Je vins cueillir du bout des doigts les quelques larmes qui perlaient le long de ses cils. Elle était si belle... Je devrais être châtié pour avoir fait pleurer une créature aussi charmante... Je portais les perles d'eau salées à mes lèvres, goutant le goût de ses larmes... Était-ce mon imagination, où les fourberies de mon cœur ? Je n'en savais rien... Et au fond peu m'importait.. Mais tout chez cette femme me semblait si... Somptueux... Un fin sourire vint soulever le bord de mes lèvres alors qu'un mot venait se poser sur les sentiments naissants que j'éprouvais pour l'oiselle... Mais tout ceci ne semblait pas lui plaire... Alors que j'essayais de la réconforter, elle détourna son visage, fuyant mon regard... Pourquoi Kendall..? Des excuses ? Oublier ? Quelle idée saugrenue venait donc de faire son entrée dans son esprit...? Surpris, je prononçais, incapable de croire ses propos.

- Oublier ? Comment penses-tu que je puisse éloigner de mon esprit et de mon âme quant à la moindre saveur de tes lèvres...? M'enlever ces souvenirs reviendrait tout bonnement à m'arracher le cœur... Est-ce donc là ce que tu souhaites Kendall...? Je pensais pourtant que...

Ma main sur sa joue l'incita à tourner à nouveau son visage vers moi. Je voulais qu'elle me regarde. Qu'elle me dise droit dans les yeux qu'elle souhaitait que je m'en aille... Et s'il en était ainsi, je me plierai à ses ordres... Je serai prêt à tout pour satisfaire jusqu'à son dernier caprice...

- Dis-moi que tu ne veux pas de mes étreintes...

Je vins glisser mes mains sur ses hanches, collant nos deux corps. Je murmurais d'une voix sensuelle à son oreille.

- Dis-moi que tu ne veux pas de mes lèvres...

Attrapant délicatement son menton, j'y plongeais un regard sincère. Mes lèvres vinrent effleurer les siennes. Peut-être en une promesse d'éternité...? Mais mes sentiments eux ne mentaient pas... Je ne jouais pas avec l'amour...

Parfois, le cœur agissait sans même concerter la raison... Certains parlent de coup de foudre, d'autre de destin... Mais je n'osais croire à ces mots. Dans ce monde peuplé de guerres et de destruction, pouvait-on croire à l'amour ? Pourtant à cet instant, cette femme venue d'un autre monde qui se tenait ainsi contre mon corps fiévreux semblait être la preuve vivante que destin et coup de foudre étaient des notions réelles... Mais à cet instant, j'aurai pu croire à toutes les fables qui traitaient d'amour. L'océan de nos deux regards se scrutant avec envie, je pouvais percevoir une pointe d'hésitation au fond des yeux de Kendall... Dieu qu'elle était belle... Son corps si près du mien... J'étais grisé... Tous mes sens étaient en alerte. Son odeur m'envoutait, sa peau si douce... Ses lèvres qui appelaient à être dévorées... Sa voix... Cette douce voix qui vint répondre à toutes mes inquiétudes... Alors il ne me restait plus qu'à...

- Ferme les yeux jolie Princesse...

Je venais déposer mes lèvres sur les siennes en une tendre caresse. Goûter à ce trésor... Une main toujours sur sa hanche, je vins glisser l'autre dans son cou, la rapprochant un peu plus encore de moi. Mes doigts entremêlés à ses belles mèches blondes... Je succombais. Mon corps était un brasier qui ne se calmerai que si ma soif d'elle était rassasiées. Je voulais Kendall... Je la connaissais à peine mais elle m'était déjà trop précieuse...

Tout ceci était trop beau pour être vrai. Ces lèvres qui répondaient aux miennes, ces doigts qui glissaient le long de mon torse... Ce ne pouvait être la réalité... Depuis quand événements aussi fabuleux pouvaient-ils se dérouler dans le commun des mortels ? J'étais enivré par la fièvre que me communiquait Kendall. C'était chaud, sensuel, envoutant... Quel sort m'avait-elle jeté...? Quelle ensorceleuse était-elle ? Peu m'importait. Quel que fut le charme qui pesait sur mon âme, je ne voulais que trop goûter à ces lèvres pour tenter de m'en défaire. Quelle ne fut pas mon agréable surprise lorsque ses lèvres s'entr'ouvrirent, m'invitant à plus. Enhardis, je venais laper sa lèvre supérieure avec désir. Mais tout fut trop rapide. Déjà elle s'éloignait de moi, se défaisant prestement de mon étreinte. Je ne comprenais plus. Ne disait-elle pas quelques secondes auparavant qu'elle désirait ces moments d'intimité...? J'écoutais ses paroles, stupéfait. Mais quel discours me tenait-elle donc là ? Après ce presque baiser, comment pouvait-elle croire que j'en désirais une autre qu'elle...? Je fronçais les sourcils en l'observant s'approcher à nouveau de la fenêtre. C'en était trop... Je vins à nouveau m'approcher de Kendall. Saisissant ses épaules avec fermeté pour ne lui accorder aucune échappatoire, je la faisais tourner en mon sens. Sans même lui demander son avis, ou attendre une quelconque réaction, je vins cueillir ses lèvres d'un baiser passionné. Je détachais lentement mes lèvres des siennes et soufflais, la voix serrée.

