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 Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]

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Kamui
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Kamui

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MessageSujet: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyMar 26 Avr - 22:41

Accoudé au rebord de la fenêtre ouverte pour ce qui me semblait être un éternité, je vaquais à mon occupation préférée. La contemplation du ciel. Il n'était pas rare que j'ai l'impression de passer ma vie à faire ça. Car finalement, n'était-ce pas la plus claire partie de mon temps que j'égrenais à regarder les nuages duveteux glisser dans l'azur limpide de la voute céleste ? Que ce soit à la l'observation des astres ou des nuages, je pourrai aisément perdre des journées entières à garder les yeux rivés vers cette parcelle d'infini qui s'étendait sans fin au delà même de ce que l'imagination pouvait inventer. Assis à la chaise que j'avais disposé au bord de cette fenêtre depuis ce qui me semblait être des années, je restais accoudé des heures à cette ouverture sur le lointain. Escapade discrète que je pouvais m'offrir sans jamais avoir peur d'être pris en traître. Dans la douleur de la guerre, ne disait on point qu'il ne faut jamais dormir à poing fermé ? Toujours garder un œil ouvert, vif et prêt à répondre. Mais maintenant que je me trouvais au cœur de la Cité, que pouvait-il bien m'arriver ? Et au final, y avait-il un réel risque quant à la mort en ce monde ? Mes doigts se crispèrent sur ma joue qui reposait depuis des heures sur ma paume ouverte. Est-ce que réfléchir à ce genre de question valait réellement la peine ? Je me repris et vidait mon esprit à cet examen minutieux du firmament. M'y donnant corps et âme, je m'imaginais parmi les oiseaux qui pouvaient sans s'en rendre compte accéder à ce qui à mes yeux représentait un Havre de paix. Quelque soit le temps qui animait le ciel et sa vaste étendue, il y avait toujours la magie de l'infini qui prenait vie au gré de la nature. La pluie battante, ses nuages imbibés d'eau, allant du gris le plus pur au noir le plus profond. Lorsque de la pluie le ciel était battu par les grêlons, on avait l'impression qu'une cavalerie entière descendait d'en haut pour venir nous achever. Mais lorsque le noir du ciel venait se zébrer de la lueur éphémère d'un éclair, mon cœur battait toujours plus vite. Comment un phénomène aussi incroyable pouvait-il provoquer un son aussi assourdissant. De nombreuses années dans ma jeunesse, je m'étais glissé tel un bambin peureux sous les lourds édredons qui recouvraient mon lit. Mais aujourd'hui, regarder l'orage avait pour moi un autre sens. La guerre céleste qui se déroulait devant mes yeux faisait platement écho au tumulte qui anime mon âme. Mais l'un des plus beaux instants d'éternité qu'offrait le ciel, était bel et bien quand un coton duveteux et glacé flottait paisiblement jusqu'à tomber sur le sol. S'y amoncelant parfois, ou fondant instantanément au contact de l'asphalte brûlante. La neige. Court moment durant lequel j'avais la sainte impression de retomber en enfance.

Un léger rire cristallin m'échappa. Oui, ma vie pourrait être rythmée au gré du ciel. Fuyant devant le grondement de l'orage, courant à en perdre haleine sous la neige, profitant de balades sans fin sous la pluie, observant la grêle avec envie, et contemplant le ciel clair avec la même fascination chaque jour. Autrefois j'aurai aimé avoir des ailes. Pouvoir apprécier les beautés du ciel de là haut. Mais aujourd'hui que j'en avais, je n'avais plus le courage de prendre mon envol. Peut-être que finalement, vu de là-bas, le ciel n'était plus si magistral que je l'imaginais...

Je fermais les yeux, croisant mes bras sur le rebord de la fenêtre et posait mon menton sur mes membres repliés. Finalement, peut-être était-ce la condition d'humain qui rendait la voute céleste si resplendissante. Ne perdrait-elle pas tout son intérêt si l'on pouvait l'observer de trop près ? Un soupir pourfendeur s'échappa de mes lèvres. Je décidais de me relever. Repoussant la chaise sur les dalles de marbre qui recouvraient le sol du dortoir, je me levais et posais mon séant sur le rebord de mon échappatoire céleste. J'observais avec un certain intérêt les nombreux lits qui occupaient la pièce. Deux rangées se faisaient face, un nombre important de lits simples remplissaient le lieu. Chaque lit possédant une tête et un pied constitués d'un bois massif et sombre. Ces couches au delà de leur aspect visuel plaisant étaient un paradis pour les dormeurs. Tous étaient d'un confort inestimable. Le seul défaut était cependant le fait que nous devions tous dormir dans la même pièce. De nombreuses demoiselles avaient crié à la diffamation. Mais qu'y pouvais-je j'étais moi-même logé à la même enseigne. Nous disposions cependant d'un minimum d'intimité. Chacun, plus que d'avoir son lit attitré (oui, il y avait des plaques métalliques au bout de chaque lit pour savoir quel lit était à qui, des conflits de couette m'avaient rapidement exaspérés et j'avais opté pour ce système). Sous chaque lit se trouvaient de grand tiroirs où chacun pouvait placer ses effets personnel. Une petite table de nuit ornée de grands chandeliers étaient placées à côté de chaque couche.

Je m'éloignais tranquillement de la chaise où je m'étais installé pour parcourir la salle du regard. Certains avaient abandonné leur duvet dans un état calamiteux. D'autres soigneux avaient rangé jusqu'au coin de leur oreiller. Il paraitrait que l'état d'entretien d'un lit dévoile beaucoup sur la personnalité des gens. Je jetais un coup d'œil sur les deux lits entre lesquels j'avais établi mon campement de fortune.
L'un n'était autre que le mien. J'avais décidé dès mon arrivée de prendre le lit le plus au milieu, dans un esprit de remplissage. A mon arrivée, ce dortoir vide m'avait donné une profonde nausée, et j'avais eu envie de prendre place au centre, pour combler un peu le vide. Le souvenir des premières nuits dans la Cité m'arracha un frisson sordide. Ne pas y repenser... Je secouais vivement la tête. Je décidais de porter mon regard sur le second lit, celui qui se tenait à la gauche du mien.
Un tendre sourire vint illuminer mes traits. Fait à la militaire, il n'y avait pas un pli de travers sur les draps immaculés. Je glissais doucement le bout de mes doigts sur le drap lisse et rendu brillant sous l'effet de la lumière du soleil qui pénétrait dans la pièce. Si à ma droite se tenait le lit d'Alice, à ma gauche ne se tenait aucune autre personne qu'Alvaro. Jetant un léger coup d'œil vers la porte pour vérifier que personne n'était sur le point d'entrer, j'appuyais un peu plus fortement ma main sur le drap, froissant le tissu. Un léger rire m'échappa de nouveau. Celui là était vraiment trop méticuleux. De son lit à sa table de nuit. Tout était impeccablement rangé. Je regardais brièvement la dite table de nuit et... Fus surpris de constater que s'y appuyait sa chère rapière. C'était probablement la première fois que je voyais sa fidèle lame à l'abandon. Peut-être la cherchait il actuellement ? Voulant faciliter la tâche à celui que je considérais comme l'un de mes Élus les plus fidèles, je prenais l'arme au creux de mes mains et la déposait délicatement sur les draps du lit. Retirant mes mains, je laissais toutefois un index léger parcourir le fourreau. Quelques égratignures étaient notables, signe des nombreux combats qu'avait du supporter le fourreau.
Peut-être qu'en allant aux bains, il avait eu l'idée de la laisser ici...? Pourtant, cela faisait déjà un moment qu'il avait quitté le dortoir...

Je ne cherchais pas plus longtemps le pourquoi du comment. Jetant un dernier regard à la fenêtre ouverte dont les rayons de soleil baignait allègrement le lieu de ma couche, je décidais de tirer les lourd rideau de velours rouge. La pénombre se réinstalla de nouveau dans la pièce vide de toute humanité. Soulagé par la sérénité du moment, je décidais de m'allonger à ma place, au beau milieu de tout ces lits désespérément vides. Je décidais d'ouvrir les premiers boutons de ma chemise dévoilant le haut de mon torse et des bandages qui le recouvrait éternellement. Si je comptais faire une sieste, autant se mettre un peut plus à l'aise.
Nous étions au beau milieu de la journée, la probabilité que quiconque ne vienne interrompre ma séance de relaxation s'élevait très difficilement à zéro. Je fermais les yeux et me laissait bercer par le bruit somptueux du vent qui faisait virevolter avec difficulté le lourd rideau de tissu. Je passais mon avant bras devant mes yeux, pour cacher tout rayon de lumière impromptu qui pourrai perturber ce moment de repos. Je ne cherchais pas réellement à m'endormir, simplement à reposer mon âme endolorie.

Mais il faut croire que la fatigue eu raison de moi. Allongé et livré à l'abandon, je sentais Morphée enlacer ses bras autour de moi, et sombrait lentement de la léthargie du sommeil.
Je rêvais tendrement d'ailleurs. Les paupières closes, je repensais à ces journées interminables que je passais allongé dans l'herbe des grandes plaines qui encadraient notre manoir. Le vent froissait timidement mes mèches blondes. Je n'étais pas le jeune enfant de l'époque. C'était ma personne actuelle qui profitait du soleil qui caressait sa peau. Comme extérieur à ce rêve dont je me voyais être le personnage principal, je laissais errer mon esprit à des idées paisibles et calmes.

Me laissant aller à la sérénité d'un doux rêve, j'entendis au loin le grincement d'une porte.

Était-ce un rêve, ou était-ce la réalité ?


Dernière édition par Kamui le Lun 16 Mai - 19:37, édité 2 fois
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Alvaro
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyMer 27 Avr - 0:33

Douce chaleur exquise… Je me prélassais encore quelques instants dans cette eau bouillante que j’aimais tant. Trempant mes orteils dans les bulles de savon, je fermais les yeux un instant, perdant mon esprit dans cette douce vapeur qui m’enivrait. Horrifié par le froid, rien ne valait les hautes températures du bassin pour que s’évapore le stress du quotidien et les tourments incessants qui ne laissaient guère mon esprit en paix. C’était mon petit moment de prédilection que je ne m’autorisais que très rarement, et toujours vers le milieu de la matinée, aux abords des douze coups de midi. La plupart des laycaïstes préférant se baigner aux premières lueurs nocturnes, il m’était plus facile de profiter de ma baignade solitairement lorsque les autres étaient occupées à sortir de la brume du sommeil, à remplir leurs estomacs ou encore à accomplir des missions pour les plus courageux. Pas la moindre souris ne gambadait dans les bassins et généralement, les dortoirs eux-mêmes étaient désertés à cette heure-ci. Rinçant le savon qui s’était accroché à mes bras et mes jambes, j’appréciais le méticuleux parfum de Rose qui régnait dans la pièce. Quel délice… Mais comme tout plaisir se doit d’avoir une fin, je mis un terme à ce moment de répit et, glissant une première jambe hors du bassin, je caressais le bout de mes cheveux de jais. La nuit avait été longue. Parsemée de rêves amers, je n’avais pas réellement su trouver le repos paisible auquel j’aspirais. N’aidant pas réellement, la vapeur avait d’autant plus engourdi chacun de mes sens. D’habitude pointilleux sur le moindre détail, je me découvris une tendance confuse ce matin-là. Ne me séparant jamais de ma rapière, et ne laissant jamais mes vêtements bien loin, quelle en fut ma surprise lorsque je découvris que je les avais laissés dans le dortoir, n’emportant qu’une légère serviette avec moi. J’avais horreur d’être aussi négligeant. Cela n’apportait que d’innombrables ennuis que de faire preuve d’inattention. Bien sûr, les probabilités que quelqu’un me remarque en serviette étaient faibles car personne en principe ne restait par ici à ces heures, mais je n’en restai pas moins agacé.

Enroulant délicatement la serviette autour de ma taille fine, je pris la peine de balayé mes longs cheveux humides pour qu’ils puissent sécher de façon convenable. Une légère grimace pouvait se lire sur mon visage. Après une pareille chaleur, il était fort désagréable de sentir de nombreuses gouttes refroidies par l’air ambiant glisser le long de mon cou dévêtu. D’inévitables frissons parcouraient alors l’entièreté de mon corps. Une légère toux vint couronner ce moment délicat. Un trop grand nuage de vapeur avaient probablement envahi mes poumons. Avançant délicatement et discrètement sur le sol de salle d’eau, je faisais attention à ne pas perdre l’équilibre en évitant de glisser sur les nombreuses flaques d’eau qui la parcourait. Arrivant finalement à la porte des dortoirs, je l’ouvris délicatement. Mais cette discrétion était bien futile au fond car cette porte, aussi ironique que cela puisse paraître pour une porte de dortoir, ne pouvait s’empêcher de lâcher un grincement perçant des plus horribles. Un pareil bruit serait capable de réveiller les morts et pensez bien que s’échapper discrètement des dortoirs pendant que tout le monde dormait relevait quasiment de l’impossible. Mais certaines personnes au sommeil lourd arrivaient toutefois à résister à ce bruit sorti tout droit des enfers et continuaient leur voyage au pays des rêves comme si absolument rien ne s’était passé à ce moment-là.

Pas un bruit n’était perceptible dans les dortoirs. Le rideau était tiré, plongeant la pièce dans une pénombre plutôt rassurante. Après tout, l’idée qu’on me voie uniquement vêtu d’une serviette, et entièrement mouillé ne m’enchantait pas réellement. J’avais une image à sauvegarder et à défendre, et nul doute qu’un pareil incident y nuirait fortement. Refermant la porte derrière moi, j’eus du mal à me diriger. La pièce était plongée dans une obscurité profonde lorsque le vent cessait de faire danser le rideau. Avançant sans crainte car pensant que personne n’était dans la pièce, je me rendis vers le centre des rangées de lits afin d’y récupérer mes affaires habituelles. J’étais si persuadé qu’aucune âme n’hantait les lieux, qu’une fois ma couche atteinte, une légère expression de surprise vint marquer ma découverte de l’être qui dormait à côté.

''Kamui ?!''


Portant ma main à la bouche, conscient que l’élu primordial était endormi et que je risquais de le réveiller, je fis de mon mieux pour calmer ma respiration haletante. Quel choc… J’étais à moitié nu et surprendre quelqu’un, qui plus est Kamui, m’avait mis dans un état d’alerte sans précédents. Fichtre, qu’aurait-il pensé s’il m’avait vu ainsi ? J’en aurais certainement pris pour mon grade. Peut-être même se serait-il moqué de moi… Enfin, il n’y avait aucune crainte à avoir, le jeune blond respirait de façon régulière, preuve qu’il était bel et bien endormi.

