquier (click ?)

Présent. [Stramoine.] Empty
MessageSujet: Présent. [Stramoine.]   Présent. [Stramoine.] EmptyVen 13 Avr - 18:29


Un monde parfait.


J'étais sur la route. À cent trente sur la nationale, une vraie brute de la pédale. Le bruit du moteur qui te détruit les tympans, qui t'écorche le coeur. C'était pas moi qui conduisais. Un type, j'sais plus qui c'était. J'avais la tête posée contre le dossier. C'était pas moi côté passager, devait y avoir quelqu'un d'autre, j'sais pas qui non plus. Target Audience, j'crois. Ou Nin'gyou, j'sais plus. On hurlait, volume cent, bercés par les cris de la sono trafiquée. On était à fond, j'sais pas pourquoi. On s'foutait d'tout, on était là, on respirait, c'était tout c'qui importait. Alors on roulait, en braillant un danois aproximatif toutes fenêtres ouvertes. Y'avait d'la buée sur les vitres et ça allait vite. Y'avait du monde, c'était comme si on roulait dans une capitale. Y'avait d'la publicité aussi, de tous les côtés. Le produit d'une société qui voulait que l'information soit accessible partout, pour tout l'monde. On voit que d'ça, et on en profite. On vit dans un monde régi par l'image, le son faux. Parce que tout est faux et qu'on ne s'en rend pas compte. On était l'peuple d'la révolution passive, où on s'contente de râler dans un coin en disant qu'avant c'était mieux. On en est arrivé au point où plus personne ne croit en le changement, parce qu'on ne voit jamais le changement opérer dans notre sens. On est des feignasses, on attend d'voir les résultats sans pour autant essayer d'les apporter. On sait p't'être pas comment faire, mais on fait plus rien pour trouver. Mais nous on s'en foutait. On roulait. Y'avait un putain d'son et les enceintes rugissaient dans mes oreilles. Y'avait la radio avant, avant qu'on foute la USB. Une femme s'était défenestrée du sixième étage. Les gens qu'on avait pris pour témoins disaient qu'elle n'avait aucun problème, mais ça c'est d'la connerie. Quand on n'a pas d'problèmes, on se jette pas du sixième étage, c'est tout. On vit dans un monde où l'information touche tout le monde et ne touche personne. Y'a les concernés et ceux qu'on informe. Y'a pas qu'un mome qui crève par jour, et on fait pas d'édition spéciale pour tous les autres. C'est du favoritisme, c'est d'la publicité, t'es dev'nu l'produit marketing d'une centaine de firmes de télécommunication qui pensent qu'à s'faire des thunes avec toi. Plus ta mort s'ra horrible, plus tu nous rapporteras, c'comme ça. Mais nous on s'en contre-balançait, c'était un scandale, et on s'en foutait.
On roulait. Il pleuvait, on a fermé les f'nêtres, on n'a pas baissé l'son. On s'disait pas qu'on était en train de s'détruire l'oreille interne, qu'on pouvait finir sourds. Nous, ça nous plaisait d'faire ça. On était jeunes, on n'était pas laids du tout, on profitait plus qu'autre chose et on s'foutait un max de ce qui pouvait bien arriver. C'était bien de ressentir ça une fois dans sa vie. Rien pour nous arrêter. On roulait. On s'disait que ce qu'on
faisait, c'était mieux avant. J'comprenais pas pourquoi. J'sais pas si l'conducteur voyait quelque chose, mais moi j'voyais que dalle. Il pleuvait des cordes et j'étais myope. Ca allait vite, putain d'vite, y'avait du bruit partout.