- Ne dis plus jamais que tu n'es pas assez bien pour moi... J'ai cru que tu était revenue pour Astaroth.. Mais... Si ce n'est pas le cas.. Sache que...

Je vins enfouir mon visage dans son cou, y déposant un doux baiser. Je laissais échapper d'une voix pleine de sentiments.

- Sache que c'est toi que je souhaite avoir à mes côtés...

J'ouvrais des yeux surpris en entendant un léger sanglot échapper des lèvres de ma tendre partenaire. Mes mains toujours posées sur ses épaules frêles, je fronçais les sourcils en entendant sa réponse. Je ne pus retenir mon cœur de battre plus rapidement lorsqu'elle m'avoua que c'était pour moi qu'elle était revenue... Alors Astaroth n'avait pas obtenu les mêmes faveurs de Kendalle que moi...? Mon être tout entier était en joie face à cette révélation. Un sourire timide aux lèvres, je relevais ma tête de son cou, observant ce visage si doux, où quelques larmes coulaient gracieusement. Penchant la tête sur le côté, un sourire enamouré aux lèvres, je venais essuyer sa jouer gauche du bout de mes doigts. Puis finissant celle-ci, je me ravisais et venais cueillir les perles d'eau du bout des lèvres, baisant sa joue avec tendresse. Une fois ma tâche achevée, je glissais mes doigts dans son cou, croisant l'océan de nos deux regards dans un échange plein de promesses... Elle était si belle... Dans un murmure délicat, je lui soufflais, une légère rougeur naissant sur mes pommettes.

- Tu n'imagines pas combien tout ceci me touche... Je... J'ai l'impression d'avoir perdu toute notion du temps... Avec toi je suis si... Si loin des horreurs de ce monde... Tu es l'air frais du printemps qui vient raviver les âmes meurtries par un hiver rude...

Remontant l'une de mes mains sur sa joue, je caressais timidement sa peau, avant de prononcer tout bas, plus pour moi que pour quiconque.

- Et je crois bien que j'ai succombé à cette tendre brise... Je ne veux plus jamais la quitter... Plus jamais te quitter..

*J’étais ridicule… Voilà que je pleurais comme une enfant pour une chose qu’il ne m’avait même pas dîtes… J’aurais voulu être celle que j’étais habituellement. Pourquoi est ce que je ne parvenais pas à paraître naturelle ? J’étais si enjouée habituellement… Et là je ressemblais à une adolescente à ses premiers émois amoureux. Je soupirais doucement et tentais de retenir le peu de larme qui coulaient sur mes joues. Puis, il se redressa. Il me regardait avec un regard si tendre, presque timide. Je comprenais pourquoi il me faisait fondre ainsi… Il était si attachant, si beau, si tendre. Il essuya mes larmes de la joue gauche avec son index, caressant doucement ma peau au passage. Je me mordis la lèvre, baissant un peu les yeux alors qu’il venait cueillir mes dernières larmes de ses lèvres, embrassant au passage la parcelle de peau laiteuse se trouvant a cet endroit. Je frémis de tout mon être lorsque ses fins doigts effleurèrent l’épiderme de mon cou. Nos regards s’étaient accrochés l’un à l’autre, faisant naitre un immense océan de sentiment et d’affection. Un océan dont la fraicheur n’était autre que le vent doux de la tendresse et de l’amour. Il m’indiqua alors que mes paroles l’avaient touché… Que je lui faisais perdre la notion du temps, je ne savais même pas comment j’avais du réussir cet exploit mais c’était embêtant s’il avait des réunions… Je lui faisais oublier sa routine habituelle et sordide… Pourquoi s’évertuait-il à vivre dans un monde qui ne lui plaisait pas… Pourquoi n’allait-il pas vivre ailleurs ? Dans un endroit agréable. L’air du printemps. Non, je ne pensais pas être autant que cela, j’apportais peut être un peu de gaîté. Ce sont les mots qui suivirent qui me retournèrent plus encore. Sa main était doucement remontée caresser mon visage alors qu’il m’avouait ne pas vouloir me quitté. Je me laissais glisser le long du mur, ne tenant plus sur mes jambes. J’étais heureuse, beaucoup plus heureuse que ce que je pouvais être, que ce que je n’avais le droit d’être. J’avais soudainement froid et sa chaleur me manquait. Je levais une main vers lui, agrippa l’une de ses mains pour l’attirée a mon visage. Je savais maintenant mais non, je ne voulais pas. Ca faisait trop mal. Je souriais pourtant, telle une enfant le matin de noël.*

« Je sais que c’est beaucoup demander, que je n’en vaux surement pas la peine, que je vais peut être vous paraitre ridicule, bien que ce n’est pas spécialement mon but. » je reniflais doucement, tentant de garder un minimum de dignité, et relevait les yeux vers lui « Ne me laissez pas… Jamais… Ou alors abandonnez-moi dès maintenant. Ca fera moins mal. »