Enfilant rapidement et sans bruit un bas, je pris place sur le rebord de mon lit quelques instants. Je fus surpris de découvrir que mon drap habituellement parfait comportait un pli inhabituel. Etant l’un des derniers à avoir quitté le dortoir en allant prendre mon bain, seul Kamui avait pu avoir fait ça. Mais pourquoi ? J’imagine qu’aucune raison particulière n’avait motivé ce geste. Mais alors que je bougeais légèrement, quelque chose vint se frotter au bas de mon dos. Je passai ma main à cet endroit et découvris que ma rapière avait été posée-là. J’étais pourtant persuadé de l’avoir laissée dans mon tiroir avant de partir… Kamui l’avait-il posée là ? Avait-il osé regarder mes affaires sans mon autorisation… ? Tout ceci était particulièrement étrange et attisais ma curiosité. Posant mon regard sur le jeune garçon, je remarquai à quel point son visage endormi présentait des traits particulièrement charmants et gracieux. Nul doute que l’élu primordial était un beau jeune homme… Et son visage ne traduisait qu’un sentiment : L’innocence et la paix que le sommeil est capable d’apporter. Une légère chaleur vint tinter mes joues. Je ressentais une certaine gêne à la contempler de la sorte, mais ce n’était pas désagréable. Voilà maintenant de nombreuses nuits que je passais en ce monde, et ma relation avec Kamui m’avait apportée une sérénité et une douceur inhabituelle chez moi. Je me sentais proche de lui, et il m’était difficile de tirer au clair l’ensemble des émotions que je pouvais ressentir en sa compagnie. Etait-ce là ce que l’on appelait l’amitié ? Je n’avais jamais vécu pareille chose sur terre, et tout ceci était nouveau pour moi. Mais à force de persévérer, Kamui avait réussi d’une manière ou d’une autre à faire en sorte que je m’attache à lui. L’attachement à autrui… Voilà un concept qui m’aurait donné envie de rire autrefois. Mais aujourd’hui les choses avaient changées. Peut-être n’était-ce là qu’une application du syndrome de Stockholm, et que nos deux destinées liés indéniablement aux chaînes de ce monde m’avaient poussée à accepter notre lien ?

Tout ceci me semblait toutefois quelque peu ridicule, pour ne pas dire insensé. Mais alors que mes yeux consumaient son visage apaisé, je ressentis un besoin irrationnel de poser mon doigt sur sa joue. Je glissais lentement sur sa peau. Aussi étrange que cela puisse paraître, j’appréciais ce contact et ne voulait pas le perdre. Etais-je donc tombé sur la tête ? Peut-être qu’un sorcier m’avait jeté un sort ? Je ne me reconnaissais plus, mais une chose était certaine : Je voulais rester près de lui désormais. Mais ce désir se devait d’être réprimé. Il n’avait pas lieu d’être. Je me devais de me le prohiber car il n’était rien d’autre que mon chef, mon dirigeant. Je ne pouvais pas m’attacher à lui. Cela n’allait que m’apporter des problèmes. Mais… Depuis le début, il avait toujours fait preuve d’attention à mon égard et… Pour la première fois, quelqu’un semblait réellement concerné par mon existence. Je ne savais plus quoi penser exactement.

''Repose toi bien… Elu primordial…''


Ces mots sortirent naturellement de ma bouche au moment même où je posais ma main sur le drap de son lit. Mais un gigotement de sa part m’obligea à la retirer drastiquement. Allait-il se réveiller ? M’avait-il aperçut, et pire, entendu ? Non… Qu’allait-il penser… ? Je fus rassuré toutefois de le voir se repositionner sur son matelas. Il était de ceux qui aimaient gigoter pendant leur sommeil apparemment… me relevant doucement, je fis attention à ne pas faire de bruit. Mais alors que je reprenais ma rapière dans les mains, je fis preuve d’une extrême maladresse : me glissant des mains, elle vint percuter le sol, provoquant un étincèlement bruyant. Quelle plaie ! A peine eu-je le temps de la récupérer et de vérifier qu’elle n’avait pas réveillé l’élu, que celui-ci se frottait déjà les yeux et tournait sa tête en ma direction. Que faire ? Que dire ? Je n’avais plus vraiment d’autre choix.

''Hm. Bonjour, Kamui. Alors, n’as-tu pas honte de roupiller à cette heure-ci pendant que tes hommes livrent un combat sans fin dehors ? Un tel manque de discipline ne te ressemble pas…''


M'efforçant de présenter un ton sérieux et accusateur, j'espérais fermement que tout ce qui s'était passé précédemment n'était connu que par moi-même et moi seul. La tension était telle que j'en avais oublié que je me dressai devant lui, sans le moindre vêtement pour couvrir mon torse. Et j'osais parler de discipline...
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Kamui
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyMer 27 Avr - 17:42

Comme perdu en plein songe, je profitais de l'herbe grasse qui s'étendait sous moi, lit de verdure confortable et apaisant. L'odeur qu'apportait le vent de la prairie soulevait des senteurs de mon enfance. Celle des champs de fleurs sauvages. Glissant mes mains sur mon visage, je touchais ma peau rendue chaude au contact des rayons de l'astre solaire qui abreuvaient mon corps. Mes mains vinrent titiller la peau de mon cou, fin et délicat, quelques mèches blondes chatouillant le bout de mes doigts dans le processus. Descendant vers la clavicule puis vers le torse, j'esquissais un sourire nostalgique. Voulant en avoir le cœur net, je glissais mes mains vers mes hanches, tâtant le tissu ample et satiné qui recouvrait l'intégralité de mon corps. Il n'y avait désormais plus que dans mes rêves les plus fous que je pouvais revêtir ces tenues. Bien qu'elles ne soient aucunement pratiques, j'avais nourri pendant toute mon existence humaine un amour pour ces étoffes soyeuses et voluptueuses. De ma condition d'homme, je n'avais jamais encore trouvé tenue plus somptueuse que celle que je portais à l'instant.

Pris d'un élan de folie et d'envie, je me redressais d'un bond, agrippant les pans de tissu qui recouvraient mes jambes d'une main, afin d'éviter de le salir, ou même de me faire tomber dans le mouvement. Une fois mes pieds nus en contact parfait avec l'herbe fraîche, je me mis à tournoyer. Tournoyer jusqu'à en perdre la notion de l'espace et du temps. Le tissus voletait en un drapé majestueux autour de moi, et le bruit délicat de la matière qui se froisse au contact du vent m'arracha un rire de satisfaction. Cette satisfaction tendre et doucereuse qu'ont les enfants la première fois qu'ils jouent avec leur jouet préféré. Et plus je tournais, plus la joie s'emparait de mon cœur. Tourner tourner tourner et ne plus jamais s'arrêter. Un rire bien plus clair que d'habitude s'éleva de ma gorge, cristallin, fluide, à en faire pâlir un ange. Avais-je un jour oublié comment user de mes cordes vocales ainsi ? Mais qu'importait, à cet instant, je pouvais être moi-même sans chercher à me cacher. Je levais les bras au ciel, riant comme un enfant.

Jusqu'à ce qu'au détour d'un croisement de pied malheureux je m'effondre, assis brutalement dans l'herbe, mes cheveux revenus sur l'avant de mon visage sous l'impact du choc. D'abord surpris, j'éclatais à nouveau d'un rire bienheureux. Que cette époque me manquait.
Je replaçais ma chevelure blonde d'une main délicate. Glissant les mèches rebelles qui encadraient mon visage derrière mes oreilles. Oui, cette quiétude qui nous habite quand on a rien d'autre que sa propre petite existence à gérer... Je me sentais réellement comme un jeune enfant solitaire qui n'avait besoin de personne d'autre pour pouvoir profiter du temps qui lui était offert. Relevant les yeux vers la bâtisse familiale, j'apercevais une ombre se rapprocher. Était-ce père ? Non... La démarche était trop souple, la cambrure trop svelte... Plus l'homme se rapprochait et plus un nom venait s'imprimer au fond de mon être. Une seule lettre brûlait mon âme au fer rouge.

A.

Et alors que je percevais un peu mieux l'image trouble de l'homme qui s'approchait vers moi... Mon souffle se coupa. Pas lui.

A, comme Astaroth.

Et comme une poupée, je sentis mes membres se disloquer. Cloué au sol, je n'arrivais plus à bouger, non. Non, je voulais fuir. Fuir loin d'ici. Sa belle tenue d'époque luisait à la lumière du soleil. Il était beau oui. La beauté étouffante d'un animal prêt à dévorer sa proie. Une canine luisait entre ses lèvres, signe avant coureur du carnage qui allait suivre. Sa langue vint caresser sa lèvre supérieure, son regard reptilien se plantant dans les lacs azurs qui petit à petit s'emplissaient d'eau. Je me débattais, je tentais de fuir. Non, pas ça. Pas ça.

Un grincement sinistre s'insinua dans ma tête. Étaient-ce les grilles de l'immense porte de la Mort qui s'ouvraient pour moi ? J'eus l'impression de suffoquer. Je voulais pleurer. Mais impossible, aucune des petites gouttes salées ne coulaient le long de mes joues. Comme si un tissu transparent absorbait chacune de mes larmes avant même qu'elles n'aient pu franchir la barrière de mes yeux.

Pitié, que quelqu'un vienne me sauver. Un souffle de vent vint m'apporter mon nom. Que disais-je quelqu'un prononçait mon nom. Le vent portait la voix d'un inconnu. Mais pourtant, cette voix me disait quelque chose. Et l'espace d'un instant, j'eus l'espoir que quelqu'un ait entendu mon appel et vienne me sauver. Et en même temps qu'un vent d'espoir se souleva dans mon coeur, la brise fit s'évaporer l'image, mais la silhouette elle persista. L'ombre pris une allure beaucoup plus élancée et fine. Et l'habit luisant de lumière devint noir de jais. Et les yeux ambre tirèrent à une couleur sanguine flamboyante. Et la cicatrice brûlante d'une lettre vint se raviver au fond de mon être.

A, comme Alvaro.

Et par la simple pensée de ce nom, le corps devint soudainement bien moins brumeux. Il se rapprochait lentement de moi, et quand il fut près de moi, mis un genou à terre pour se mettre à mon niveau. Son masque ne recouvrait pas le bas de son visage, et la lueur douce que je distinguais au fond de ses prunelles eu l'effet de me rassurer immédiatement. Un léger sourire se dessina sur son beau visage. Il leva la main pour caresser ma joue. Et lorsque le contact eu lieu. Les chaînes qui me paralysaient quelques secondes plutôt semblaient disparaître comme par magie. Mais alors que j'allais me jeter à son cou, des larmes de bonheur naissant à nouveau au coin de mes yeux, sa main quitta ma joue subitement, et un coup de vent balaya l'image du brun.

J'étais à nouveau seul.

A, comme Abandonné.

Je me laissais désespérément tomber en arrière. Et en même temps que ma chute, tout le paysage s'effondra ne devenant plus que noirceur profonde et sans limite. Et dans un bruit métallique insupportable, je fus comme aspiré.

Un gémissement m'échappa. Toujours perdu entre rêve et réalité, je reprenais peu à peu conscience de mon propre corps. Je tournais la tête vers la provenance du bruit qui semblait m'avoir tiré de ma torpeur. Encore embrumé par les sentiments qui m'avaient envahit, je m'appuyais sur mon avant bras pour me redresser faiblement, portant mon autre main timidement serrée pour frotter mes yeux d'un geste enfantin. Je laissais retomber ladite main dans mon cou, frottant ma nuque pour tenter d'éveiller à nouveau mes sens. Une voix s'éleva, mais je n'y pris pas vraiment garde sur le coup. J'étais encore emprisonné par la moiteur du sommeil. J'ouvrais alors les yeux sur ce monde encore noir. Alors j'étais encore en plein rêve..? J'étais encore en plein délire illusoire...? Mais mon attention fut captée par une chose qui irradiait de lumière dans toute cette obscurité. A l'ombre du monde et de tous les regards, la glace rencontra le feu au même instant que mon regard croisa le sien.

Alors il ne m'avait pas abandonné ?

Et dans un mouvement irréfléchi, je me jetais dans les bras de celui qui m'avait sauvé du pire de mes cauchemars. Dans un bruit de drap froissé, mes bras vinrent enserrer le cou du brun. Sur la pointe de mes pieds nus, j'enfouissais mon visage contre son torse dévoilé à la face du monde. Même en rêve, son odeur restait un paradis pour mes sens.

- Ne me laisse plus jamais seul...! A... Astaroth... Il a voulu me faire du mal... Mais je suis tellement faible face à lui... ! J'étais pétrifié devant lui... Alvaro, je t'en supplie ne me quitte plus..!


Et ce que je n'avais pas réussi à faire quelques instants plus tôt se produisit. Un sanglot s'échappa de ma gorge, et pareil à un enfant qu'on aurait abandonné dans les bois pendant des heures en proie à lui-même, je me mis à pleurer à chaude larmes. Mes doigts se crispèrent dans la chevelure noire, alors que je fermais les yeux sur cet enfer.

A, comme Apaisement.

A cet instant, si le paradis devait porter un nom. Ce serait Alvaro.


Dernière édition par Kamui le Ven 29 Avr - 16:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyJeu 28 Avr - 0:35

Qu’avait-il bien pu se passer dans la tête de Kamui des instants auparavant ? Ces yeux grands ouverts trahissaient une stupeur des plus fortes. Alors même que je m’efforçai de rester digne et de ne pas entacher mon image, le jeune blond semblait n’avoir absolument pas compris, pour ne pas dire entendu ce que je venais de lui dire. Il avait purement et simplement ignoré mes paroles et semblait totalement coincé dans un délire dont lui seul connaissait les sources. L’effroi parcourait l’ensemble de son visage alors même que le bleu de son regard s’abandonnait au creux de mes rubis décontenancés. Avait-il fait un cauchemar ? Ou peut-être était-il frappé par une angoisse matinale des plus détonantes. Quoiqu’il en soit, l’élu n’était pas dans son état habituel et son geste surprenant vint me confirmer que tout ne se déroulait pas comme la logique l’aurait souhaité : Bondissant de son lit, il s’était jeté sur moi et sans attendre passa ses bras autour de moi, me serrant de toutes ses forces.

''Que… ?''


Il m’avait surpris. Jamais je n’avais pu voir Kamui dans un pareil état. Avait-il sombré dans la démence ? Ce comportement anormal n’était pas sans me rappeler quelques évènements fâcheux qui avaient frappé certaines de mes nuits à l’orphelinat. En effet, pris d’une grande frayeur nocturne, certains enfants se mettaient dans un état de panique extrême et ne cessaient plus de hurler jusqu’à ce que les Soeurs les fassent revenir à la raison munis de leurs fameuses cravaches sanglantes. Généralement, ces paniques n’étaient que le résultat d’un cauchemar bien trop réaliste et enveloppant chaque domaine traumatique dont les enfants souffraient de par leurs conditions de jeunes êtres abandonnés au beau milieu d’un enfer religieux et strict. Je supposais donc que Kamui venait tout simplement de vivre un véritable mauvais rêve qui aurait probablement refléter les grandes peurs qui avaient pu le tourmenter. Cette idée toutefois, me semblait bien étrange aux premiers abords. Il était particulier d’imaginer celui qu’il fallait qualifier comme son supérieur comme étant un être humain lui aussi frappé par la peur et ses supplices et pouvant lui-même se réveiller en sueur certains matins. Il en allait sans dire que cette réaction dissipait quelque peu cette image d’intouchable dont jouissait l’élu primordial. Mais le mystère trouva ses origines dans les paroles énigmatiques qui suivirent :

- Ne me laisse plus jamais seul...! A... Astaroth... Il a voulu me faire du mal... Mais je suis tellement faible face à lui... ! J'étais pétrifié devant lui... Alvaro, je t'en supplie ne me quitte plus..!