J'me sentais pas vraiment mal, pas vraiment bien non plus. J'ai tourné la tête à gauche. La campagne. À droite, le vide. On allait vite, c'était ça qui était bon. Y'avait des panneaux, pas tout l'temps. J'voyais vraiment que dalle. Y'avait du brouillard, on pouvait même plus dire à quoi ressemblait le paysage. On n'a pas allumé les phares. J'avais oublié qu'on avait des freins, et j'en avais rien à foutre. On roulait, c'était énorme, on roulait. Les essuies-glace fonctionnaient moins que les basses. On braillait comme des veaux et on s'disait que ça aiderait l'monde à aller mieux parce que nous, comme ça, on allait mieux. Et on allait mieux. J'ai pu voir un panneau avec marqué SOS dessus. Le téléphone et tout, j'en ai déduis qu'il devait y avoir pas loin une cabine téléphonique au cas où. Ca nous servirait à rien. On a traversé un village, et on est passé d'vant un hôtel. Il faisait jour, alors on a tracé. Y'avait des arbres tout autour, des sapins à première vue. Mais ils devaient être morts. Enfin, y'avait des aiguilles que sur la cime, le reste, c'était des branches complétement nues, alors j'ai pensé qu'ils étaient morts. J'ai pensé à des trucs que j'croyais avoir oublié, comme quoi tout ce qu'on vit nous marque plus ou moins profondément. J'avais l'impression d'être intouchable, je l'étais. Je l'étais. C'était moi sur la banquette arrière, au milieu, mais je sais vraiment plus qui c'était à l'avant. La caisse trésaillait à cause de la route pourrie et on a attaqué une côte monstre. J'ai pas compris où est-ce qu'on était, j'en avais aucune idée, et j'suis sûr que les autres non plus ne savaient rien du tout. C'était juste l'un des plus beaux moments d'notre vie, alors les détails, c'était pas notre priorité. Et j'ai tourné la tête à gauche alors qu'on venait d'caler en montée. Y'avait un troupeau de moutons noirs qui me regardait. On glissait. On jurait. Adonaï dans la gueule, hurlement à peu près français synchronisé et on est reparti. J'ai détourné l'regard.
On roulait, et c'était limite si on pleurait pas. La ligne était en pointillés très serrés, on doublait dès que quelque chose était devant nous. On tournait beaucoup et ça bougeait dans tous les sens. J'glissais, moi, mais j'étais attaché alors que normalement, à l'arrière, je m'attachais jamais. On nous aurait vu, on s'en serait remit aux miracles et à la prière pour sauver nos âmes démentes. C'est clair. On a traversé un tunnel et la pluie s'est arrêtée. Il y avait une lumière orange bien dégueulasse qui m'filait la gerbe et on entendait qu'nous et nos mugissements plus ou moins germaniques. C'était bon, j'm'en souviens. Dès qu'on est sortis toute l'eau s'est écrasée contre le pare-brise et j'ai cru qu'il allait se fendre alors qu'on venait juste de le changer. Je voyais quelqu'un à l'avant galérer pour brancher un truc, j'sais pas quoi, à l'arrière entre mes pieds. Il, elle, j'sais pas, était en torsion et j'me d'mandais si ça avait des vertèbres. J'voyais le conducteur faire le con et lâcher l'volant, des fois.
J'étais pas inquiet. On est passé devant un complexe industriel et j'me suis cru dans Left4Dead. Non, en fait, j'l'avais vu bien avant. J'ai tourné la tête à gauche, encore. J'préfère la gauche à la droite, j'sais pas pourquoi. Des champs. J'ai pensé aux moutons et j'ai fermé les yeux. Ca beuglait, et ça faisait un bien fou. La ligne était blanche et continue, on doublait. Y'avait une voie d'chemin d'fer à droite. J'le sais, parce que y'a pas de bruit de train dans Walk Away. Ca s'enchaînait direct, pas d'répi, et quand on a entendu Losing My Religion j'ai cru qu'ils allaient dégueuler leurs poumons tellement leur accent était ignoble. Je frissonnais, moi. J'étais seul, entouré par la bouffe et l'alcool. J'sais plus si on avait bu, p't'être bien, au fond. C'aurait été à crever d'rire si on s'était fait choper par les bleus. J'sais pas c'qui se