Ne plus jamais le laisser seul ? Avait-il perdu la tête… ? Et que venait donc faire ce maudit reptile dans la conversation ? Il était impossible que le vil élu primordial d’Oppse ait pu menacer Kamui au cœur-même de la forteresse de Layca. Ainsi, il n’était bel et bien effrayé que par l’image factice de cet être abjecte qu’était Astaroth. Un simple cauchemar avait dévoré toute once de courage chez lui et voilà qu’il m’agrippait de toutes ces forces, me prenant pour une mère rassurante que je n’étais pas. Mais son corps tremblant et ses flots de larmes avaient eu raison de ma froideur et de ma raison, et je n’eus pas d’autre réflexe que d’enlacer à mon tour son corps consumé par la peur. Il ne fallait pas chercher à expliquer mon acte. Il n’avait aucun but précis, aucune origine prédéfinie et encore moins de conclusion attendue. Il n’était qu’une expression spontanée qui dépendait entièrement de ce que Kamui me faisait ressentir à ce moment précis. Ce genre de moments ou la raison, embrumée par ce doux parfum enivrant qui s’émanait continuellement de sa peau dénudée, échappait totalement à toute notion de contrôle et ne laissait place qu’à la l’expression la plus pure des sentiments. Mon geste était un peu comme une main qu’on tendrait sans réfléchir en voyant qu’une âme déchirée se tiendrait devant nous.

''Kamui…''


J’avais prononcé son nom d’une voix des plus méconnaissables. Cette douceur ne me caractérisait vraiment pas. J’étais perdu et ne savait pas réellement comment réagir face à pareille situation. Appuyant sa tête contre mon torse, je sentis les larmes de Kamui perler le long de mon corps, les poings de l’élu se resserrant sur moi. Je renforçai alors mon étreinte, cherchant d’une certaine façon à le rassurer et a consoler cette tristesse comme si ce geste provenait d’une nature profonde qui dormait en moi. Sans réfléchir, je voulais qu’il comprenne que j’étais là. Mais l’être réfléchi que j’étais ne pouvais pas s’attarder longuement sur des gestes purement spontanés et la réflexion avait inévitablement fini par me rattraper. Cette situation était si inhabituelle que je me vis contraint de remettre en question mon comportement et le sien. Qu’on se trouve lui et moi, enlacés en silence dans le dortoir assombri n’étais en rien une situation désagréable, mais elle me semblait ô combien peu naturelle et rationnelle. Était-ce une attitude que l’on pouvait blâmer ? Avions-nous le droit de faire ça ? Un tel rapprochement était-il permis par la hiérarchie ? C’est alors que peu à peu, je réalisai l’ampleur de ce qui se passait dans ce dortoir à ce moment-là : L’élu primordial et moi desservions notre quête principale. Celle qui constituait le cœur même de notre compromis et qui motivait à elle seule notre bataille quotidienne. Nous abandonnant à une gestuelle bien trop intime et totalement déplacée, nous venions de réduire nos efforts à un relâchement désespéré intolérable. Qui étions-nous pour nous permettre une pareille familiarité ? Était-ce là la réaction que se devait d’avoir un véritable chef devant l’un de ses subordonnés ? S’abandonner à lui, tremblant et affichant ses faiblesses ? Si un simple pion avait été là à ma place, aurait-il malgré tout montré ce visage rongé par la peur ? Il était hors de question que je puisse accepter pareille chose dans ce contexte. Ce pacte qui nous liait nous forçait à rester digne tant que notre objectif n’avait pas été accompli. Nous n’allions jamais pouvoir remporter cette maudite guerre si la simple vue de l’ennemi pouvait altérer son calme à ce point. Il en allait de mon devoir moral, et de mes valeurs personnelles de réagir et faire comprendre à Kamui que son comportement n’était pas celui qu’il fallait adopter et que je n’étais en aucun cas le plus apte à servir de témoin à ces phases de désespoir. Repoussant les bras de ce dernier, je le dévorai du regard pour que celui-ci se concentre bien sur ce que j’allais dire. Mais le teint pâle et l’expression de l’élu ne cessaient de montrer que son âme était telle une mer agitée par le courroux de Poséidon. Levant mon bras, je n’avais pas d’autre choix que d’infliger un véritable choc afin d’extirper une bonne fois pour toutes Kamui de la bulle dans laquelle ses songes l’avait emprisonné. Le claquement de ma paume sur sa joue ne fut pas des plus brutal, mais le bruit perçant allait certainement suffire à focaliser toute son attention sur la brûlure qui allait l’envahir d’ici peu. Serrant le poing, je tentai alors de le raisonner d’une voix grave.

''Ressaisis-toi maintenant ! Cette peur qui te paralyse n’a pas lieu d’être Kamui ! Remballe ces larmes et ces poignets tremblants, tu m’as a de nombreuses reprises prouvé que tu méritais ton statut de chef, alors ne défigure pas ton rôle à ce point. Un chef ne peut pas se permettre de flancher de la sorte et de craindre l’ennemi comme un vulgaire insecte épris d’une lâcheté qui ne te ressemble pas. Tu parlais de pétrification et d’abandon, mais as-tu déjà oublié qu’en ce monde ces deux notions n’avaient pas lieu d’être ?! Il ne sera jamais question que je te quitte, car nous sommes liés par les chaînes de l’éternité à ce conflit infernal. As-tu donc déjà oublier tout cela ?! Je dois te prêter allégeance en dépit de ma propre volonté, ainsi tu ne peux pas te permettre de donner une image aussi pitoyable de toi-même ! Comment veux-tu qu’on te respecte et que moi-même je puisse te tolérer si tu ne respectes pas toi-même ?! Sois un homme !''

Je n’étais pas réellement motivé par une quelconque colère, mais à force de côtoyer Kamui, j’avais appris à respecter ses valeurs et sa personnalité. Il n’avait pas le droit de montrer ses faiblesses et encore moins de se montrer indigne de notre but en commun. Et par-dessus tout, cette attitude craintive et puérile me mettait hors de moi. Ou était donc le grand Kamui aux belles paroles qui savait mener ses troupes vers la victoire ? L’élu primordial que je connaissais ne se laissait pas abattre par une fantaisie de son propre esprit. Il était combattif et près à tout pour défendre les siens. Mais tout ceci n’était-ce donc qu’une supercherie ? Je refusais d’y croire !

''Lève-toi fièrement Kamui. Ne m’oblige pas à ressentir la honte d’avoir osé croire en tes paroles. Nous n’avons pas de temps à perdre et tu le sais. Souviens-toi de ce jour où tu m’avais interdit d’abandonner. Ne prêche pas uniquement la bonne parole mais applique le proverbe à tes propres démons. Si tu comptes un jour vaincre Astaroth, commence par te dresser fièrement face à lui et ce, en toute occasion. Ne me donnes pas de raison de justifier ma colère...''

J’agrippais une chemise dans mon tiroir et commençais à la boutonner petit à petit. Cette guerre n’attendait pas, et j’avais dit ce qu’il fallait dire. Il n’en revenait plus qu’à Kamui de réagir désormais. Je n’allais pas laisser mon appréciation pour Kamui entacher notre destinée. L’heure n’était pas aux bons sentiments, ni à la facilité. Il fallait être fort, devenir plus solide que le roc pour affronter cette épreuve incessante qui nous torturait jour et nuit. S’abandonner aux futilités signait purement et simplement l’arrêt de mort de notre pacte, et je refusais catégoriquement de me refuser la liberté promise au nom d’émotions et de sentiments que la tête blonde arrivait à me faire ressentir et qui était alors, à mon sens, un frein inutile et qui n’entrainerait tôt ou tard qu'une douleur impitoyable.
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyJeu 28 Avr - 2:41

La détresse. Un sentiment bien malheureux qui finissait forcément un jour par habiter le cœur de tous. Vous ne connaissez pas la détresse ? Alors bientôt vous la rencontrerez. Ce n'est même plus un sentiment. C'est une partie de vous. Quand la détresse vous tient, elle est pire qu'une sangsue qui jamais ne s'arrête de s'abreuver de votre sang. Mais la détresse elle n'en avait pas après le sang. Mais après la vie. Cette impression malsaine que tout au fond de vous, vous n'êtes plus vous-même. Cette douleur incommensurable qui faisait se briser chacun de vos os sous la pression démentielle qu'elle exerce sur votre corps. L'âme déchirée en des milliers de particules. Votre corps dispersé aux quatre vents. Quand la détresse vous attrape, elle vous épouse et ne vous lâche plus. Une fois l'anneau à votre main, il y reste scellé, maintenant et à jamais. A la vie, à la mort.

C'était cette détresse qui à l'instant détruisait mon esprit. Ces nuits peuplées de cauchemars étaient pourtant un refrain que je connaissais bien. Le sursaut de mal être qui vous extirpe vicieusement d'un sommeil réparateur que vous tueriez pour obtenir. Mais non, quand je refermais les yeux, toujours les mêmes images. Un incendie de douleur s'écoulait dans mes veines à chacun de ces cauchemars. Et aujourd'hui n'y avait pas fait exception.

Pourtant, ce qui aurait pu me réveiller en pleur se tira lentement vers un sentiment plus doux. La détresse fut petit à petit happée par la chaleur. Caresse souveraine d'une peau réconfortante. Le souffle régulier d'un être cher présent pour vous en tout instant. La possibilité quand on se sent mal de serrer de toutes ses forces une main qui bien qu'on lui broie les os ne se retirera jamais. Faire disparaître toutes ses angoisses dans un océan de bonté. S'abandonner dans les bras d'un ami. D'un amant.
Était il possible qu'en plein rêve, un cauchemar vire soudainement de bord ? Quand tout s'effondrait autour de vous, aviez-vous déjà eu l'impression que la tempête qui avait suivi le calme était désormais passée ?

J'osais y croire.

Lové dans les bras d'un être à qui je tenais aujourd'hui plus que tout, je sentais la chaleur m'envahir. Laissant couler à flot les milliers de perles d'eau que j'avais retenu pendant mon cauchemar, un gémissement de désolation m'échappa. Cri pourfendeur du désarroi qui m'avait habité. Mais alors que les mots entre coupés de sanglots s'échappaient de mes lèvres tremblantes, je resserrai ma prise sur la chair douce et fraiche qui se tenait face à moi. Tentant désespérément de calmer les battements de mon cœur, je décidais d'écouter la chamade que faisait celui que je tenais désormais dans mes bras endormis. Alvaro. Il avait laissé échapper une légère exclamation de surprise au moment ou tout feu tout flamme, je m'étais jeté à son cou. Mais, est-il possible dans un rêve de lire la surprise sur le visage du sauver qui venait à votre secours..? Il fallait croire que oui. Et le vaillant Prince finit par enlacer la Princesse sanglotant au creux de ses bras. Lorsque la chaleur de ses bras m'entoura, j'eus la vague idée que si tout ceci était réel, je n'aurais pas imaginé contact plus tendre. La douceur du geste semblait calculée quoique spontanée. L'amant cueillant la plus belle fleur d'un jardin pour son aimée l'aurait probablement fait avec autant de délicatesse. Mais mon âme se réchauffa uniquement au moment ou la voix suave du brun vint susurrer mon nom près de mon oreille, d'une voix que jamais encore je n'avais osé entendre, même dans mes songes les plus fous. La tendresse qui émanait de ce simple mot n'eus clairement pas le bienfait de stopper mes larmes. J'eus au contraire l'impression qu'elles redoublèrent. Mais cette fois-ci ce n'était plus un sentiment négatif qui animait mes sanglots.

Des larmes de bonheur.

Rendant l'étreinte de toutes mes forces, je m'agrippais à l'homme comme à ma propre existence. Jamais encore je n'avais ressenti pareille sensation au contact de la peau d'un autre. Venant un peu plus coller ma joue à la peau délicate du torse de mon vis à vis, je pouvais me complaire à cette caresse agréable qu'était la peau d'Alvaro contre la mienne. Les yeux clos, je laissais mes sens profiter pleinement de ce que jamais je n'aurai osé faire en étant éveillé. Les rêves avaient cette vocation d'accomplir des miracles. Les doigts d'Alvaro qui se resserraient sur ma chemise, me collèrent à lui dans un étau ou plus un seul centimètre de nos peaux n'était séparé. Vidant mon esprit, je m'abandonnais corps et âme à lui. Le vide qui habitait ma tête était paisible, serein, seul me bruit silencieux de mes larmes et nos deux souffles venaient perturber la quiétude qui avait envahit mon être.

Mais ce moment fut de courte durée. Je sentais déjà les bras d'Alvaro me forcer à m'éloigner de lui. Pourquoi si tôt ? Quelques minutes ou quelques heures de plus ainsi ne m'auraient jamais dérangé... Et l'espace d'une seconde, je me dis que celui que je considérais encore et toujours être Alvaro n'était peut-être plus lui. Rouvrant un regard paniqué sur le monde des illusions, je cherchais à percevoir le visage de celui qui avait empêché mes cauchemars de se cristalliser en un acte insurmontable. Mes iris troublées par des larmes persistantes et par l'inquiétude croisèrent la braise du regard de mon sauveur. Et sans même que j'ai le temps de comprendre ne serai-ce qu'une seconde le spectacle dont j'étais le rôle principal, un claquement retenti. Je fermais les yeux par réflexe en sentant une douleur vive envahir la chair tendre de ma joue. Mes pupilles se rouvrirent alors sur le monde, paniquées. Et la main restée levée d'Alvaro me fit comprendre l'étendue de ma bêtise.

Tout ceci n'était plus un rêve, mais bel et bien la réalité.

La main qui venait de me porter le coup se serra nerveusement en un poing fermé, et sans que je n'ai le temps de faire ou dire quoique ce soit, Alvaro déversa sur moi un flot de paroles qui, à chaque mot brisait un peu plus mon âme. Chaque parole était un poignard qui venait douloureusement se planter dans mon cœur meurtri. Les yeux écarquillés, levé sur la face de celui que j'avais pris pour mon sauveur, je sentais tout mon être flancher.

Qu'avais-je fait ?

Réalisant subitement toute l'ampleur de l'événement dont j'étais l'unique coupable, et écoutant abasourdi les propos dégoulinant de véracité du brun, je me sentis pitoyable. Pathétique créature que j'étais. J'avais passé des années à lutter pour conserver toutes mes peines et tous mes maux en moi. Et comme un imbécile, je déversais mon malheur sur mon Élu. Planté là comme un idiot, j'écoutais la voix d'Alvaro comme la sentence dont j'étais le digne requérant. Me retrouvant face à face avec tous mes démons, et avec la rancune de celui que je considérais comme l'un de mes plus proches amis, je sentais quelque chose au fond de moi se briser. Cristal pur s'envolant en mille et une étoiles. Et le verdict imposé par Alvaro tomba sur mes épaules comme la sanction de toute une vie.

« Sois un homme ! »

Un profond tremblement vint remuer tout mon être. Et la déception mêlée à de l'incompréhension que je lisais au fond du regard d'Alvaro fut le premier pied que je mis pour franchir la ligne vers ma longue et douloureuse descente aux Enfers. Mais alors que je pensais que je pourrais encore me ressaisir. Il reprit la parole et vint remuer le couteau dans la plaie béante que j'avais moi-même creusé. Dindon de la farce, je m'étais moi-même pris au piège sans jamais le savoir. Ses dernières paroles, qui étaient probablement des mots d'encouragement finirent de faire glisser mon second pied par les grilles de l'Enfer. Et que faire si ses peurs étaient impossible à étouffer...?