s'rait passé si on avait dû souffler. Y'aurait p't'être eu un homo parmi eux, j'lui aurait fait les yeux doux et on s'rait r'partis à la Fast and Furious. À la Boulevard de la Mort. C'aurait été trop bon, mais on n'a pas eu à s'donner cette peine. Le conducteur a détruit l'accelérateur à force d'appuyer d'ssus comme un dératé, j'en suis sûr. On roulait vite, plus que vite. J'ai voulu regarder l'compteur mais j'voyais plus rien. J'avais les yeux couverts par les larmes. J'pleurais pas pourtant. J'sais pas c'qui s'passait. En attendant j'y voyais rien, et l'odeur du tabac m'agressait l'cerveau. J'entendais les bruits les plus infimes à défaut de voir mes mains, même collées à mon nez. On s'enfumait la gueule, on s'marrait parce que c'était sans doute drôle. Y'avait une odeur de baise à côté d'moi. C'était p't'être un train en fait, je sais pas. Un train ça a pas d'odeur en fait. À part celle de l'essence, et encore. Alors y'avait quelqu'un qui baisait à côté d'moi, parce que j'entendais même les bruits. Y'avait quelque chose de drôle, et c'était tellement drôle que je rigolais pas. Je suis pas marrant. J'essaye pourtant, j'le jure. J'essaye de voir, j'essaye de comprendre. J'ai fermé les yeux pour y voir plus clair.
Je sais même plus si on roulait ou pas. Until the Bitter End passait et on m'a demandé de chanter, alors j'ai chanté. J'ai hurlé. J'entendais ma voix en écho. Ils se sont mis à hurler avec moi, je sais plus si ce que j'entendais c'était moi ou eux. On se mélangeait, et dans ma tête, ça explosait. Mais, pas d'un coup. C'était une explosion ralentie. Une basse, puis une autre. À droite, puis à gauche. J'ai entendu mon prénom, mais je ne l'ai pas reconnu et j'ai hurlé, et ri, et hurlé, et je me suis dit que c'était formidable alors que ça n'avait rien de formidable. Mais tout prenait une dimension gigantesque, grandiose, les dimensions de l'univers. Comme si c'était vraiment fantastique alors qu'en fait, c'était rien du tout. À part du noir, j'voyais des points blancs qui clignotaient d'vant moi et j'ai cru qu'c'était une baisse de tension. J'me suis agrippé le bras, le creux du coude en fait, et j'ai appuyé, mais je sais pas pourquoi j'ai fait ça. J'avais pas mal à la gorge alors que ça devait bien faire cinq minutes que je braillais les paroles sans m'en rendre compte. J'ai beuglé un beuglement gutural, effrayant, et j'me suis dit que c'était magnifique et ça l'était. J'respirais d'la fumée. J'essayais d'respirer la fumée. Une odeur d'herbe de luxe alors qu'elle avait été arrachée j'sais pas où par j'sais pas qui. C'était la moins chère, en fait. Mais tout a un goût de luxe quand on respire ça trop longtemps. Y'avait comme un goût de terre dans l'air. De terre mouillée. Il y avait du vent qui m'fouettait l'visage, qui soufflait sur mes ch'veux, et j'me suis dit qu'ils avaient à nouveau ouvert les fenêtres. Je hurlais et c'était divin. J'pleurais parce que ça m'piquait les yeux et j'osais pas les ouvrir. J'savais que j'verrai qu'du flou, alors j'ai abandonné l'idée. Ca roulait, ça gueulait, ça vrillait, ça bougeait. Un monde de sensations auxquelles j'prêtais aucune attention d'habitude. Ca disait des trucs que j'comprenais pas. J'avais chaud à en crever, j'me suis essuyé l'front du revers du poignet et j'ai enlevé mon sweat. Il sentait le feu, la cendre. J'sentais l'odeur des fibres alors que j'venais de balancer le fringue à droite. On a donné un putain d'coup d'volant et j'me suis allongé tête à gauche. J'me suis cogné et j'ai pas eu mal. J'riais alors que j'avais pas à rire.
C'était juste trop bon.