« Ne me donnes pas de raison de justifier ma colère... »

Le dernier coup de couteau. Mortel.

Alors qu'il se retournait pour faire je ne sais quoi, je me sentis vaciller. Je sentais toute notion d'équilibre ou de raison me quitter. Esquissant un pas en arrière pour essayer de stabiliser ma position, mon pied percutais le rebord de mon lit dans un bruit mat. Perdant définitivement l'équilibre, je me retrouvais assis, tête et bras pendants, comme sans vie. J'eus beau entendre le bruit des mouvements d'Alvaro, le vide venait d'emplir ma tête. Insondable et irrépressible. Mais je n'avais pas le droit à ce luxe. Ce vide, je ne le méritais pas. Je ne méritais que le tourment et la douleur liées à ma personne, à mon statut. Je ne méritais pas le soutien d'Alvaro. Je me devais de lutter seul. Jamais personne n'aurait dû entendre mes sanglots. Jamais personne n'aurait du voir mes larmes de douleur face à mes peurs. Je n'avais pas le droit à ce repos. Toute forme de répit m'était interdite. Serrant les poings, sentant mes ongles s'enfoncer rudement dans ma chaire, je relevais la tête, pantin désarticulé.

Un charmant sourire était peint sur mes lèvres. Ce sourire que je servais avec aisance à tout le monde, en toute heure. Le tableau aurait été parfait, si seulement les deux lagons bleus qu'étaient mes yeux ne déversaient pas un flot silencieux de larmes de douleur. Incapable d'arrêter ces gouttelettes salées d'envahir abondamment mes joues, je lâchais un rire claire et qui bien malgré moi sonna faux. Je prononçais d'une voix légère et joyeux, mon souffle entrecoupé de quelques sanglots malheureux qui venaient mourir au bord de mes lèvres.

- Pardonne l'affront que je t'ai fait subir, Alvaro. Je ne suis pas digne de ta confiance. Quel chef digne de ce nom a le droit de céder ainsi ? Les faiblesses sont interdites à ceux qui se battent. Verser ces larmes devant toi était un acte stupide... Me jeter dans tes bras était un acte stupide. Une jeune vierge perdue aurait fait ainsi. Mais moi, je n'ai pas le droit à ça. Je dois tous vous protéger. Le repos ne devrait pas m'être possible. Jamais je ne devrais pouvoir fermer les yeux en paix quand vous, vous qui m'êtes si chers souffrez.


Mon sourire redoubla d'intensité, comme d'un commun accord avec mes larmes. Mes sourcils froncés et l'eau que mes yeux déversaient étaient la seule preuve du sentiment qui rongeait mes entrailles.

- Tu peux encore me frapper Alvaro. Je mérite tous les châtiments du monde pour une seconde avoir osé montrer mes craintes. Ici, je devrais perdre toute trace d'humanité. Devenir comme Astaroth, froid et incapable du moindre sentiment.

De grosses larmes tombaient sur mes mains toujours serrées que j'avais ramené sur mes cuisses. Assis au bord de ce lit, j'aurai aimé être au bord d'une falaise. Pouvoir sauter et ne jamais me relever. Mais n'était-ce pas là le signe d'un abandon ?

La détresse. Un sentiment bien malheureux qui finissait forcément un jour par habiter le cœur de tous. Vous ne connaissez pas la détresse ? Alors bientôt vous la rencontrerez. Ce n'est même plus un sentiment. C'est une partie de vous. Quand la détresse vous tient, elle est pire qu'une sangsue qui jamais ne s'arrête de s'abreuver de votre sang. Mais la détresse elle n'en avait pas après le sang. Mais après la vie. Cette impression malsaine que tout au fond de vous, vous n'êtes plus vous-même. Cette douleur incommensurable qui faisait se briser chacun de vos os sous la pression démentielle qu'elle exerce sur votre corps. L'âme déchirée en des milliers de particules. Votre corps dispersé aux quatre vents. Quand la détresse vous attrape, elle vous épouse et ne vous lâche plus. Une fois l'anneau à votre main, il y reste scellé, maintenant et à jamais. A la vie, à la mort.

A cet instant, je voulais mourir. Mais même à ça je n'avais pas le droit. Mes doigts crispés sur mes genoux, les gouttes d'eau coulant par torrent sur mes joues. Mon sourire imperturbable plaqué aux lèvres, mes yeux bleus troublés par l'orage.

Je n'étais plus moi-même.

J'étais la Détresse.


Dernière édition par Kamui le Ven 29 Avr - 16:23, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyVen 29 Avr - 0:07

Fermant la dernière boutonnière de ma chemise blanche, je remettais en état mes deux manches quelque peu rapiécées. Couronné d’un long soupire, je finissais ces quelques préparatifs vestimentaires, replaçant ma fidèle lame dans son fourreau de métal. Fixant ce-dernier, je contemplais délicatement les motifs en or qui venaient peupler sa couleur pourpre. L’ornement en forme de scorpion qui régnait à la base de ce dernier m’offrait un éclat tel, que je pus apercevoir mon reflet au fond de ce spectacle brillant. Le rouge entourant mes pupilles ne montraient pas une image habituelle. Mes yeux brillaient eux-aussi et n’étaient plus aussi tranchant qu’une épée chevaleresque. Pourquoi affichaient-ils pareille hésitation ? Quels doutes pouvaient bien hanter mon cœur à ce moment-là ? Je ne me comprenais plus rien. J’étais en colère contre Kamui, je refusais d’accepter son attitude, alors pourquoi est-ce que je pouvais sentir comme un poids ravageant mon âme ? N’y avait-il aucun moyen de traduire ce genre de mystère ? Tout ceci ne faisait que me perdre d’autant plus face à cette situation. Et l’élu primordial n’arrangeait en rien ma propre situation. Prenant mes mots au pied de la lettre, il n’avait rien trouvé de mieux que d’afficher un sourire qui n’aurait berné que le plus ignorant des ignares. Faire la bonne mine n’avait pas réussi à me convaincre, car l’expression de Kamui n’était rien d’autre qu’un vulgaire masque. Ce bonheur factice ne le représentait en aucun cas. Bien que le temps ne soit qu’une notion inexistante en ces lieux, nous avions passé de nombreux clairs de lunes ensemble et j’étais en mesure de distinguer quand son sourire puisait ses ressources dans le véritable bonheur ou qu’il n’était là que pour essayer de faire croire que tout allait bien ou pour arranger la situation. Pensait-il réellement que ce faux sourire allait fonctionner ? Son intention était certainement de me faire croire qu’il allait appliquer mes consignes à la lettre et réagir avec bravoure, mais sa douleur était bien trop vive pour que cela ne paraisse crédible un seul instant. L’océan de ses yeux débordait sans retenue, trahissant d’autant plus la véritable déchirure qui le parcourait à cet instant. Voir pareille image me troublait. Garder son calme relevait de l’impossible alors que je contemplais la chute continue de ses larmes salées et hélas sincères.
Pourquoi pareille tristesse me troublait-elle à ce point ? Depuis quand mon cœur était-il capable de s’abandonner à la compassion… ? Ce jeune homme avait-il donc réussi à me changer à ce point ? Non, ce n’était pas possible. Jamais personne n’avait réussi pareil exploit durant ma vie sur Terre. Tout le monde s’était toujours comporté froidement avec moi et vice-versa. Tout n’était que relation professionnelle et hypocrisie sociale. Je n’avais jamais trouvé d’intérêt à m’attarder sur les gens, car j’étais intimement convaincu qu’ils n’allaient jamais rien m’apporter. Alors pourquoi diable mes acquis se voyaient à ce point chamboulés par cette seule et unique personne ? N’importe qui d’autre aurait été ignoré et abandonné à son misérable sort. Je m’étais toujours débrouillé sans jamais recourir à qui que ce soit. Ainsi, il m’était insupportable de voir ces vers de terre ramper aux jambes d’autrui et les supplier de leur offrir leur aide. Ils m’exaspéraient, tous autant qu’ils étaient. Le regard larmoyant aujourd’hui, les yeux regorgeant de haine le lendemain. L’humanité n’était composée que d’êtres égoïstes et je me refusais catégoriquement de succomber au piège de la bonne volonté. Ils ne méritaient pas que j’ai de la considération pour eux. Personne ne méritait ma sympathie, absolument personne. Alors pourquoi avait-il réussi à remettre en question cette conviction ? Pourquoi ressentais-je le besoin de lui venir en aide ? Insupportable symphonie qui vibrait en mon cœur…

- Pardonne l'affront que je t'ai fait subir, Alvaro. Je ne suis pas digne de ta confiance. Quel chef digne de ce nom a le droit de céder ainsi ? Les faiblesses sont interdites à ceux qui se battent. Verser ces larmes devant toi était un acte stupide... Me jeter dans tes bras était un acte stupide. Une jeune vierge perdue aurait fait ainsi. Mais moi, je n'ai pas le droit à ça. Je dois tous vous protéger. Le repos ne devrait pas m'être possible. Jamais je ne devrais pouvoir fermer les yeux en paix quand vous, vous qui m'êtes si chers souffrez. Tu peux encore me frapper Alvaro. Je mérite tous les châtiments du monde pour une seconde avoir osé montrer mes craintes. Ici, je devrais perdre toute trace d'humanité. Devenir comme Astaroth, froid et incapable du moindre sentiment.


Te châtier…Peut-être était-ce ce que tu méritais réellement pour oser m’avancer de pareils arguments. Peut-être qu’il me fallait effectivement te punir d’oser sourire alors que ton cœur pleure et d’oser renier ta véritable nature pour ne souhaiter devenir qu’un roc insensible. Un esprit lézardé par la haine et par la folie. Consumé par le non-sens, la violence et le sang. Oui Kamui, à ce moment-là, la raison aurait voulu que je marque à jamais ton corps pour avoir osé aspirer à devenir l’être vomitif qu’est Astaroth. Tu n’avais rien compris. Absolument rien. Je ne te demandais pas de ne plus rien ressentir. Je ne te demandais pas de poser un regard froid sur moi à chaque fois que l’on avait la chance de se croiser. Non Kamui, tu ne devais pas changer. Je refusais simplement que tu renies ta véritable nature et que tu t’abandonnes à tes frayeurs. Ta gentillesse, ton courage et ta force d’esprit n’avaient pas le droit de disparaître. Pas comme ça. Te voir, dévasté, déchiré, désespéré… Me mettait hors de moi. J’aurais dû être en colère, j’aurais dû être fidèle à moi-même et te laisser là pour te montrer à quel point il était ridicule de réagir ainsi. Mais… J’en étais incapable. J’étais purement et simplement incapable de te rejeter. J’avais beau me forcer, chercher une colère au fond de moi, j’étais totalement accablé par ces sanglots incessants. Serrant le poing, je bougeais mes lèvres, tentant de dire ce que j’aurais pu avoir dit habituellement. M’efforçant d’exécuter les gestes que j’aurais dû faire en temps normal. Mais je n’obtins qu’une tempête semée de doutes. Je n’avais envie que d’une seule chose. Un seul et unique geste hantait mon esprit. Je me rapprochai, lentement, le souffle coupé. Me rapprochant de son visage, mes mains vinrent se poser sur son cou humide et tremblant. Mon front était venu se poser contre le sien, doucement… Je voulais que cela cesse… Maintenant…

''Kamui…Cesse de pleurer… Je t’en conjure… Cette tristesse n’a pas de raison d’être… Pas tant que l’on sera ensemble. Nous avons traversé de nombreuses épreuves toi et moi et… Si cela peut te permettre de calmer ta peine ne serait-ce qu’un peu… Je promets de ne jamais t’abandonner. Je serai ton élu fidèle… Tu pourras toujours compter sur moi, mais par pitié, ne m’oblige plus à supporter ces larmes…''


Je ne savais pas à cet instant si c’était l’œuvre de Kamui et de son don, ou si son état avait fait naitre en moi une réelle empathie, mais je ne pus retenir une seule et unique perle salée de glisser le long de ma joue. Il m’était réellement insupportable de le voir dans cet état. Je n’étais plus moi-même. Il avait tout au long de notre périple réussi à métamorphoser ma pensée et mes gestes lorsqu’il était près de moi. Kamui était un être spécial. Pas seulement de par son statut, mais aussi à mes yeux… L’innocence de Layca réussissait à baisser le dard alerté du Scorpion… Il n’éprouvait plus le besoin d’être menaçant en sa compagnie, et ressentais même le besoin ardent de le protéger et d’être à chaque instant près de lui. Descendant mes bras le long de son dos, mon étreinte témoignait de mon réel désir que son calvaire s’arrête ici et maintenant. Je voulais simplement pouvoir te revoir... Heureux comme autrefois. Heureux comme à chaque fois que tu me voyais. Heureux comme à chaque petit instant ou mes mots stricts et parfois cinglants t’effleuraient à peine et te donnaient d’autant plus envie de sourire. Tu étais la première personne à m’avoir accepté tel que j’étais Kamui, et dans l’ombre de ce dortoir pourtant si banal, te tenir dans mes bras me faisait réaliser à quel point cela avait changé bien des choses pour moi. J’avais beau feindre l’indifférence et vouloir conserver mon image de personnage dur et strict, je ne pouvais plus me mentir à moi-même. Je voulais revoir ton véritable sourire… Je voulais que tu continues à m’apporter la paix.

''Kamui… Je….''


Mon cœur battait la chamade. Il me brûlait à vif et semblait vouloir s’extirper de mon torse flambant. Quel était ce feu que je pouvais ressentir ? Je ne le comprenais pas. Je n’arrivais pas à traduire cette sensation ardente qui transperçait mes organes. Je savais juste que…Je voulais que tu me fasses confiance.

''Je…''


Mais un frisson parcourut alors mon échine. Tel un éclair qui s’abattrait sur la plaine, un craquement angoissant vint faire trembler les fondements de mon esprit. Et si mes espoirs n’étaient pas fondés ? Et si Kamui, au fond, n’était qu’un être humain parmi tant d’autre ? Qu’est-ce qui pouvait me prouver qu’il n’allait pas tôt ou tard se lasser de ma présence ? Peut-être que je n’étais qu’un pantin utile pour lui et que sa bonne humeur n’était qu’une stratégie pour que j’accomplisse ma mission dignement et sans rechigner. Depuis le premier jour, sa sympathie n’était peut-être qu’un stratagème. Pourquoi lui serait une exception ? Les hommes avaient tous fini par me trahir tôt ou tard. Pourquoi lui ne le ferait pas ? Peut-être même qu’il me trouverait ridicule, à céder aussi facilement. Se rapprocher d’autrui n’était-il pas finalement le meilleur moyen d’ouvrir son dos au poignard de la trahison… ? Qu’il sache que j’étais prêt à le soutenir n’allait-il pas me rendre vulnérable ? Toutes ces questions vinrent bombarder ma conscience et faiblir ma poigne. Est-ce que ce regard trempé allait un jour refléter l’enfer ? Je ne pouvais pas me permettre d’offrir ainsi mes propres faiblesses sur un plateau d’argent. Mon cœur avait beau me convaincre qu’il était différent des autres, il fallait rester méfiant. Ne sachant plus quoi penser, le regard empli de regrets, je me redressais brusquement et portait ma main sur ma bouche pâteuse. Qu’avais-je fait ? Qu’allait-il penser ? Mes pommettes enflammées me tourmentaient. Dans l’obscurité du doute, je n’eus qu’une seule réaction. Une réaction qui démontrait bien à quel point je n’étais qu’un être fragile : la lâcheté.

''…Je suis désolé... ''

Agrippant ma rapière à mon pantalon, je pris la direction de la sortie d’un pas vif et décidé. Il me fallait m’enfuir. Il me fallait partir. Le cadenas qui me maintenait loin des autres avait cédé et avait emporté avec lui tout ce qui pouvait me protéger de mes plus grandes craintes. La simple idée qu’une seule fois Kamui puisse me jeter comme une vulgaire poupée de chiffon étouffait ma gorge. J’avais été trop loin. Cette attitude n’était que le pas de trop qu’il ne fallait en aucun cas avoir fait. Il était trop tard maintenant… J’étais seul et exposé. Il ne restait plus qu’une seule solution… La fuite.
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptySam 30 Avr - 1:23

Rongé par un sentiment malsain. Je sentais mes entrailles se comprimer sans vergogne, me coupant petit à petit le souffle. Une créature tentait de dévorer toute once d'espoir qui persistait en mon être. Bête féroce qui jamais ne cesse de se complaire de l'odeur et du goût de votre sang. Quand le nectar rouge rencontre une première fois ses papilles, la Bête frémit, grogne et se réjouit. Elle revient titiller votre chair, léchant un endroit tendre où votre peau se déchirera d'une simple pression. Et un air oppressant de démence au fond des yeux, elle plantait ses crocs acérés au fin fond de votre corps, se complaisant dans la fragrance unique du sang qui se répand à ses pieds. Elle se lèche les babines, animée par une frénésie démoniaque. Elle déchiquette tout sur son passage. Ne laisse rien intact. Broie jusqu'aux os pour pouvoir se délecter d'une simple goutte de ce liquide si précieux qui permet à votre corps de rester en vie. A moins que la Bête ne s'abreuve en fait que de vos peurs ? Celle qui n'est qu'effroi et vous tenaille, empêchant la moindre goutte d'air de parvenir à vos poumons. Vous suffoquez, perdez peu à peu pied avec le monde réel. Êtes-vous encore vivant ? Il faut croire que oui, car la douleur qui envahit chaque parcelle de votre être est si violente, que l'envie de vous rouler par terre en hurlant votre peine, explose en plein milieu de votre tête. Vous voudriez extérioriser cette souffrance dans un hurlement strident. Hurler à la Mort, et devenir vous même la créature que vous craignez temps. Face à ce mal qui vous grignote, vous n'êtes plus qu'une vulgaire pièce de viande jetée dans la fosse au lion. Les larmes ne se tarissent pas. Vous sentez votre souffle se couper. Vos doigts crispés sous l'incapacité d'agir. Vous êtes enchaîné à une croix dont le poids est bien trop lourd à porter pour votre pauvre petit corps affaibli. Pieds et poings liés, vous introspectez le début de votre propre chemin de croix. Une seule échappatoire. La folie.

Je devenais fou. Fou de douleur face au silence lourd de sens que laissait planer Alvaro.

Mes yeux étaient rivés sur mes poings serrés. J'attendais la sentence comme le criminel patientait avant d'être lynché. Avais-je franchi le seuil de non retour ? La colère d'Alvaro se déverserait-elle en moi comme le poison mortel qu'on injectait aux Hommes condamnés à la peine de Mort ? J'étais tout simplement incapable de retenir l'eau de couler le long de mes joues. Comme un enfant face à la tombe de ses parents, je venais de perdre toute raison de vivre en même temps que l'amour de ces êtres chers m'avaient quitté. Que pouvais-je faire seul, sans la confiance de cet Élu en qui j'avais fondé tous mes espoirs ?

Plus les secondes passaient, plus mon cœur s'emballait. C'était donc cela que l'on ressentait avant d'être proclamé irréfragablement coupable ? J'avais perçu la lueur de sa lame scintiller sous les fins rayons de soleil qui se glissaient timidement dans la pièce. L'obscurité rendait la scène d'autant plus malsaine. Allait-il mettre fin à ma vie ici et maintenant ? Étais-je assis sur mon lit de Mort ? Mais même si la Mort venait me cueillir à présent, la peine ne cesserai jamais de rugir au fond de moi. Mais peut-être que s'il mettait fin lui-même à mon existence pour un court instant... Peut-être alors trouverait-il la force de pardonner l'outrage que je lui avais imposé. Et au travers de cette douleur insupportable, j'espérais qu'il pourrait absoudre ma faute. Mais le sablier du temps ne cessait pas sa course. Et rien ne venait. Je restais irrémédiablement figé dans une position de soumission. J'étais prêt à accepter le sort qui m'était réservé. Quel qu'il soit, je me devais de répondre fièrement à mon ordonnance. Je fermais les yeux avec force, attendant le verdict fatal qui me ferai payer de l'une de mes vies.

Alvaro serait mon bourreau, et je serai son martyr.

Les mains de porcelaine du brun vinrent se glisser dans mon cou. Je frissonnais au contact froid de cette peau qui m'était si précieuse.
Alors mon destin était l'étranglement ? Un profond pincement vint déchirer mon être. Si la volonté d'Alvaro en allait ainsi, je me devais de voir la Mort en face. J'ouvris mon regard embué de larmes sur ces dernières secondes de vie qu'il me restait. Et alors que je sursoyais de la haine dans le regard de feu, je n'y vis qu'un tourbillon d'émotions mal contenu. Et sans que je comprenne comment ni pourquoi, son front vint rencontrer le mien en douceur, et ses doigts se glissèrent naturellement dans ma chevelure. L'océan tentant de contenir l'incendie, je cherchais désespérément dans ses yeux le sens de tout ceci. Et sa voix s'éleva, emprunte d'un sentiment qui fit chavirer mon cœur. Je pris alors conscience que l'homme face à moi n'éprouvait pas de la colère à mon égard, mais un sentiment tout autre.

''Kamui…Cesse de pleurer… Je t’en conjure… Cette tristesse n’a pas de raison d’être… Pas tant que l’on sera ensemble. Nous avons traversé de nombreuses épreuves toi et moi et… Si cela peut te permettre de calmer ta peine ne serait-ce qu’un peu… Je promets de ne jamais t’abandonner. Je serai ton élu fidèle… Tu pourras toujours compter sur moi, mais par pitié, ne m’oblige plus à supporter ces larmes…''


Au fur et à mesure que les paroles quittaient ses lèvres, je sentais un souffle de chaleur envahir mon corps. Chaque membre, chaque organe, chaque cellule de ma personne fut réchauffé par ses mots. Des mots si doux qui vinrent consoler ma conscience meurtrie. Cette ardeur qui habitait son discours vint me redonner espoir. J'étais comme asphyxié par le sentiment qui envahissait progressivement mon être. J'avais l'impression que le temps s'était arrêté. J'aurai pu répéter ces quelques mots éternellement dans mon esprit. La solitude. Cette solitude macabre qui si longtemps avait habité mon âme. Aujourd'hui, cette solitude semblait prendre fin. Cette émotion indésirable qui avait si longtemps hanté ma vie semblait à cet instant perdre tout son sens.

La promesse tacite qu'Alvaro échangeait avec moi me coupa le souffle. Mes larmes cessèrent subitement de se déverser. Alors que tout en moi semblait s'être arrêté, jusqu'à mon regard profondément ancré dans le sien, mon cœur, lui, battait à un rythme effréné. Le sourire qu'arborait mon visage se décomposa. Il fut remplacé par une expression de pure douceur. La tendresse vint éclairer mon visage, alors que je sentais toute la reconnaissance que j'éprouvais à l'égard du jeune homme qui, se tenant près de moi, venait de vaincre la Bête qui quelques secondes plus tôt faisait des ravages au creux de mon sein.

Je voulais répondre à la requête de son ultime parole. Mes doigts se dirigèrent lentement vers mon visage, pour essuyer les larmes qui semblaient animer un sentiment si profond et passionné au fond des iris carmines qui me faisaient face. Mais ce que je vis stoppa immédiatement mon geste. De cet œil habité d'un si pur sentiment, venait de glisser le fruit de cette émotion si forte. Une unique goutte d'eau vint glisser le long de son faciès. Et ma main suspendue dans son geste vint cueillir du bout des doigts cette goutte d'eau qui à mes yeux symbolisait tout l'attachement qu'il éprouvait pour ma personne. Touché au plus profond de moi, je soufflais son nom d'une voix qui laissait transparaître toute l'affection que j'éprouvais pour lui, qui se tenait là, face à moi, et qui venait de panser ma plaie avec tant de bienveillance et de générosité.

- Alvaro...

Je laissais ma main levée reposer sur sa joue. Son regard troublé éveillait en moi un tourbillon de sentiments. J'étais comme perdu dans ce flot d'émotions si fortes que le brun venait d'éveiller au plus profond de mon être. J'étais comme subjugué par cet océan de douceur qui transparaissait au fond des rubis qu'étaient ses yeux. Le feu ardent s'était calmé en une braise rassurante qui réchauffait les âmes endolories. La flamme qui dansait au fond de ses pupilles me fit vibrer. Face à ce regard, j'étais plus que fébrile. Son front contre le mien, je sentais insidieusement la fièvre s'immiscer au creux de mon être. Je m'abandonnais définitivement à sa protection quand ses bras glissèrent doucement le long de mon dos. L'étau fragile que représentait ses bras faisait de cet étreinte un moment de sérénité. La paix avait envahi l'intégralité de mon corps. Mes yeux plongés dans les siens, j'y lisais l'envie brûlante qu'il avait de me rendre heureux, et de me protéger. Dans une caresse légère, je glissais ma main le long de sa joue, pour la laisser s'échouer au creux de son cou. Je sentais sa jugulaire pulser d'un rythme irrégulier.

Et sans y réfléchir, un sourire de pure félicité vint éclairer mon visage. Dans les bras de cet homme, je me sentais entier. Je n'avais plus peur.
Et laissant tomber toutes mes barrières, j'ouvrais mon cœur et mon corps à cette âme dont la charité n'avait d'égal que la perfection.
Contemplant avec un amour que porterai un frère sur son semblable, j'appréciais la tendresse de cet instant. J'étais comme libre d'être moi-même. A l'abri des regards indiscrets, caché dans cet enlacement qui ne dépendait que de nous, j'avais enfin l'impression de pouvoir être moi-même sans aucune retenue. Je me laissais aller au contact de nos deux âmes.
L'impression que j'avais était celle que les livres décrivaient lorsque l'on rencontre son âme sœur...

Avais-je trouvé la mienne ?

La caresse de son souffle sur mon visage grisait mes sens. J'étais comme emporté dans un monde parallèle. Le temps avait cessé de tisser sa toile. A mes yeux, le monde pourrait s'arrêter aujourd'hui, je ne demandais rien de plus que cette chaleureuse quiétude.

Instant d'éternité.

La voix suave s'éleva à nouveau, m'arrachant un tremblement de délectation. Mais aussi d'impatience.

''Kamui… Je….''

J'étais pendu à ses lèvres, cherchant à deviner au fond des lagons écarlates ce qu'il cherchait à me dire. Sa voix était habitée d'un léger tremblement. D'un sourire sincère, je l'invitais silencieusement à continuer. Mais cette lueur qui vacillait au fond de ses yeux fit rater un battement à mon cœur.

''Je…''

Je sentis subitement sa peau vibrer, en même temps que cet unique mot fut prononcé. Et d'un coup, son regard changea du tout au tout. De ces sentiments plein de bonté que je pouvais lire, il ne restait plus rien. Le brasier incessant de son regard avait repris son cours. Quelle idée venait de lui traverser l'esprit ? Je laissais doucement le bout de mes doigts caresser son cou, tentant d'apaiser le trouble qui semblait subitement s'être levé en lui. Quelle était la raison de cette tempête qui faisait rage au fond de ses yeux ? Fixant ses pupilles si belles, je pus y lire du doute, de la douleur, et de l'appréhension... Avais-je fait quelque chose qui lui aurai déplu...?

Mais tout alla d'un coup beaucoup trop vite. Le temps venait brusquement de reprendre son cours, alors que dans son regard je pus déceler de l'amertume et du regret. Et sans préavis, ses bras relâchèrent peu à peu mon dos. Et il se releva, s'éloignant de moi. Ma main effleura son cou une ultime fois alors qu'il reculait, mettant une distance qui me sembla subitement insupportable entre nos deux corps. Une expression de pure incompréhension vint se peindre sur mon visage. Sa main se porta dans un geste lent à ses lèvres, et comme choqué, il prononça des mots qui me paralysèrent.

''…Je suis désolé... ''


Sans jamais attendre une quelconque réponse, il pris la direction de la porte sans même m'adresser un regard de plus.

Mon souffle se coupa net. J'étais écœuré, choqué, et dans la plus vaste des ignorances. Qu'avais-je fait ? Qu'avais-je fait pour mériter cette réaction ? Pourquoi ? Je suivais sa marche, et me relevais sans pour autant savoir quoi faire. Il fallait réagir vite. Mais le chaos venait de prendre possession de mon être. Et sans demander son reste, Alvaro, plus il s'éloignait de moi entraînait avec lui toute once de bonheur qu'il m'avait apporté au cours de cette délicieuse accolade. L'enchantement avait été brisé. Toute la magie de cet instant somptueux avait arrêté de faire son effet au moment où l'étau de ses bras avait cessé de consoler mon âme esseulée.

Quel instinct de contradiction. Pourquoi me réconfortait-il une première fois, pour me repousser, et recommencer à nouveau, réconfort puis fuite ?

Pourquoi ?

Et à mesure que ses pas avançaient, le temps me manquait. J'aurai voulu hurler, crier mon désarroi et mon incompréhension. Pourquoi m'offrir la liberté et la tendresse pour me l'arracher la seconde d'après ? Je m'étais offert tout entier à lui, et il m'avait piétiné sans vergogne. Je sentais les larmes recommencer à affluer au coin de mes yeux. Mais d'un geste rageur, je les essuyais d'un revers de manche. Et d'une voix brisée, je lâchais, nageant en plein délire.

- Pourquoi Alvaro ?! Est-ce que ça t'amuse de jouer ainsi avec le cœur des gens ?! Es-tu tant un comédien que tu te ris même de la détresse d'autrui ?! Comment peux-tu ainsi t'amuser du malheur des gens ? De MON malheur ?! Je croyais que nous avions passé ce stade des railleries, Alvaro. Alors pourquoi ? Pourquoi agir ainsi avec moi ?! Prends-tu du plaisir à briser ainsi mon être ?! Ta colère était-elle si forte que tu as considéré que la meilleure façon de me punir était de me poignarder dans le dos ?!


De fil en aiguille, je sentais la détresse se transformer en haine. Et dans un cri de désespoir, je livrais mon cœur à celui en qui j'avais cru trouver l'aumône.