On roulait plus.
J'ai ouvert les yeux.
Y'avait un chemin devant moi, j'ai marché. J'étais seul mais j'm'en foutais. Y'avait des arbres en fleurs, y'avait des fleurs ouais, c'était un chemin en gravier. Et en sable. Le ciel il était trop clair, alors j'ai fermé les yeux. J'me suis mangé un truc, j'ai ouvert les yeux et c'était un arbre. J'étais sur un chemin encadré par des arbres, et avec des coins de forêt. J'ai enlevé le truc qui faisait chier autour du cou, une bande. J'sais plus pourquoi j'avais une bande autour du cou et j'me suis massé la nuque parce qu'elle me tiraillait. J'l'ai foutu dans mon sac et j'ai marché avant de fermer encore les yeux. J'avais un mal de crâne de chien j'ai cru qu'j'allais mourir, mais en fait non. Ca tanguait comme sur un bateau mais j'suis jamais monté sur un bateau. 'Fin j'crois. J'me suis assis en fait, j'avais mal partout. J'étais à l'ombre, parce que je sentais que ma peau chauffait pas et que je frissonnais un peu. Y'avait un tout petit brin d'air qui m'paraissait être une tornade. J'avais froid, alors j'ai essayé de sortir mon sweat de mon sac et j'l'ai pas trouvé. J'ai cherché un moment, parce que j'ai fini par râler et par me rendre compte qu'en fait j'l'avais accroché à la bretelle de mon sac. Il puait le tabac encore chaud et j'ai eu envie d'fumer et d'médicaments. J'ai sorti mon paquet d'la poche de mon futal mais il était vide, alors j'l'ai jeté j'sais pas où autour de moi. J'me suis passé une main dans les ch'veux, j'me suis gratté la nuque. J'sais plus pourquoi j'avais mal, c'que j'avais foutu. J'ai regardé mes ongles, j'ai vu qu'ils étaient noirs alors que je me souvenais même plus que je les avais verni à un moment donné. Ils étaient longs et j'ai su malgré tout que c'était une erreur. J'me suis gratté le poignet parce que ça m'démangeait, puis j'me suis gratté la gorge en avalant en même temps et c'était très chiant parce que j'arrivais plus à avaler. J'pensais à une chanson que j'connaissais pas et ça m'a fait flipper. J'me suis dit que j'flippais vraiment pour rien, et j'avais raison. Surtout parce qu'il y a un truc qui a bougé dans un buisson et que j'ai hurlé. J'ai hurlé, hurlé, hurlé. Les oiseaux sont tombés, tombés, tombés raides. D'autres animaux, 'fin choses, sont mortes. J'ai tout entendu en triple et j'ai eu putain d'mal. Au crâne. Y'avait tout qui résonnait. Tout qui... Aïe.

Et j'ai eu tellement mal que j'me suis endormi.
Une seconde, pas plus.


Chapiteau.


Y'avait une fille qui se balançait, tête à l'envers, à une branche. Juste au-dessus de moi. J'ai hurlé, elle est pas morte. J'avais pas le masque. Je savais pas où il était, mais il était pas là. J'ai cherché le sac mais il était pas là. J'y voyais rien et j'en ai eu marre. J'ai voulu m'rel'ver, j'y suis pas arrivé. J'suis resté là, assis, comme un con, et j'ai attendu. Entendu une voix qui me disait que ça allait, et ça venait d'en haut. J'ai levé les yeux, le soleil m'a déchiré les rétines. J'ai compris qu'ça allait pas, j'ai balisé. Mais je n'ai rien fait.
J'aime pas les champignons. J'les aime encore moins maintenant. Et c'est pas d'la beu qu'il a pour rouler, Paburo. C'est ça, hein? Paburo? Ou alors c'est le mélange. Je sais plus. Y'a un truc. Y'a un truc qui est hallucinogène, là-d'dans. J'ai aucun souv'nir de c'que j'ai foutu. Je sais pas où j'suis ni comment j'ai atterri dans c'bordel. J'ai fumé. Non? Ou... Le truc, là, j'sais pas c'que j'ai foutu avec mais j'voulais essayer de créer un truc qui m'permettrait de retirer le masque, des fois. Des fois, pas tout l'temps. Mais ça a pas marché. Encore une fois, ça a pas marché.
J'en ai plein l'cul d'pas pouvoir respirer correctement. J'en ai plein l'cul de voir les autres parler et qu'on leur dise rien. Ouais, j'suis jaloux. J'ai pas besoin d'être sobre pour l'savoir, ça, c'est bon. Y'a toujours cette connasse qui s'balance au-d'ssus d'ma gueule, ça commence à m'péter les boules sérieux. Alors quoi? Quoi? Qu'est-ce que je fais quand ça va pas, quand y'a un truc qui m'emmerde, quand j'veux m'débarrasser d'quelque chose qui m'casse les couilles? Je fais quoi?
Je la ferme. Je la ferme et j'attends qu'ça passe. Parce qu'on a beau hurler, ça marche jamais. Ca s'calme mais ça r'vient, et c'est pas ça que j'veux.
Je sais plus où r'garder, c'est pour ça que j'ferme les yeux. Le tronc est juste inconfortable au possible, mais ça, c'est l'problème de personne et on s'en fout. J'pourrai bien hurler, au moins pour qu'elle se casse, là, l'autre. Mais j'délire. J'délire complètement. J'sais pas à cause de quoi par contre. Et j'sais que j'suis dans la merde. J'suis lucide, ça va. J'en ai marre de cette connerie. J'sais même plus à quoi j'pense. J'veux m'droguer. J'veux m'droguer à plus savoir comment j'm'appelle. J'm'appelle comment? Ma... La Sirène. Sirène mes couilles... Ca hurle, une sirène? Puis c'est quoi? C'est quoi, une sirène? J'pourrai bien beugler, tu parles, ça tuerait tout l'monde alentours et mon crâne le premier. J'suis stone j'crois. C'est logique, c'que j'dis? J'sais pas. J'reste assis, c'est l'mieux. J'reste assis, j'regarde le monde avec les yeux fermés. C'pas logique hein. Pourtant j'le vois. J'le vois très bien. J'ai froid. J'mets le sweat sur mes épaules et l'noue autour d'mon cou. J'ai toujours froid. Sans doute pour ça, j'm'endors.
La fille s'balance toujours. M'en fout.

J'm'endors enfin. C'est brillant, pour un insomniaque. Quelqu'un qui n'dort même pas une nuit par mois depuis son arrivée ici.

J'suis pas stone, c'pas vrai. Quand on est stone, on hallucine pas. Quand on est stone, on ressent tout puissance j'sais pas combien. Tous les sons, toutes les images, tout est plus nébuleux, ouais, mais putain d'plus intense. Tu vois le moindre détail, avant que tout n's'efface. C'est le trait d'génie éphémène. Ouais. C'est la première fois que j'fume de l'herbe depuis mon arrivée sur Alea Jacta Est. J'crois. J'ai tout retrouvé, toutes les sensations, tu sais. Tout retrouver. J'ai été un génie pendant un instant, et j'ai trouvé l'moyen de venir ici, sur cette île. À deux pas du bout du monde.
Mais j'ai oublié comment j'ai fait. J'me souviens plus de rien. J'ai du mal avec tout. Et ça, c'est un coup de ce que j'ai pris en même temps que la dose, et ce dont j'me souviens plus. Peut-être... non, rien. Rien du tout.

J'ai du mal à me relever, j'avoue. Je sais pas quand ça va finir, mais j'aimerai bien que ça s'finisse vite, quoi. J'me sers de mes bras, de mes jambes, du tronc de l'arbre et d'un peu tout ce que j'ai à portée de main pour me redresser. J'y arrive, ouais, enfin. J'y arrive. J'attrape mon sac, le referme. L'ouvre. J'ai envie d'fumer et d'médicaments. Putain. J'peux pas être devenu accro. J'pense pas. J'sors une clope, l'allume avec le briquet dans ma poche. J'ai vu le masque dans le sac, c'est tant mieux. D'accord. Avale juste deux cachets. Deux. Putain. D'accord? Ouais. Ouais.
J'pense à Naddy et j'ferme ma gueule. Seulement deux.
J'sais pas qui est Naddy, mais j'pense très fort à elle. Vraiment très fort.