- As-tu apprécié de m'offrir ainsi ce dont je rêve depuis des années et de me le retirer alors que je venais juste d'y goûter ?! Est-ce qu'arracher mon cœur alors que je venais de te l'offrir a réussi à te satisfaire ?! J'ai séché mes larmes pour pouvoir tenir cette fausse promesse que tu viens de me faire ! Alors pourquoi ?! Pourquoi me faire ça ? Tu n'aurais pas pu trouver un autre châtiment que celui-ci ?!


Le souffle court, je serrais une main sur mon cœur, me mordant la lèvre pour empêcher mes larmes de ruisseler le long de mes joues rendues rouges par l'émotion. Ce temps qui me semblait si précieux venait de s'échapper de mes doigts comme de l'eau. Elle s'insinue dans chaque fissure pour prendre sa liberté. Je venais juste de trouver celui qui aurai pu faire taire tous mes maux. Et sans même m'en rendre compte, j'en étais déjà devenu dépendant. Cette paix qui avait envahi mon être, je ne l'avais plus ressentie depuis ma tendre enfance. Sans même demander mon avis, il avait brisé tous les espoirs que je venais de créer. La beauté du court instant passé avait été réduite à néant. Je fronçais les sourcils, l'impression que le poids du monde retombait à nouveau sur mes épaules m'était insupportable. Dans un geignement misérable, je demandais.

- Comment toi qui détiens un passé si sombre peut-il se jouer des peurs des autres..? Je.. Je pensais que nous étions proches toi et moi... Pourquoi me faire ça...? Pourquoi Alvaro..?

Le vent souffla d'une bourrasque violente. Le lourd rideau de velours se souleva, laissant se frayer la lueur du jour à l'intérieur de la pièce, m'éblouissant un court instant. Mais la course du temps était telle que rien ne pouvait rester irrémédiablement inchangé. Le rideau retomba, plongeant à nouveau la pièce dans la noirceur. Noirceur qui rongeait mon âme. La vie quittait peu à peu mon corps, comme si je retombais dans ce cercle immuable de mensonge et de sourires masqués. Les peurs réapparaissent, bien plus vives qu'elles ne l'étaient auparavant. Suis-je mort de l'intérieur ? Non... La douleur qui écrase ma chair est bien trop réelle pour qu'à un seul instant je puisse succomber à cette douce et mortelle libération. J'étais pris au piège. Enterré vivant dans un cercueil où l'on m'avait jeté de force. L'asphyxie se profilait à l'horizon s'accompagnant de cette sensation immonde que l'un des vôtres vous a vendu à la Mort. En tête d'une liste macabre, j'étais désormais à nouveau seul. Abandonné.

La Bête qui avait été neutralisée réclamait désormais sa vengeance. Elle saurai faire regretter à quiconque la bouclerai dans une cage. Mais une fois le scellé brisé, il n'y avait plus rien à faire.

La Bête était de retour.
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyLun 2 Mai - 21:36

J’en avais trop fait. J’étais allez bien trop loin. En un simple geste j'avais bafoué tout ce en quoi je pouvais croire et tout ce que j’avais pu faire pour protéger à jamais mon intégrité. Quelles étaient donc que ces manières sorties de nulle part Alvaro ? Depuis quand me laissais-je aller à de pareilles futilités telles que la tendresse ? Passant ma main sur le front, j’atteignais peu à peu la porte du dortoir. A ce moment précis, j’avais extrêmement honte d’avoir osé montrer pareille image à celui que je considérais comme ni plus ni moins que mon chef. A cet instant, ce fut comme si le respect que je ressentais pour Kamui s’était abattu sur moi. Un puissant mélange obscur c’était formé dans ma tête. D’une part, la gêne semblait mettre à feu et à sang mes joues, ne tolérant pas mes agissements précédents, et d’autre part, cette peur qui motivait mes jambes à fuir le plus loin possible n’était autre qu’une peur que Kamui me rejette définitivement. Je n’osais même pas voir sa réaction, de peur d’y retrouver une brimade, ou pire, une incompréhension tranchante qui finirait par avoir raison de moi. Ces sentiments vifs que je ressentais pour cet Homme n'étaient pas tolérables. Il me fallait les chasser d'une façon ou d'une autre. Ce feu ardent qui me parcourait se devait d'être enfermé dans une boîte qui jamais plus ne serait ouverte, car comme tout incendie, contrôler les flammes n'étaient pas chose aisée, et cela finirait par me coûter bien trop cher. La vérité était criante, il était spécial pour moi. Je ressentais pour lui quelque chose que je n'avais jamais ressenti auparavant. Mais ces sentiments étaient à bannir. Car si j'appréciais d'être près de lui, de pareils sentiments finiraient par m'en éloigner. Peut-être même à tout jamais. Ce doute qui se lisait dans mes yeux devait faire place à la confiance et à mes acquis. Je me devais de rester fidèle à moi même, fidèle à ce qu'est Alvaro Crescent aux yeux de tous. Pour lui, il me fallait reprimer ce désir interdit. C'est pourquoi, dans une profonde respiration, je m'éfforçai une bonne fois pour toute de mettre un trait à ces pensées tabou, et je fis le vide dans mon esprit du mieux que je pouvais. C'était la meilleur solution. Oublier ce qui c'était passé, reprendre à zéro... Rester fidèle à l'image qu'a Kamui de moi, pour que ce lien qui nous unissait ne soit plus au bord de la rupture.

Mais alors que j’atteignais la porte du dortoir, une main tenant fermement le fourreau de ma rapière, l’autre poussant déjà la porte, une voix forte m’arrêta dans ma débandade. Kamui avait décidé de me stopper dans ma course effrénée de sa puissante voix qui avait perdu quelque peu de sa bienveillance et de sa bonne humeur habituelle. Ces mots pénétrèrent en mon esprit comme une lame tranchante dans une poitrine chaude et dénudée. Je ne savais pas ce qu’il allait me dire, et l’idée qu’il me retienne ne me plaisait guère.

Pourquoi Alvaro ?! Est-ce que ça t'amuse de jouer ainsi avec le cœur des gens ?! Es-tu tant un comédien que tu te ris même de la détresse d'autrui ?! Comment peux-tu ainsi t'amuser du malheur des gens ? De MON malheur ?! Je croyais que nous avions passé ce stade des railleries, Alvaro. Alors pourquoi ? Pourquoi agir ainsi avec moi ?! Prends-tu du plaisir à briser ainsi mon être ?! Ta colère était-elle si forte que tu as considéré que la meilleure façon de me punir était de me poignarder dans le dos ?!

Je me retournais alors même qu’il achevait cette première tirade. Alors Kamui ne me rejetais donc pas. Il n’avait pas pris peur de ce geste déplacé ? Au contraire, l’élu primordial semblait même être en colère contre moi, mais notre étreinte interdite ne semblait pas en être la cause. Que pouvait-il bien l’avoir mis dans un pareil état ? Ces mots me firent ressentir par la même occasion une sensation de vide alors même qu’il prononçait le mot ‘’comédien’’. C’était comme si tout à coup, mon cœur réclamait son dû, mais savait pertinemment qu’il n’allait jamais le recevoir. Ce froid soudain ne cessait de me rappeler ce fâcheux évènement ou cette Traitresse épineuse usa de son don maudit pour se jouer de mon esprit et lui infliger je ne sais quel châtiment. Cette sensation désagréable qu’une partie de moi s’était faite avalée par le néant ne me laissait pas tranquille. Mais le moment n’était pas propice à pareille réflexion, sans que je ne réponde quoi que ce soit, Kamui repris la parole d’un ton quelque peu plus féroce.

- As-tu apprécié de m'offrir ainsi ce dont je rêve depuis des années et de me le retirer alors que je venais juste d'y goûter ?! Est-ce qu'arracher mon cœur alors que je venais de te l'offrir a réussi à te satisfaire ?! J'ai séché mes larmes pour pouvoir tenir cette fausse promesse que tu viens de me faire ! Alors pourquoi ?! Pourquoi me faire ça ? Tu n'aurais pas pu trouver un autre châtiment que celui-ci ?!


Offrir ce dont il avait rêvé pour le lui retirer ensuite… ? Alors finalement, cette rage n’était pas née dans la honte mais dans la tristesse provoquée par mon départ hâtif de ses bras ? Voilà qui était pour le moins…Surprenant. M’attendant à un sermon m’accusant d’oublier qui il était et d’enfreindre le règlement, je me retrouve face à un Kamui déchiré par le simple fait que j’étais parti bien vite de ses bras. Il me faisait passer pour un véritable bourreau sans considération aucune pour lui. Allant même jusqu’à réfuter mes paroles sincères, cette colère que j’apercevais au loin n’était donc pas faite de mépris mais bien de tristesse. S’était-il senti trahit par ma lâcheté ? Je n’étais pas sûr de bien pouvoir comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la tête du jeune blond, mais une chose est sûre, il ne m’en voulait pas de m’avoir succombé plus tôt à une spontanéité qui ne me ressemblait guère. Ces mots semblaient l’avoir troublé, et il mit un certain temps à conclure le fond de sa pensée bien qu’il finisse par reprendre, sur un ton des plus tristes :

- Comment toi qui détiens un passé si sombre peut-il se jouer des peurs des autres..? Je.. Je pensais que nous étions proches toi et moi... Pourquoi me faire ça...? Pourquoi Alvaro..?

Cette succession de Pourquoi me firent l’effet d’un pic de glace s’éclatant misérablement sur le sol ardent et inébranlable. Je sentais le désespoir le plus pur s’amorcer dans ces ultimes paroles et cela ne me laissait pas de marbre. L’accusation était donc bien différente de celle que j’avais bien pu croire tout ce temps. Finalement, mon escapade était le principal coupable de ce discours des plus tragiques. Cette malheureuse ironie me laissait un goût amer. Ayant fui pour éviter le Jugement Dernier, je n’avais finalement commis de tort répréhensible que dans cette même Fuite. Cette réunion d’émotions négatives ne seraient jamais revenues si seulement j’étais resté près de lui. Finalement, lui et moi avions souhaité la même chose. Je me sentis des plus idiots à l’idée que ce qui m’avait semblé être la pire des choses à faire s’avérait en réalité n’être qu’un désir commun. Ne pouvant pas laisser Kamui à ce triste sort, j’entamais une marche arrière, écourtant la distance qui me séparait encore de l’Innocence de Layca. Un sentiment de culpabilité avait planté ses racines en moi et maintenait mon cœur en otage. Je ne pouvais pas me permettre d’être aussi proche de notre leader, mais je ne pouvais pas non plus l’abandonner après qu’il ait pointé du doigt ma fuite comme étant une trahison exécrable. En signe de respect, je me mis sur un unique genou face à Kamui, tel le soldat fidèle face à son roi. Il me fallait le rassurer quant à mes intentions réelles.

‘’Kamui, tout ceci n’est qu’un malheureux quiproquo. A aucun moment je ne cherchai à te faire le moindre mal ni même à te trahir. Je ne me jouais pas de toi et sache que cela serait bien la dernière des choses à laquelle je pourrais bien penser. Toi et moi sommes liés désormais, par-delà même les chaines qui nous relient tous deux à Layca. Nous avons fait un serment ce fameux jour. Nous nous sommes promis de nous battre pour la liberté. Bien que beaucoup me considèrent comme un traitre et un vil chacal, je n’en suis pas moins un homme de parole. Tu sais ô combien cette liberté est précieuse pour moi, si tant est que cela est suffisant pour prouver que je n’ai aucun intérêt à me mettre à dos mon principal allié dans cette quête. Un serment est ce qu’il est, et j’imagine que tu me connais suffisamment pour savoir que j’ai moi aussi des valeurs. ‘’

Reprenant mon souffle, je baissais quelques instants mon regard. Je n’avais pas eu d’autre choix que de ravaler cette confusion qui régnait en mon cœur et cette peur naissante pour ne laisser place qu’à ce lien qui s’était forgé entre nous. Lorsque le sol se met à trembler, il est important de s’accrocher aux liens solides qui nous entourent. Ce lien qui m’unissait à l’élu primordial était probablement suffisant pour que la stabilité de notre relation perpétue.

‘’Rappelles toi de ce jour où, rongé par mes peurs et mon passé, tu avais affronté la Rose de la trahison, me défendant corps et âme car tu savais alors qui j’étais réellement. Je ne pense pas me tromper en disant que ce sentiment qui avait animé tes actes n’est pas foncièrement différent de ceux que je peux ressentir lorsque je suis avec toi. Les règles du jeu sont simples Kamui, tu es le roi et je suis ton cavalier. N’oublie jamais que mes actes auront toujours pour but de permettre au Roi de rester sur l’échiquier le plus longtemps possible car la victoire elle-même en dépend. ‘’

Je me relevais et croisais mes bras comme j’avais l’habitude de le faire. J’espérais que mon ton calme et reposé allait suffire pour convaincre Kamui que je n’étais pas le mauvais homme qu’il craignait avoir en face de lui. Je le respectais du plus profond de mon âme, et bien que je n’arrive pas à déterminer avec exactitude l’ensemble de mes sentiments, ce respect n’en demeurait pas moins central. J’étais son allié, et cette promesse que je lui fis n’était pas une chaine contraignante pour moi, mais bel et bien un lien puissant qui me redonnait espoir chaque jour.

‘’Enfin, je suppose qu’il me faut tout de même m’excuser de m’être enfui de la sorte. Comme tu l’auras sans doute remarqué au fil du temps, j’ai du mal à accepter certaines de mes réactions, et celle-ci était plus une réponse à une peur subite plus qu’une volonté de me moquer de toi. Tu as fait de moi l’un de tes élu Kamui, ainsi, comme je te l’ai dis plus tôt, tu pourras toujours compter sur ma présence. Je te serai fidèle en tout temps Kamui, et si notre destin n’a d’autre horizon que l’usante éternité, alors je resterai ton protecteur pour toujours. Car tel est mon devoir et tel est ma volonté. ‘’

Un filet de lumière s’échappant du rideau abattu venait éclaircir nos visages. Me dirigeant vers la fenêtre, je poussais le rideau, laissant s’illuminer entièrement la chambre à coucher des serviteurs de Layca. Ne disait-on pas que le meilleur moyen de combattre l’obscurité et la tristesse était de se baigner de lumière et d’espoir ? Si j’avais retenu une chose de tout ce qu’avais pu m’enseigner Kamui au cours de ces dernières années, c’était bien que la force elle-même puisait énormément de ressources dans cet espoir libérateur. Si nous voulions gagner, si nous voulions avoir la chance d’espérer un jour une vie meilleure, il nous fallait s’accrocher à cette lumière qui se profilait à l’horizon, embrassant le ciel tout entier et chaque être vivant. Alors que j’épiais les nuages dansant dans cette toile d’azur, j’offrais toutefois un conseil à l’élu primordial.

‘’Laisse-moi toutefois t’offrir un conseil Kamui. Comme tu le disais, mon passé n’a rien d’envieux, et j’ai moi aussi connu les morsures glaciales du désespoir. Elles vous prennent sans attendre, et vous plongent dans un chaos spirituel sans pareil. Le mot faiblesse prend subitement tout son sens et vous dévore sans préavis. Mais cette faiblesse peut s’avérer fatale. C’est pourquoi je te demanderais d’être prudent. Une âme perdue telle que moi peut comprendre ce qui ronge ton cœur, et tu sais mieux que quiconque que jamais je n’oserai bafouer ces craintes et les utiliser contre toi car trop longtemps on s’était joué des miennes sur Terre. Mais dehors, le mal règne, et tout le monde n’est pas disposé à réagir de la même façon à tes propres faiblesses. Ton image de chef intouchable est trop précieuse pour que tu te permettre de laisser pareille ouverture aux avides de pouvoirs et autres jaloux. Tout le monde ne t’apprécie pas forcément, et on ne peut pas se permettre de prendre le risque que tes failles soient dévoilées à la lumière du jour. L’homme est corrompu et égoïste. Il n’hésitera pas à mastiquer définitivement ta jambe s’il voit que celle-ci a déjà été mordue. Il attend, tapi dans l’ombre que les événements tournent en sa faveur et quand le moment vient, il se jette sauvagement sur toi, prêt à te tuer. C’est pourquoi Kamui, je te demande ici de faire preuve de grande prudence, et que ce qui a bien pu se passer ce matin dans cette pièce reste entre nous. Fais de moi ton confident si cela peut t’aider, mais ne laisse personne abuser de tes faiblesses. Personne tu m’entends ?’’


Détachant finalement mes yeux de cet horizon enivrant, je me retournai et contemplai à nouveau l’élu primordial. D’un geste vif, j’ébouriffais mes cheveux encore mouillés et, d’un sourire narquois, j’adressai une remarque digne de moi.

‘’Bien, très cher élu primordial. Je crois qu’il est temps de cesser de flâner dans ce dépotoir ou tout le monde dort ne croyez-vous pas ? Un véritable chef ne peut pas se permettre de se mettre au travail après ses ouvriers. Alors, il est temps de se bouger. ‘’


Me rapprochant de Kamui, je tendis alors ma main vers lui. Le sourire au lèvres, je lui chuchotais alors ces quelques mots.

‘’Allez, il est temps d’y aller maintenant élu primordial. Nous avons du pain sur la planche. A moins que tu ne souhaites pourrir toute ta vie dans ce trou, torturé par cet effroyable Belzeneff ?! Je n’ai pas toute l’après-midi à t’offrir, alors fais-moi plaisir et contente toi de de donner les ordres comme tu le fais d’habitude ! ‘’


Ce lien qui m’unissait à Kamui était des plus spéciaux et surtout uniques pour moi. Jamais auparavant je ne m’étais attaché à quiconque de la sorte. Nous étions deux hommes unis dans un seul et même but et se respectant plus que tout. Je ne savais pas exactement ce qui allait venir, ni même si ce lien qui nous unissait allait impliquer bien d’autres choses. Mais une chose était certaine à ce moment-là. Lorsqu’il était près de moi, l’espoir prenait tout son sens et mon cœur ressentait une véritable paix. La véritable nature de ces sentiments m’était méconnue, mais je ne pouvais nier en aucun cas que me tenir face à cet homme était une bonne chose à mes yeux.
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyMer 4 Mai - 22:38

On a tous ce genre de souvenirs au fond de nous. Mémoire douloureuse d'une forme d'abandon quelconque. Cela pouvait aller de la première fois ou nos parents nous laissent dormir seuls et nous enlèvent la veilleuse, avant de tourner le dos, fermer la porte sans jamais se retourner. Ou encore quand un ami qui vous est cher vous dit adieu pour ne plus jamais revenir ? Le moment ou ces grandes disputes vous arrachent un être auquel vous teniez plus que tout. Ou lors des grands voyages, quand l'un de vos parents doit partir pour une durée indéterminée dans un lieu qui se trouve si loin de vos yeux, et finalement, si loin de votre cœur.. Certains savaient répondre à ce genre de séparations avec le sourire. D'une poignée de main ferme, on adressait des vœux de bon voyage, voulant laisser la personne partir avec de bonnes prérogatives sur le futur. D'autres préféraient accepter la chose et prendre sur eux, esquissant un sourire forcé, s'obligeant à faire des blagues pour détendre une atmosphère qui finalement n'est tendue que par leur propre comportement. Et surtout, il y avait ceux qui jamais ne pourront cacher leur désarroi et leur tristesse. Qui sans même attendre le moment fatidique du départ commencent déjà à broyer du noir des heures avant le moment t. Ces personnes qui incapables de réprimer le flot d'émotions qui les submergent au moment des adieux, laissaient échapper la pression à coup de larmes ou de cris. Est-ce que ce genre de réactions faisaient de ces personnes des êtres pathétiques incapables de contenir leurs propres réactions ? J'osais espérer que non.

Car j'étais de ce dernier groupe.

J'avais complètement cédé à une forme de panique toute nouvelle quand j'avais vu la main d'Alvaro effleurer la poignée de la porte du dortoir. Mais finalement, cette panique était elle réellement nouvelle pour moi ? Un flot de souvenirs indésirables s'emparèrent de moi. Je secouais vivement la tête. Non. Non, je ne pouvais pas craquer maintenant. Et ma voix qui tremblait d'une émotion incontrôlable. L'envie de pleurer était forte, mais je me retenais pour pouvoir garder à mes côtés celui qui semblait détenir le pouvoir de me protéger de mes propres maux. Sans même avoir fini de déblatérer ces reproches que je lui faisais, il se retourna. Allait-il rester ? Était-ce ce coup d'œil que l'on jette par dessus son épaule avant de disparaître à tout jamais ? Ou plutôt celui qui nous fait comprendre que l'on a pas le droit d'abandonner l'autre et qui finalement nous fait changer d'avis quant à nos projets de base ? Au fond de moi, une voix criait que ce devait être pour rester avec moi qu'il avait décidé de se retourner. Mais le doute que je lisais au fond de ses yeux m'arracha un frisson. Non, non non non et non, il n'avait pas le droit de douter ! Il devait rester ! Il était mon Élu, tout le retenait près de moi... Ou alors était-ce mon raisonnement égoïste qui tentait désespérément de lier cet homme à moi ? Étais-je en train de l'enchainer à une destinée à laquelle il ne tenait pas..?

Ma tirade terminée, j'avais le souffle court, et je sentais à nouveau les larmes menacer de couler au bord de mes yeux. L'océan d'azur s'inondait irrémédiablement de perles salées. Je ne voulais pas qu'il voit ça. Ce serait probablement la goutte d'eau qui ferait déborder le vase et qui pousserait définitivement Alvaro à quitter ces lieux et à m'abandonner pour l'éternité. Non, je ne voulais pas. Mon cœur se serrait sans que je ne puisse rien y faire. La lourde angoisse d'un départ imminent s'imposait dans mon être. Dans ma tête une litanie s'élevait, lugubre et pleine de désespoir. « Ne pars pas ». Je ne voulais pas assister à son départ. Pas lui. Pas Alvaro. Je baissais la tête dans un geste de soumission. J'acceptais ma sentence, qu'elle soit l'abandon ou autre. Mais quelles autres réaction pouvait-il avoir ? La dernière choses que je vis avant de fermer mes yeux fut l'hésitation immense qui habitant les rubis de ses yeux. Une douleur cinglante résonnait en moi. Mon cœur battait d'une frénésie insupportable alors que j'attendais à chaque seconde le bruit net d'un claquement de porte. Pourquoi prenait-il tant de temps ?

Mais je retins subitement mon souffle en entendant des bruits de pas. Une perle d'eau s'échappa de mes yeux, s'échouant lentement au coin de ma bouche.

« Ne pars pas. »

Mais les pas plutôt que de s'éloigner se rapprochaient inexorablement de ma personne. Et à la place d'un bruit sec, ce fut un son feutré qui vint caresser mes tympans. La voix concernée d'Alvaro s'éleva. Incrédule, j'ouvrais les yeux, relevant doucement mon visage pour pouvoir observer celui qui aurait pu me donner le coup de grâce. Mais il n'avait pas franchi cette porte. Il ne m'avait pas abandonné à mon fatal destin. Immanquablement, il se tenait là, devant moi. Il se tenait dans l'une de ces poses qui imposent la soumission, un genou à terre, m'exprimant par ce geste sa fidélité. Je ne savais plus à quoi m'attendre. Allait-il déclarer qu'il me quittait de façon solennelle ? Ou était-ce encore une comédie théâtrale qui se jouait devant mes yeux embués de larmes prêtes à surgir ? Pourtant ses mots n'allaient pas à l'encontre de mes souhaits. Et lorsqu'il déclara que plus qu'un quiproquo, il ne jouait aucunement avec mes sentiments, je sentis mes jambes fléchir et tombait à genoux face au sol, misérable chef qui s'abaissait au niveau de son soldat.

Le regard et le cœur troublé, j'écoutais les mots du brun. J'étais comme bloqué. Aucun son ne parvenait à s'échapper de l'antre de mes lèvres. Ses mots adoucissaient toutes ces peurs qui n'avaient eu de cesse de ronger mon être alors que son dos me faisait face. Je sentais quelques larmes de soulagement faire leur chemin le long de mes joues. Mais je m'empressais de les essuyer. Pourquoi pleurer dans ce moment d'allégresse ? N'était-il pas en train de m'expliquer que jamais plus il ne me laisserait ? Je remontais fébrilement mes mains à mes yeux, essuyant du bout des doigts cette eau traitresse qui s'échappait de mes iris azurées. Mais pourtant, bien que j'écoutais ses paroles avec attention, je ressentais un trouble profond tourmenter l'âme du brun. Et ses yeux qui se baissèrent sur le sol n'eurent d'autre effet que de confirmer ce que je percevais. Quelle était donc ce sentiment qui bridait les réactions du jeune homme ? Faisait-il ce discours à contre cœur, simplement pour répondre à mon désir égoïste de ne pas être seul ? Et bien malgré moi, je sentais une vague de culpabilité se lever au fond de mon être. Mais ses paroles vinrent faire taire cet assaut d'émotions.

Il s'excusait.

Alvaro était-il humainement capable de demander le pardon ? Pourtant, il n'avait jamais été ce genre de personne à chercher la rédemption au fond des yeux de son vis à vis. Il était ce brave solitaire qui jamais ne cherchait à alourdir sa quête d'un élément autre que sa seule et unique personne. Je ne comprenais pas. Quel était donc le sentiment qui pouvait animer Alvaro pour qu'ainsi il renie tous ses idéaux et vienne même à me laisser asseoir ma domination sur sa personne ? Bien sûr nous étions proches. Mais jamais il ne s'était réellement plié de façon concrète à la hiérarchie de ce monde. Mais aujourd'hui, genou a terre, il me vouait allégeance. Devais-je craindre ce comportement ? Ou au contraire était-ce le début d'un changement dont je ne percevais pas réellement l'importance ? Pourtant ses mots débordaient d'une franche sincérité. Je ne pouvais douter de ma perception de ses émotions. Il avait beau être l'un des plus grands comédiens de son ère, jamais il n'aurait pu berner mon aptitude exacerbée à ressentir les sentiments des autres. Cependant, l'un de ces sentiments m'échappaient. Comme enfermé au fond d'une boîte de Pandore jalousement cachée des yeux de tous, je n'arrivais pas à mettre le doigt sur cette parcelle d'Alvaro qu'il tentait désespérément de cacher au monde entier. De me cacher.

Il se releva, me laissant à terre. Allait-il partir sur ces belles paroles..? Son ton repris, calme et doux. De toute évidence, il cherchait à me rassurer. Et la pose si typique du brun, bras croisé et léger air nonchalant sur le visage eu l'effet escompté. Même si au fond je n'étais toujours pas rassuré par la tournure que prenaient les choses, je ne pouvais que voir le bon côté de la chose. Le doute au fond de ses yeux semblait s'être petit à petit estompé. Avait-il pris sa décision ?

Mais ses derniers mots eurent raison de mes derniers doutes. Bien que tout ceci ne réponde pas à mes silencieuses interrogations, Alvaro me dévoilait ici une partie de son âme.

‘’ Je te serai fidèle en tout temps Kamui, et si notre destin n’a d’autre horizon que l’usante éternité, alors je resterai ton protecteur pour toujours. Car tel est mon devoir et tel est ma volonté. ‘’

Toujours agenouillé au sol, les yeux levés vers le brun, le rideau de souleva, baignant la pièce d'un halo de lumière claire et délicat. L'espace d'un instant, la scène sembla se figer. J'étais le saint en prière face à l'effigie du bonheur. Il jeta un coup d'œil vers le rideau d'un air pensif avant de s'y diriger d'un pas décidé. Et d'un geste vif, repoussa l'étoffe soyeuse pour que soit éclairée cette pièce trop longtemps baignée dans la noirceur des craintes. Je prenais appui sur mes mains, me relevant lentement. Alvaro repris la parole d'un ton que je trouvais absent, mais aussi imprégné de beaucoup d'attention. Son « conseil » comme il disait, était une chose que je m'efforçais d'effectuer jour après jours depuis la nuit des temps. Un chef qui montre ses craintes ? Il n'était dès lors plus un chef... Alors avais-je encore le droit de prétendre à ce rôle ? Bien que le lien qui m'unissait à Layca soit irrévocable, avais-je le mérite d'être celui qui mènerai nos troupes jusqu'à la victoire ? Avais-je seulement la carrure de mener à bien ce genre de quête...? Je levais mes mains tremblantes , les observant d'un air désemparé. Et si le Roi devait tomber...? Je levais mon regard inquiet et perdu sur Alvaro, alors qu'il finissait son discours. Il se tourna vers moi, et la confiance que je pus lire dans les pupilles sanguines me rassura quelque peu. Si lui me faisait confiance. Si lui me soutenait et m'écoutait. Alors je devrais être capable de tout... Non ? N'était-ce pas plutôt pure folie que de croire qu'un simple homme pourrait changer mon existence et m'aider à affronter mieux qu'aujourd'hui le mal qui me ronge ? Le Bête sommeillait. Mais rien ne l'empêchait de ressortir de sa torpeur pour à nouveau venir s'emparer de mon être.

Néanmoins un grand panneau stop se leva sous mon nez quand le rouge vint habiter mes joues. Secouant sa chevelure de jais encore trempée, de fines gouttelettes brillèrent au soleil de midi. Vision onirique. Je levais mes mains vers mon visage, cachant mes joues que je sentais brûler face à la beauté de la scène qui se déroulait inconsciemment devant moi. Bon sang qu'est-ce qu'il m'arrivait encore...? Je sentais mon cœur battre à un rythme effréné. Et le sourire si typique d'Alvaro vint parfaire ce mirage d'une beauté incommensurable. Mes mains posées sur mon visage, je retenais mon souffle. Pourquoi étais-je en train de réagir de la sorte...? Il prit la parole, mais étrangement, mon esprit buta sur les premiers mots de sa phrase.


‘’Bien, très cher élu primordial.‘’

Sans même comprendre pourquoi, je sentais mon cerveau s'étourdir de lui-même. Layca, que m'arrivait-il..? J'observais Alvaro s'approcher de moi. Je me sentais comme une jeune fille fragile face à un premier béguin. Je clignais plusieurs fois des yeux. Je devais me ressaisir, vite. La main qu'Alvaro tendit vers moi n'eut pas le luxe de me calmer. Le coup mortel me fut porté alors qu'un franc sourire se peignait sur ses traits. J'étais subjugué par la merveille de la toile qui se dressait devant moi. J'étais comme déconnecté de la réalité qui se déroulait sous mes yeux. J'avais pris le premier train pour un monde mirifique dans lequel je succombais purement et simplement à ce moment de paix et de sérénité. Je sentis le feu de mes joues se calmer. Une main toujours devant mon visage, cachant mes pommettes rosies, j'approchais d'un mouvement hésitant mon autre main de celle du brun. Je suspendais mon geste, fixant nos deux mains séparées d'une légère distance... A peine quelques centimètres. Je relevais l'azur de mes yeux vers le carmin des siens. De nombreuses interrogations planaient dans ma tête. Quel était cette sensation...? Probablement le réconfort... Il m'offrait un abri où me cacher après mes cauchemars. Un ami fidèle à qui parler lors de mes moments de doute. Alors que le bleu du ciel n'était perturbé que par quelques nuages qui glissaient à l'horizon, dans le ciel qu'abritait les deux orbes de mon regard résidait un trouble qui ne m'était aucunement commun. Je découvrais un sentiment qui chamboulait mon cœur, mon corps et mon âme. Était-ce ça...

L'amitié sincère ?

Dans un geste quelque peu tremblant, je posais mes doigts au creux de la paume d'Alvaro. Le contact fut grisant, électrique, comme si une décharge avait été échangée au contact de nos deux peaux. Alors... C'était ça qu'on ressentait au contact d'un réel ami..?

Et sans réfléchir, je glissais mes doigts entre ceux du brun, serrant ma main sur la sienne. Je jetais un dernier regard empli d'un espoir et d'une allégresse nouvelle à Alvaro, et venais me blottir contre son torse. Mon front posé contre son torse, je murmurais faiblement.

- Merci...

Cependant, une autre envie irrépressible faisait rage au fond de moi. La main qui était restée devant mon visage, cachant partiellement mon trouble vint se fermer en un poing. Et sans attendre une quelconque réaction, toujours collé à lui, je venais frapper plusieurs fois le torse du brun. Les coups n'étaient pas là pour faire mal. La force que j'y mettais n'était là que pour secouer faiblement le buste de l'homme contre lequel je me tenais. Le front fermement appuyé contre le torse que je frappais d'une faible volonté, je soufflais.

- Ne me laisse plus jamais... Je suis peut-être le chef, mais je n'en reste pas moins un être humain... Tu me trouves sensible...? Alors comprends que j'ai mes peurs et mes maux... Tu veux être mon confident...? Mais personne ne peut entendre l'histoire que j'ai à raconter...

Mes coups faiblissaient à mesure que les mots quittaient la barrière de mes lèvres, jusqu'à s'arrêter. Je finissais par laisser ma main ouverte reposer contre le tissu immaculé de sa chemise. Sans y réfléchir, mes doigts vinrent s'agripper dans un élan de désespoir à l'étoffe soyeuse. Mes doigts liés aux siens se desserraient lentement. Le front posé contre Alvaro, je réalisais que jamais personne ne serait réellement apte à panser mes plaies. Trop de choses seraient à réparer. Trop de fois mon cœur avait été piétiné. Mon âme souillée était emmêlée dans un enchevêtrement de craintes et de peines. Pareille à la rose d'un jardin qui, luxuriante, appelle l'homme à venir la cueillir, la protection de ronces et d'épines qui l'entoure n'est là que pour blesser qui tentera de la toucher. Ou blesser la fleur elle-même qui tente de prendre la fuite de cette prison ensanglantée.

Et la fleur aux pétales qui ont toujours paru si blancs semblent subitement se teindre de la couleur des Enfers. L'hémoglobine s'insinue, se faufile, vicieuse et douloureuse. La pureté de la rose jamais ne sera épargnée, elle est brisée. Et jusqu'à la dernière parcelle de lumière, les gouttelettes pourpres dévorent ce qui un jour fut l'essence même de l'Innocence.

Mais y aurait-il un jour un être capable de libérer cette Innocence de son antre de douleur ?
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Alvaro
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MessageSujet: Re: Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS]   Une fois la méfiance endormie [PV Alvaro] [CLOS] EmptyLun 16 Mai - 19:12

Les choses s’étaient soudainement emballées à nouveau. Ma main tendue fut lentement rattrapée du bout des doigts extrêmement fins et parfaits de Kamui. Un véritable frisson parcourut alors tout mon corps, provoqué par une sorte d’étincelle vive alors que sa main frôlait la mienne. Je ne savais comment traduire tout ceci, mais de sentir cette douceur au creux de ma pomme ne me laissa pas de marbre. Mais étrangement, ce courant qui venait de me traverser laissait au fond de moi comme une légère déception. Comme si les yeux illuminés de Kamui, regorgeant de joie, n’étaient pas exactement ce que j’aurais voulu voir inconsciemment. C’était comme si mon propre cœur avait compris que Kamui à cet instant-là ne dansait pas sur la même mélodie que moi. Bien que tout ceci ne soit qu’un jeu de mon intérieur profond, j’en ressentis toutefois une certaine tristesse. Comme si… La simple idée de camaraderie ne me suffisait pas. Tout ceci était des plus étranges. Et le mot qu’il prononça ne fit que me plonger d’autant plus dans la nébuleuse de l’incompréhension. Pourquoi donc me remerciait-il ? Et de quoi ? Ce simple mot prononcé alors qu’il collait son front contre ma chemise avait semé le trouble en mon esprit. Ma relation avec Kamui était bien trop compliquée. Les relations sociales tout simplement n’étaient pas ma tasse de thé… Alors je restais là, abasourdi et tentant de comprendre sans dire un traitre mot. Mais quelle que puisse avoir été ma réaction à cet instant, Kamui ne m’aurait pas laissé l’achever. En effet, serrant le poing, il vint frapper à plusieurs reprises mon torse. La douleur que je ressentis alors n’était pas tant physique, l’élu n’ayant pas frappé de toutes ses forces, mais plutôt d’ordre psychique. Cela avait littéralement fait résonner mon être et je ne savais pas réellement comment réagir face à un pareil geste. Ouvrant la bouche mais ne pouvant exprimer quoi que ce soit, je laissai Kamui s’exprimer.

- Ne me laisse plus jamais... Je suis peut-être le chef, mais je n'en reste pas moins un être humain... Tu me trouves sensible...? Alors comprends que j'ai mes peurs et mes maux... Tu veux être mon confident...? Mais personne ne peut entendre l'histoire que j'ai à raconter...

Ces coups s’évanouissaient au fur et à mesure que ses mots s’écoulaient dans la rivière du temps. Ces mots vibrèrent dans ma tête et se répétèrent inlassablement. Les apparences et le rang ne faisaient donc pas tout. Kamui aussi était au final un homme parsemé de doutes malgré ses qualités apparentes. Ce moment précis vint marquer comme une sorte de rupture en moi. Il n’était plus uniquement le chef. Il n’était plus réellement cette personne à qui nous devions le respect par purs jeux de pouvoir. Non, à ce moment-là, alors que mon torse brûlait par les morsures des poings fébriles mais vigoureux de l’élu, j’avais compris quelque chose d’essentiel. Kamui était un homme comme un autre, et par-dessus tout, un homme comme moi. C’est alors que je pus entrevoir cette merveilleuse Rose. Kamui n’était rien d’autre qu’une Rose aussi belle que fragile. Une magnifique fleur qui jamais ne devait se faner. Il me fallait oublier tout sentiment irrationnel. Je me devais uniquement de le protéger, car tel était mon ressenti alors que celui-ci s’agrippait au tissu de mon vêtement. Je ne pouvais pas m’éloigner de Kamui, il me fallait rester près de lui. Mais même si mon cœur le savait spécial, je me devais avant tout d’être son protecteur. Le preux chevalier du roi, prêt à sacrifier sa vie pour lui. Le roi est la pièce majeure de l’échiquier. Son rôle est primordial, car sa chute provoquerait la fin de la partie. C’est pourquoi on lui offrit des bras droit. Ces bras droit, qu’il soit pion, fou, cavalier ou même reine, n’avaient pour autre but que de combler ses lacunes et de protéger la moindre de ses failles pour que jamais l’ennemi ne puisse l’atteindre. J’avais probablement été invoqué en ces lieux pour cette digne mission, et je venais de le comprendre ce matin-là. Je me devais d’être présent pour le Roi. Et malgré le trouble qui agitait mon cœur, celui-ci n’en démordait pas quant à son envie de lui rester proche et fidèle. Je lui vouais une entière confiance et je voulais qu’il le sache.

‘’Kamui, je pense que j’ai réalisé quelque chose d’important à l’écho de tes paroles. J’ai bien conscience que je ne représente probablement pas grand-chose à tes yeux, ni même que mes agissements t’aient permis d’offrir une pleine confiance en ma personne. Je n’ai pas l’audace d’espérer jouir d’un quelconque rôle favorable pour toi. Je n’ai pas non plus la prétention de pouvoir absolument tout comprendre, ni même de pouvoir être considéré comme un Homme bon car je ne le suis pas. Mais je peux toutefois t’assurer que tant que le souffle m’habitera, alors jamais plus tu n’auras à craindre quoi que ce soit de ton élu. Je fais le serment aujourd’hui de toujours être à tes côtés et de ne jamais te faire défaut. Considère moi comme tu l’entends, peu importe, mais n’oublie jamais que je serai là. Peut-être que je ne peux comprendre entièrement ce qui te hante, peut-être même que tout ceci est hors de portée pour moi. Mais une fois encore tu m’auras appris quelque chose Kamui. J’ai appris que toi aussi tu étais un homme comme moi. Un homme parsemé de doutes et de peurs. Et par conséquent, bien que je ne sois au final qu’un puceron parmi tant d’autre, je suppose que de savoir que je suis à ton entière disposition doit avoir quelque chose de rassurant. Tu n’es pas seul Kamui, car tout comme tu t’es toujours montré présent pour me guider, je suis prêt à en faire de même pour toi. Jamais je ne te jugerai, car je ne suis pas juge. Je n’ai que faire de l’humanité, de ces déboires et de ce qui la soucie. Mais toi Kamui, tu n’es pas l’humanité. Tu es bien différent de cette dernière. Et c’est pourquoi je m’agenouille ainsi devant toi. Ce n’est pas par désespoir, ni même par respect que je fais tout ceci. C’est uniquement parce que tu m’as permis enfin de croire que certaines personnes en valaient la peine. Je ne sais comment dénommer cette relation qui nous maintien, et peu importe le vocabulaire. Mais sache que désormais, le Scorpion est voué à l’Innocence. Tant que je respirerai, tu ne seras jamais seul. ‘’


Agrippant à nouveau sa main et la serrant, Je passais mon bras autour de lui et le serrai un peu plus contre moi, l’enveloppant entièrement au creux de mon corps. Peut-être était-ce un réflexe de ma part pour le rassurer. Ou peut-être n’était-ce qu’une façon de lui prouver ma fidélité. Etait-ce son jeune âge qui me poussait à adhérer à ce comportement proche de la fraternité ? Je ne me comprenais pas réellement, mais je me laissais aller à ce qu’il me semblait naturel. Je ne voulais pas qu’il souffre. Je me refusais d’accepter que ses yeux brillent à nouveau. J’allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour le libérer. Mon cœur se refusait de laisser cet être qui me semblait dès lors si unique et exceptionnel se perdre dans les méandres de la peur et de la faiblesse. Habitué à piquer, le Scorpion de Layca s’était dès lors perdu dans la bienveillance. Alors un simple homme était-il capable de provoquer autant de changements ? Moi qui me pensais définitivement perdu quant à ma haine de l’humanité, voilà qu’un simple garçon arrive à bouleverser mes présupposés d’un simple regard… J’étais évidemment réticent face à un tel changement, mais j’ai appris à mes dépends que la volonté du cœur est bien plus forte que la raison. J’avais envie qu’il me sente près de lui, et j’avais envie qu’il me fasse confiance. Telles étaient les deux seules choses qui importaient à cet instant. Au diable le recul et la raison…

‘’Jamais je ne t’abandonnerai Kamui. Jamais.’’


Me relevant doucement, je fixais Kamui et lui fit une nouvelle proposition.

‘’Peut-être ne m’estimes-tu pas digne de confiance, ou peut-être que tu n’as simplement pas envie qu’il en soit ainsi, mais sache que je suis prêt à tout entendre et tout faire.’’

M’avançant vers la porte, je pris une dernière fois la parole dans un long monologue.

‘’Toutefois, je réitère ma préoccupation précédente. Ces dortoirs ne sont en rien un endroit paradisiaque pour de pareilles confessions. Et agir comme nous le faisons à cette heure-ci pourrait se révéler dangereux pour le système mis en place et pour toi. Nous ne pouvons pas nous attarder en ces lieux et tu ne peux pas montrer tes faiblesses à quiconque se trouve dans le périmètre. Pour cette raison, il nous faut nous en retourner à nos tâches et remettre à plus tard cette discussion. Sache que bien que je ne te connaisse au final que bien peu, j’ai une haute estime à ton égard, et je suis à même de comprendre et tolérer tes hantises. Je n’ai aucun intérêt à les utiliser contre toi mais les serpents qui peuplent cette forteresse ne sont certainement pas si vertueux face à une pareille denrée. Je ne t’oblige évidemment à rien, mais si ton cœur pèse lourd, alors quand la lune sera au plus haut dans la pénombre de la nuit, rejoins-moi au plus haut du toit aux Gargouilles. . Jamais personne ne s’y rend depuis que les rumeurs en ont fait la nouvelle antre du maléfique Alvaro, ainsi si tu as besoin de soulager tes peines, il n y a probablement pas d’endroit plus idéal. Comme tu l’auras deviné, si je ne me suis jamais présent lorsque la nuit se décide à tomber en ces lieux, c’est uniquement car je me laisse contempler la pleine lune. Ainsi, sache que si tu m’y cherches, tu m’y trouveras. Sur ce, il nous faut réellement y aller.’’


Me retournant, je fis alors un geste quelque peu étrange mais extrêmement spontané. Levant ma main vers lui, je lui fis un signe symbolique. Comme souhaitant créer une sorte de salut spécifique à nos deux personnes, j’étendis mon pouce, mon index et mon majeur vers sa direction. Ce geste spécial n'avait pour autre but que de mettre un geste concret sur ce lien qui nous unissait. Peut-être était-ce ridicule, mais quoiqu'il en soit, je n'avais pas réellement réfléchit avant de m’exécuter. Puis mon visage affichai un dernier sourire bref mais sincère avant de me retourner définitivement vers la sortie de ce dortoir qui ne sera jamais plus le même à mes yeux.

‘’A bientôt...Kamui.’’

Enormément de choses se passèrent dans ce dortoir en une simple matinée. Je pouvais dire que l’Alvaro Crescent qui en sortait n’était pas le même que celui qui en entrait plus tôt. Ma relation avec Kamui en devint de plus intense, et nos destins s’étaient d’autant plus liés. Mais tout ceci était par-dessus tout un véritable secret qui ne concernait que nos deux âmes finalement. La confiance que j'avais mise en lui ne se devait d’être connue que par lui, et lui seul. Il était l'exception. Il était l'unique. Et j'étais prêt à tout faire pour qu'il le reste. Tout. Voila la pensée dominante qui hantait mon esprit alors même que je laissais définitivement la pénombre du dortoir derrière moi.
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