J'avance. J'avance tout droit, je sais pas où je vais. Mais j'avance. Je tangue, ouais. Le poids du sac m'entraîne souvent d'un côté, et j'suis obligé d'changer régulièrement de main pour rester debout l'plus longtemps possible. Le soleil m'arrache la gueule, j'sais même pas pourquoi j'suis là, ce que j'y fous, comment j'vais rev'nir sur le continent, ni rien d'autre. J'suis sûr que c'est le corps qui a pris le dessus pendant un moment. Tu sais, une espèce de... rebellion. De crise anatomique. J'pense... J'pense qu'il avait plus sommeil que moi. Et qu'il fallait qu'il trouve un moyen de m'assommer. Pour que j'arrête de penser tout l'temps, j'crois. Ouais, faut que j'arrête. Ou alors... Alors c'est moi qui voulais me souvenir. Trouver un moyen pour me souvenir. J'suis sûr que c'est c'qui m'empêche d'être klepto. J'dois avaler cach'ton sur cach'ton, en c'moment. Et j'me suis mis à fumer l'pétard que l'autre con m'a filé. Le moi mental est malade et le corps essaye de le raisonner comme il le peut. Pour ça que je suis là. Au milieu de l'eau, visiblement seul. Rien ne pourrait me rendre plus heureux, c'est vrai. J'pourrai en profiter, tenter d'prendre des couleurs si seulement j'avais pas aussi mal à la tête. J'ai vraiment l'impression qu'on m'presse le cerveau, qu'on veut l'faire rétrécir le plus possible. Ma foi, c'est p't'être la meilleure des solutions, m'enfin elle est douloureuse, quoi qu'on puisse en dire. M'en fout, j'avance. J'ai tout oublié. Et quelque part, j'dois dire que ça fait du bien.

Naddy, les allumettes. S'il te plait.
Sur mes genoux, là. Voilà.


Aïe.
C'est chaud. C'est doux et chaud. J'suis au soleil? ...Mmh. Je sais pas si j'ai le droit d'faire ça. J'ai tous les droits. Hum... Là, comme ça. L'oreille collée à ce truc. Mmh. C'est parfait. Ca se laisse faire...? Ca doit être inanimé, ça existe sûrement pas. Ca fait du bien, tant pis. J'ai b'soin d'un câlin. Un tout petit, j'te promets. ...Voilà. Juste comme ça. Bouge pas, s'il te plait. Mmh. Mais ça brûle la joue. Uh...
Aïe.
Hein, de qu...? Whow! Qu'est-c'que c'est qu'ça... Un... buste? Quelqu'un?! Recule! Whow, oulà! Merde, qui c...

- Ah putain...

C'est pas vrai... Pas lui... J'dois rêver, ouais... C'est... une hallucination, comme le reste, comme les autres... Recule, recule j'te dis, tu...! AH! Merde, j'ai glissé... Dégage, dégage...! Chasse-le, chasse...

- Non...

... C'est impossible. Qu'est-c'qu'il fout ici, hein?! Non, c'est un cauchemar. Une saloperie d'cauchemar et j'vais m'réveiller. J'vais m'réveiller, j'te jure, c'est atroce, non... C'est une illusion, j'ai qu'à hurler et... Non, non, s'il est réel il... Explose, bordel!

- PAS TOI!

... Ca marche pas... Putain, j'arrive pas à m'redresser... Traîne-toi, éloigne-toi de ce monstre! Mais que... Pourquoi ça marche pas, pourquoi ça mar... De quoi?! Depuis quand j'l'ai remis?! Mais... C'est pas possible, il était dans mon sac et... Touche, touche le sol... Mais... Je suis bien sur le sol, le... le sable? La terre? Non! Quitte pas c't'enfoiré des yeux! Mais... Depuis quand j'ai le masque sur l'visage?! C'est quoi, c'délire?!

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
 

Présent. [Stramoine.]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 

 Sujets similaires

-
» ★ Stramoine
» A un fil [PV Stramoine]
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Alea Jacta Est :: ✗ Épilogue :: ✎ RPs en cours-
Sauter vers: